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    Ely Muhimuzi, un collaborateur de madame le ministre des Mines de la RDC a ouvertement accusé ce dimanche 15 Août 2021 le Gouverneur du Sud-Kivu d’être impliqué dans l’exploitation illicite des minerais dans le territoire de Mwenga au Sud-Kivu.

    Alors que le débat s’enfle sur la toile et dans l’opinion autour des exploitants étrangers dans les sites miniers de Mwenga et Shabunda, Ely Muhimuzi vient jeter le pavé dans la mare. Dans l’émission Paix et Développement de Radio Maendeleo de Bukavu, l’homme déclare avec certitude que l’actuel locataire de Nyamoma est fortement impliqué dans l’exploitation illicite des minerais dans cette région.

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    Qui de plus sérieux que lui pour le dire ? En effet, Ely Muhimuzi est au ministère des Mines au niveau national. Il est en mission officielle au Sud-Kivu, a-t-il rappelé. Dans l’émission, il n’a pas manqué d’évoquer des informations recueillies sur place à Mwenga et qui incrimineraient le Gouverneur Théo Ngwabidje.

    Pour Ely Muhimuzi, Théo Ngwabidje installe nombreux chinois dans les sites miniers de Mwenga et les protège avec des militaires des FARDC. Il s’insurgeait ainsi aux discours des autorités provinciales affirmant que ces exploitants illégaux sont à Mwenga avec la bénédiction de « Kinshasa ».

    Avec force, il a expliqué qu’à Kamituga et dans la région de Mwenga, les exploitants chinois brandissent des documents venant du Gouverneur de Province. Et d’ajouter que ces exploitants de l’or appellent directement le Directeur de Cabinet du Gouverneur quand on leur pose plusieurs questions sur leurs activités.

    Colère à Nyamoma

    La sortie médiatique de ce cadre de l’UDPS qui tenait à tout prix à déballer toute sa vérité dans le dossier de l’exploitation minière à Mwenga a fait beaucoup des mécontents au plus haut sommet de la Province.

    Un communiqué de la Cellule de Communication du Gouverneur du Sud-Kivu qualifie Ely Muhimuzi d’un « non autrement identifié se faisant passer pour un Conseiller de madame la Ministre Nationale des Mines ».

    « Au regard des informations en notre possession, nous tenons à démentir formellement les propos tenus par sieur Ely Muhimuzi et informons l’opinion tant nationale que locale que cet énergumène n’est pas reconnu comme Conseiller de Madame la Ministre des Mines. Il ne l’a jamais été et Madame la Ministre ne le reconnaît même pas dans son cabinet.  Ce faussaire est présentement recherché par les services de sécurité pour répondre de ses actes qui sont constitutifs de l’infraction du faux et usage du faux. Il devra prouver comment le Gouverneur de province est à la base de la présence de plusieurs chinois dans les sites miniers de Mwenga », écrit la Cellule de Communication de Théo Ngwabidje.

    Lire aussi: Mwenga: le chef de groupement Mpute aux arrêts à Kitutu, les exploitants chinois de l’or pointés du doigt 

    Nyamoma ne s’arrête pas là. La Cellule de Communication du Gouverneur dit avoir appris que le précité aurait trompé la vigilance des services de l’hôtel Panorama pour s’y faire loger au nom et pour le compte du Ministère des Mines, sans en avoir qualité ni mandat et qu’il se ferait prendre en charge par la Division des Mines.

    « Au regard de ces faits graves ci-haut mentionnés, nous demandons à quiconque détiendrait des nouvelles de Ely Muhimuzi de le signaler aux services de sécurité », lit-on dans le communiqué.

    Une tentative d’arrestation ratée

    Quelques instants seulement après son intervention sur les ondes de Radio Maendeleo, des nouvelles de l’arrestation présumée de Monsieur Ely Muhimuzi ont fusé de partout. Sur les réseaux sociaux, nombreux acteurs ont annoncé qu’il était arrêté pour ses propos.

    LaPrunelleRDC.info apprendra plus tard dans la soirée que monsieur Ely Muhimuzi n’a pas été acheminé dans un lieu carcéral. Des jeunes combattants de son parti s’y seraient opposés. Il est resté libre.

    « Les jeunes se sont opposé car nous sommes dimanche et aucun mandat n’a été délivré contre lui. C’est ça l’Etat de droit », explique un jeune militant de l’UDPS.

    Livré par la ministre des Mines et des dirigeants de son parti ?

