Accès Humanitaire

    De 9 parcs nationaux que compte la République Démocratique du Congo, 5 sont inscrits comme sites du  patrimoine mondial. Le Congo comprend aussi une soixantaine de réserve de chasse. Des populations autochtones, riveraines des parcs nationaux et autres aires protégées de la République Démocratique du Congo sont toujours à couteaux tirés avec les gestionnaires de ces derniers.

    Si ce n’est pas la population qui accuse les gestionnaires des Parcs de vouloir exproprier leur terres, ce sont ces derniers qui accusent les riverains de violer les limites et exploiter abusivement les bois et autres dans les aires supposées protégées.

    Virunga, le plus ancien parc de la RDC 

    Le Parc national de Virunga, l’un des 5 grands parcs de la RDC et le plus ancien des tous, semble aussi être le plus menacé.

    Le conflit entre ce patrimoine mondial de l’UNESCO et les populations autochtones, riveraines est bien ouvert.

    En décembre 2018, après bien d’accrochages antérieurs, il a été interdit aux habitants des quelques villages riverains du Parc, dans le territoire de Beni, d’y chercher du bois.

    En ce temps, il a été interdit aux habitants de Kasindi, Kyavinyonge, et Karuruma l’accès au parc au motif qu’ils coupaient des arbres et tuaient des animaux.

    Cette mesure sera levée un mois plus tard et les femmes ré-autorisées à accéder au Parc pour la recherche du bois mais très surveillées.

    Vers le début l’an 2019, les autorités gestionnaires du Parc, ont annoncé la réactivation du cadre de concertation pour une délimitation participative du Parc de Virunga.

    Elles disaient qu’à cause de la guerre, l’on ne connaissait plus les vraies limites du Parc. Des gens construisaient, cultivaient, exploitaient au delà de leur limites.

    Attaque Rutshuru: les aires protégées toujours sous menace
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    Par ailleurs, le début de cette année, tout n’est visiblement pas allé selon les vœux  de l’ICCN, des manifestations de colère des plusieurs habitants ont été enregistrées à Nyamilima dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu.

    Des organisations de la société civile ont alors appelé l’ICCN a tenir compte des réclamations des populations riveraines avant toute nouvelle délimitation.

    Cette nouvelle délimitation devrait tenir compte des conventions antérieures entre l’ICCN et les autochtones riverains du parc. Insistaient-elles.

    Les gestionnaires devraient donc trouver de solution pour ces autochtones, riverains des parcs et autres aires protégées. Comment devraient-ils vivre? eux, qui ne vivaient que par l’agriculture et dont on interdit d’accès à leurs champs car appartenant déjà à un patrimoine mondial protégé ?

    Malheureusement, ce sont ces populations qui n’ont droit ni à des bonnes infrastructures, scolaires ni sanitaires.

    Toutes ces frustrations non ou mal gérées auraient été à la base de l’activisme de certains groupes armés dans des parcs.

    Le PNKB et les peuples pygmées

    Le Parc National de Kahuzu Biega (PNKB) ne fait pas exception. Des échauffourées avec les autochtones pygmées sont continuellement enregistrées.

    L’on signale désormais des affrontements entre les groupes armés locaux et leurs alliés étrangers avec les ecogardes. Dans la plus part des cas, ce sont des ecogardes qui en sortent les plus grandes victimes.

    Tout récemment d’ailleurs, un chef pygmée a été condamné pour avoir exercé des activités non conformes dans le PNKB.

    Les peuples pygmées, eux qui ont leur habitation dans les forêts, se sont vus chassés sans aucune garantie. Ils se sont alors organisés en groupe des protecteurs de leur communauté.

    Dans cette cacophonie, certains d’entre eux commettent des abus au nom de leurs revendications sociales.

    Mais est-il que cela ne doit pas être donné comme un chèque à blanc pour ceux qui ont exproprié leurs terres sans contrepartie aucune.

    En février de cette année, après plusieurs années d’accrochage entre le PNKB et un groupe armé des pygmées, chapeauté par un certain Kasula, est anéanti et leur chef, condamné à 15 ans de servitude pénale.

