Accès Humanitaire

    Une vague particulière de violence a vu le jour dans la capitale congolaise cette semaine. Des biens réputés appartenir à des élus du peuple, et autres citoyens identifiés comme proches du Front commun pour le Congo, ont été méchamment détruits, par des manifestants identifiés comme des sympathisants de l’UDPS,  sous un œil visiblement impuissant des services étatiques en charge de la sécurité.

    S’opposant à une série de propositions de  lois qu’ils jugent défavorables aux intérêts du parti présidentiel, les wewas (motocyclistes reconnus comme sympathisants de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social) ont mené une manifestation digne de mémoire dans la ville de Kinshasa. Dans cette ville, où une moindre manifestation pacifique (même pas un sit-in) n’est plus tolérée depuis un temps, il s’est observé une démonstration de jouissance excessive de la récente accession au pouvoir par des militants du parti du chef de l’Etat.

    Cette raclée inédite a touché des économies des députés nationaux, prioritairement ciblés en fonction de leur appartenance à la famille politique de l’ancien président de la République, Joseph Kabila.  Des voitures et des immeubles se sont vus totalement sabotés par ces citoyens en colère, et cela dans différents coins de la capitale.

    Mais ce périple, visant à annihiler des patrimoines des particuliers, aurait-il échappé à la vigilance de la puissante Police Nationale Congolaise ? Ou a-t-il carrément été toléré, en vertu de l’appartenance politique des manifestants ?

    En effet, si l’on en croit la virulence de la police congolaise, en matière de répression des mouvements du genre à troubler l’ordre public, il n’est guère explicable que cette série ait atteint une telle ampleur sans qu’elle la maîtrise. Face à des manifestants minus des cailloux, et des bâtons, la police congolaise ne pourrait courbe l’échine qu’à titre volontaire. Comme cela est de coutume en RDC, une manifestation, pacifique soit-elle, nécessite la formulation d’une lettre informative aux autorités municipales, faute de quoi, la police s’active à étouffer le mouvement à l’immédiat !

    Par ailleurs, s’il s’avère que la léthargie de la police a été motivée par la volonté d’éviter l’avènement d’une situation chaotique, force est de constater que le pire n’a pas été évité car, comme toujours pour les Wewas, cette opération menée par des foules en colère n’a pas été sans conséquences.

    « Détruisons, pillons, papa va payer »

    Après cette série d’actions déplorables dans la capitale Kinshasa, l’heure est sans doute à  l’évaluation des dégâts et, le cas échéant, la réparation de préjudices causés. 

    Ce sacré devoir de l’Etat envers des paisibles citoyens, préjudiciés suite à l’inaction de ses services, retombe sans ambages à la responsabilité de chef de l’Etat. Ainsi, le président Felix Tshisekedi, qui à condamner ces agissements par des mots à peine voilés, verra également son parti perdre un peu de son estime en face de  ses partenaires tant nationaux qu’internationaux.

    Néanmoins, il serait malhonnête d’attendre du chef de l’Etat une décision ferme à l’égard des casseurs de la dernière heure. Naturellement réceptif et agréable aux caprices de sa « base », Tshisekedi  couvrira certainement cette opprobre sans gronder.

    « Détruisons, pillons, papa va payer »,  se réjouirait un enfant inconscient, qui ne s’imagine pas que tout acte irréfléchi qu’il commet se répercute sur la réputation de son père, et de sa famille.

    Par ailleurs ces agissements,  caractéristiques des militants du parti au pouvoir, surtout des Wewas sont du genre à fragiliser la machine étatique dans son action contre des actes antirépublicains. De peur de sombrer dans la pratique du deux poids, deux mesures, la police devrait-elle désormais se résigner de réprimer des manifestations d’autres familles politiques ? 

    LaprunelleRDC

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