Accès Humanitaire

    Le Docteur Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018 et Président de la Fondation Panzi vient de remettre officiellement 100 autres maisons construites en faveur des ménages vulnérables de différentes communautés du Sud-Kivu. La cérémonie a eu lieu dans les enceintes de la 8ème CEPAC Kabuga de Kavumu. Bien avant, le Docteur Denis Mukwege a profité pour visiter la Clinique Juridique construite à Kavumu. Un symbole dans une région où des nombreux enfants ont été violés par une milice appelée « Jeshi la Yesu » avec à la tête un ancien député provincial condamné par la justice.

    Ces 100 maisons viennent d’être construites dans différentes entités où le projet est exécuté. Il s’agit de 20 à Birava, 20 à Miti, 25 maisons à Minova, 25 à Mulamba et 10 dans la périphérie de Bukavu.

    Ces maisons sont chacune de trois chambres, un salon, une cuisine, une toilette et douche.

    L’acte posé par le Docteur Mukwege à travers la Croix-Rouge Luxembourgeoise vient répondre à l’intégration socio-économique et l’accompagnement juridique dans sa zone d’exécution à Birava-Miti dans le Kabare, dans la périphérie de Bukavu, à Mulamba dans le territoire de Walungu, Katogota dans le territoire d’Uvira, Minova à Kalehe et dans le territoire d’Idjwi.

    Ces maisons construites au cours de ce projet viennent s’ajouter aux à celles construites précédemment à travers deux autres projets. Il s’agit de respectivement 42 et 65 autres maisons.

    C’est au total 207 maisons qui ont déjà été construites.*

    Lire aussi: Sud-Kivu: le Docteur Mukwege remet 42 maisons construites en faveur des survivantes à Kavumu, Katana et Kalehe

    Sur le plan de la réinsertion socio-économique, 60 Mutuelles de Solidarité ont été renforcées avec un appui financier à hauteur de 500 dollars par groupe. Plusieurs formations en technique agricole ont été organisées en faveur d’au moins 300 bénéficiaires. Des kits agro-pastoraux ont été distribués en faveur de 298 ménages dont des porcs, des chèvres, des poules. Les semences également distribuées.

    Sur le plan légal, deux cliniques juridiques ont été construites à Kavumu et à Bunyakiri. Des jugements en faveur de plus de 300 enfants pour l’enregistrement à l’état civil ont été rendus.

    « Je vivais dans une porcherie »

     Parmi les témoignages poignant, il y a celui de la veuve Mwamini. Une femme qui passait la nuit avec sa famille de 7 enfants dans une porcherie. Mwamini et une autre avaient décidé de passer la nuit dans ces porcheries parce qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Une porcherie, pas en termes d’images mais réelle qui est d’ailleurs restée à côté de sa nouvelle maison.

    Elle explique que quand elle vivait dans la porcherie, elle se considérait comme une truie et n’avait aucune valeur dans la communauté.

    « Je vivais dans une porcherie. Je n’avais plus d’identité. Ma seule identité était celle de la femme qui dormait dans la porcherie, je me considérais comme une truie. Mes enfants ont trop souffert. Des familles ont été obligées de les récupérer pour m’aider à les élever. Je ne sais comment remercier le Docteur Denis Mukwege qui a compris la souffrance des veuves et orphelins. J’ai souffert alors que je vivais dans la porcherie. Aujourdhui, je peux me tenir devant tout le monde avec fierté et sans honte. Nous sommes derrière toi, Denis Mukwege. Ce que vous avez fait pour nous est tout simplement extraordinaire. Au-delà de la maison que cet homme m’a offert, il n’a pas manqué de me donner de l’élevage, de la nourriture pour m’aider  à vivre.  Cet homme a partagé ses biens avec nous. Personne d’autre dans ce pays ne l’a fait en faveur des étrangers que nous étions pour lui. J’étais une vielle femme délaissée alors que maintenant je suis redevenue belle et présentable », dit-elle.

    La Clinique Juridique nouvellement créée à Kavumu

    « Je vivais une vie misérable mais grâce à notre MUSO de Minova, j’ai acquis gratuitement une parcelle et une maison y a été érigée. Quand j’ai été violée, mon mari m’a abandonnée m’accusant d’avoir été complice. J’ai peiné même pour avoir à manger. Aujourd’hui, grâce au Docteur Mukwege, j’ai une maison à trois chambres avec salon, toilette, douche, cuisine. Je ne sais comment vous remercier » témoigne une bénéficiaire de Minova.

    Après leur prise en charge, d’autres femmes sont venues présenter leurs enfants au Docteur Mukwege.

    « Nous te remercions pour ce que tu as fait pour nous. Nous n’avons rien à te donner mais nous prions pour que le bon Dieu te rétribue au centuple. Nous sommes venus te présenter tes petits enfants. Nous avons déjà des petits enfants grâce à toi, grâce à toi, nous avons retrouvé le sourire », ont-elles dit, toutes joyeuses.

    Toutes les interventions qui se sont succédé ont loué la bravoure du Docteur Denis Mukwege dans l’accompagnement holistique des bénéficiaires.  C’est notamment la Société Civile, la chefferie et le territoire de Kabare, le groupement de Buzi, le représentant du Gouverneur du Sud-Kivu, etc.

    Tous ont noté que le Docteur Denis Mukwege n’a pas seulement soigné mais grâce à lui, plusieurs criminels ont été jugés et condamnés.

    « Construire pour un humain, c’est aussi lui rendre son humanité »

    Le Docteur Denis Mukwege a particulièrement été ému par la vie de Mwamini qui vivait dans une porcherie.

    « C’est pourquoi j’avais tenu qu’on leur construise des maisons décentes et non celles qui ressemblent aux abris des animaux car construire pour un humain, c’est aussi lui rendre son humanité », dit Denis Mukwege.

    Ces maisons, a insisté Denis Mukwege, viennent seulement répondre à la question de société dans notre pays. Il a également plaidé pour qu’une portion de terre soit donnée par des autorités publiques à des vulnérables.

    La Maison de Mwamini et sa porcherie qui lui servait d’abris avant l’intervention du Docteur Mukwege

    « Donnez dix mètres sur dix pour les vulnérables pour les autres maisons que nous allons construire », a-t-il plaidé.

    La solidarité comme un exemple d’amour pour aller de l’avant

    Denis Mukwege est aussi particulièrement convaincu  que la société ne peut pas avancer sans pouvoir se tenir la main. C’est même le sens des Mutuelles de Solidarité mises en place et qui permettent aux femmes d’accéder à des crédits, de réaliser des choses extraordinaires pour leurs familles et pour la société.

    « Je ne vois pas un Congo de demain sans vous. Vous faites ce qui ne se fait pas au Congo grâce principalement à la solidarité. Les femmes Congolaises sont braves, des héroïnes. On a voulu vous réduire à néant mais vous avez résisté », a-t-il dit.

    Lire aussi: A Kavumu, Denis Mukwege interpelle: « lutter contre les violences sexuelles ne suffit pas, nous devons également lutter contre les inégalités»

    Défenseur acharné de la mise en place d’une justice transitionnelle, Denis Mukwege a rappelé qu’on ne peut pas parvenir à avoir une société normale sans que la vérité sur les crimes commis dans le pays ne soit connue et que la justice soit activée pour la réparation des victimes et avoir des garanties de non-répétition.

    « Couper les ponts avec des criminels même s’ils sont de nos familles », a-t-il exhorté au passage.

    Jean-Luc M.
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