    Une action très saluée par l’ICCN et tout protecteur de l’environnement mais un acte considéré comme une représailles oppression contre « les propriétaires naturels » de ces espaces, aujourd’hui protégés.

    Parc de la Lomami

    Ce n’est pas tout, nous sommes au Maniema, où l’on décida depuis 2008 d’agrandir le Parc national de la Lomami de 2.5558 km².

    L’ICCN reçu le feu vert des chefs coutumiers locaux en mai 2010. Ils avaient tout de même donné des préalables dont la construction  des infrastructures hospitalières, des écoles et la réhabilitation des routes pouvant les relier à Kindu.

    Mais il semble que rien n’a été fait jusque là et un groupe armé a vu le jour à Kailo quelques années plus tard. Il a comme objectif, revendication auprès de l’ICCN.

    Dirigé par un certain Bernard Kailo, ce groupe armé a semé la terreur dans le territoire de Kailo et celui voisin de Kasongo. Il a fini par se rendre à l’armée après avoir pris un compromis entre le gouvernement et les responsables de l’ICCN au sujet de ses revendications.

    L’exploitation minière et du pétrole, une autre menace

    A noter, qu’à côté de ces menaces des populations riveraines, l’exploitation des minerais dont le pétrole dans le Virunga, l’or, le coltan, dans le PNKB reste une autre grande menace pour ces aires protégées.

    Ce tableau sombre, peint ci-haut avec les 3 parcs du Kivu, démontre tant bien que mal la vie entre les populations riveraines des parcs et autres aires protégées.

    Si bien que les Parcs, les réserves… ces patrimoines nationaux ou mondiaux doivent être protégés, les populations protections doivent aussi l’être, estiment les organisations de défense des peuples autochtones. Pour elles, on ne protège mieux ces espaces que si leurs voisins le sont.

    «on ne peut pas protéger les gorilles sans protéger les peuples autochtones…ou opposer l’homme à la nature

    A l’occasion de la Journée Internationale des Peuples Autochtones JIPA, célébrée chaque le 9 Août de l’année dernière, le professeur Arnold Nyaluma a plaidé pour le respect des droits des peuples autochtones. 

    Invité par le Programme Intégré pour le Développement du Peuple Pygmée (PIDP) pour parler de jurisprudence des droits des peuples autochtones au niveau local, national et international; l’Avocat Arnold Nyaluma est revenu sur le contexte, le droit d’accès aux terres ancestrales à la gestion des ressources naturelles, la protection des valeurs culturelles notamment les langues autochtones.

    Pour lui, «on ne peut pas protéger les gorilles sans protéger les peuples autochtones»

    Lire: Kabare: Kasula et 5 de ses coaccusés actifs dans le PNKB condamnés à 15 ans de prison

    « Le contexte dans lequel le PNKB a été créé a évolué. on a autrefois ignoré l’apport des peuples autochtones dans la protection de l’environnement sans se rappeler que sans les peuples autochtones on ne devrait pas rencontré cette flore et faune tel quel et c’est cela qui a été à la base de tous les conflits. Pour le moment cette conservation autoritaire a échoué et on est désormais dans la logique de la de conservation intégrale, c’est-à-dire protéger l’homme et protéger l’environnement. On ne peut donc pas protéger le gorille sans protéger les peuples autochtones encore que personne ne peut mieux protéger ce parc comme les peuples autochtones. D’où, il est temps que les nouveaux acteurs entrent dans la nouvelle logique

    Pour Arnold Nyaluma, on doit aussi arrêter de vouloir imposer aux peuples autochtones un mode de vie qui n’est pas le leurs. Certes qu’il leur faut des terres en dehors du parc mais qui ont au moins quelque chose apparentée à leur culture. Il a enfin appelé les peuples autochtones à une prise de conscience, afin qu’ils ne se laissent pas manipulés soit par des politiciens soit par les commerçants qui veulent passer par les autochtones pour détruire le Parc  National de Kahuzi Biega.

    “Sans le peuple autochtone on ne peut pas protéger la nature. On ne peut donc pas opposer l’homme à la nature” a-t-il insisté.

    Jean-Luc M.

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