    Ely Muhimuzi n’est pas un « non autrement identifié » rappellent activistes et acteurs politiques au Sud-Kivu. Des nombreuses sources confirment qu’il travaille bel et bien au Ministère des Mines. Il serait au Bureau d’Etudes.

    Malheureusement, comme dans des nombreux ministères, les nominations formelles à travers des arrêtés des ministres tardent encore. Plusieurs collaborateurs agissent pourtant au nom et pour le compte des Ministères avec des ordres de mission officiels.

    Au Sud-Kivu, nombreuses voix rappellent également que ce cadre UDPS n’est pas à sa première mission officielle dans la Province.

    Lire aussi: Mwenga: des sites miniers demeurent contrôlés et exploités par des militaires FARDC

    Dans son parti, on évoque plutôt un problème qu’il aurait avec la cheffe de son portefeuille après des propos qui ont « manqué de tact ». Un cadre de son parti rappelle que des rapports du genre devraient simplement être envoyés à qui de droit avant qu’il ne les balance sur les médias.

    La ministre des Mines, également présente à Bukavu, aurait été dans l’embarras après cette sortie plutôt forte contre le Gouverneur qui les reçoit dans sa province. D’où peut-être l’allusion faite à sa non-reconnaissance par la ministre des Mines par la Cellule de Communication du Gouverneur Ngwabidje.

    Le Président Fédéral (contesté par plusieurs cadres et combattants de l’UDPS Bukavu) a quant à lui choisi de soutenir le Gouverneur du Sud-Kivu en condamnant les propos « outrageant ».

    Pourtant, pour des nombreux combattants de l’UDPS Bukavu, Ely Muhimuzi est un « héro ». Lui, à qui on reconnaît le courage d’avoir « dénoncé le mal et d’avoir sauvé l’honneur du Chef de l’Etat ».

    Retour sur le scandale de Mwenga

    A Mwenga, un territoire riche en Or, certains exploitants étrangers dont des Chinois exploitent « illégalement » de l’Or, comme le dénonce plusieurs organisations et acteurs de la Société Civile.

    Parfois avec des entreprises dont la légalité est contestée tant au niveau provincial que national, ces exploitants étrangers ne passent par aucun processus pour occuper des terres des communautés locales.

    Dans ces sites miniers, ils ont comme protecteurs, des éléments des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC).

    Le Coordonnateur de l’asbl Comité d’Actions pour le Développement Intégral de Mwenga (CADIM), rappelle que c’est depuis 2018 que les sociétés chinoises exploitent illicitement l’Or dans le territoire de Mwenga.

    « Le nombre des Sociétés est passé de 5 en 2019 à plus de 10 Sociétés en 2021 », rappelle Héritier Mukamba.

    Il rappelle qu’en 2020, alors qu’il assurait l’intérim, le Vice- Gouverneur avait signé un arrêté suspendant les activités de toutes ces sociétés à Mwenga.

    « Mais la suspension a malheureusement été levée par le Gouverneur de province quelques mois après », regrette-t-il.

    En effet, le débat a refait surface il y a quelques jours avec la présence massive des militaires autour des exploitants étrangers de l’Or.

    Devant l’ampleur de la clameur publique, le Gouverneur du Sud-Kivu a dit instruire les opérateurs miniers expatriés qui œuvrent dans le territoire de Mwenga; de présenter les titres miniers et actes juridiques, qui les autorisent à exercer leurs activités dans le secteur minier dans les 72 heures. Un travail qui pourrait se clôturer avant la fin de la semaine qui commence ce 16 Août.

    Il avait par ailleurs ordonné le retrait « immédiat » de tous les militaires commis à la sécurité des carrés miniers sur toute l’étendue de la province.  

    Lire aussi: Sud-Kivu: l’ultimatum du Gouverneur aux opérateurs miniers expatriés exerçant à Mwenga

    La clameur de monsieur Ely Muhimuzi réussira-t-elle à changer les choses? Permettra-t-elle de clarifier le rôle de chacun dans ce qui se passe à Mwenga? Sera-t-il possible de mettre de l’ordre dans cette entité qualifié aujourd’hui comme une nouvelle Chine? C’est en tout cas ce qu’espèrent plusieurs Sud-Kivutiens qui restent tout de même sceptiques. Mais pour un collaborateur du Gouverneur, il faut donner la chance à ce nouvel exercice. « Il est de bonne foi », dit-il, sous le sceau de l’anonymat. 

    Jean-Luc M.
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