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    Théo Ngwabidje Kasi a été déchu de ses fonctions de Gouverneur du Sud-Kivu au cours d’une plénière très mouvementée à l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu. Mais l’homme fort de Nyamoma refuse de reconnaitre sa défaite.

    Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, on voit Théo Ngwabidje à sa résidence officielle rassurer ses soutiens, ses courtisans : restez calmes, ne croyez pas qu’on a perdu le pouvoir.

    « Avez-vous déjà vu un jour un vote par correspondance ? Il faut être à 32 personnes pour voter. Y-avait-il 32 personnes dedans ? Il y avait quand même 26. Tout ce qu’ils ont fait est illégal dès lors qu’il n’y avait pas 32 personnes. Pour voter, il faut 32 personnes. Restez calmes, ne croyez pas qu’on a perdu le pouvoir. Rentrez à la maison, il n’y a pas de problème » a dit Théo Ngwabidje devant ses courtisans acclameurs.

    Le pouvoir, c’est en effet la seule préoccupation de celui qu’au moins 28 députés provinciaux ont « vomi » alors que des éléments de la Police Nationale Congolaise visiblement mobilisés par Ngwabidje ont, durant toute la journée, tenté d’empêcher la tenue de cette plénière.

    Une attitude d’un mauvais perdant alors que son entourage rassurait que Théo Ngwabidje n’est pas « venu faire carrière » de Gouverneur et qu’il était conscient qu’un jour il partirait.

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    Pourtant, l’homme de « Gouverner autrement » n’a pas arrêté d’avoir des raisons de ne pas non seulement se présenter devant les élus mais également tenter d’empêcher la tenue régulière de la plénière qui a statué sur son sort.

    Pour montrer que Théo Ngwabidje ne veut pas fléchir, le Porte-Parole de son Gouvernement a aussi rejeté, dans les mêmes termes les résultats du vote de ce jeudi.

    « Eu égard à ce qui précède, le gouvernement provincial du Sud-Kivu réfute ce vote qui découle d’une tricherie organisée, lequel ne lui est pas opposable et considère ce gangstérisme politique comme étant de nul effet. Les responsables de cet acte devront en répondre devant la justice », conclut ce document signé par Jérémie Basimane, le Porte-Parole du gouvernement en provincial.

    La justice, c’est évidemment le chemin à prendre en cas de destitution « régulière » ou « irrégulière » par l’Assemblée Provinciale.

    En effet, l’article 147 de la Constitution dispose :

    « Lorsque l’Assemblée Provinciale adopte une motion de censure, le Gouvernement est réputé démissionnaire. Dans ce cas, le Gouverneur remet la démission du Gouvernement au Président de la République dans les vingt-quatre heures. Lorsqu’une motion de défiance contre un membre du Gouvernement est adoptée, celui-ci est réputé démissionnaire ».

    Le Gouverneur du Sud-Kivu a aussi la possibilité d’aller en justice pour contester l’action des députés provinciaux. Sauf s’il décide d’agir plutôt en gangster en usant des moyens publics pour imposer sa loi.

    En effet, Plusieurs autres Gouverneurs ont choisi le chemin de la Justice pour faire prévaloir leurs moyens de défense. En l’occurrence, c’est la Cour Constitutionnelle qui doit connaître de cette affaire.

    En attendant, plusieurs acteurs sociaux appellent Théo Ngwabidje à reconnaître sa défaite et à accepter le résultat du vote à l’Assemblée Provinciale.

    « J’invite ici Monsieur Théo Ngwabidje, en bon démocrate à s’incliner devant la décision de l’Assemblée Provinciale.  Nous espérons qu’il ne va pas rejoindre la longue liste des Gouverneurs de par le pays qui font la honte en cherchant à tout prix à s’accrocher bec et ongle au pouvoir par des stratagèmes divers et multiples.  C’est un recul de notre démocratie. Le pouvoir se conquiert, se conserve et se perd. C’est la règle de la démocratie. A l’impossible nul n’est tenu ! » lui conseillait, bien avant, Nicolas Kyalangalilwa, un influent acteur de la Société Civile du Sud-Kivu.

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    Ce matin de vendredi 3 décembre, Théo Ngwabidje s’est rendu à son Cabinet de travail à Nyamoma pour dit-on, dans sa Cellule de Communication, présider le Conseil Provincial de Sécurité. 

    Va-t-il prendre la voie de la justice ou imposer la force avec les forces de défense et de sécurité? Est-il capable de créer une situation de terreur dans la ville et la Province pour seulement rester au pouvoir et espérer que les autorités de Kinshasa convoquent toutes les institutions?

    En tout cas dans son entourage on reste confiant: Le Gouverneur a le soutien de Kinshasa. Mais jusque quand il pourra le garder? C’est la principale question alors que les acteurs sociaux et plusieurs habitants jubilent après cette action des députés provinciaux.

    Jean-Luc M.

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