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    Dans une interview accordée à Jeune Afrique, le Président rwandais Paul Kagame dit avoir le droit d’intervenir en territoire congolais, « sans excuses ni préavis », suite à la menace que ferait peser l’activisme des FDLR sur la sécurité du Rwanda.

    «La menace que fait peser sur notre sécurité l’activité d’un groupe imprégné de l’idéologie génocidaire comme les FDLR est clairement susceptible de nous amener à intervenir en territoire congolais, sans excuses ni préavis,» déclare Paul Kagame, dans cet entretien publié vendredi 27 janvier 2023.

    Le président du Rwanda dit ne pas comprendre comment les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) soient toujours actif, 29 ans après le génocide au Rwanda, malgré la présence continue de la Monusco en RDC.

    «Le fait que nous jugions de notre responsabilité d’éradiquer ces individus où qu’ils se trouvent – et nul ne nous en empêchera – n’est que la conséquence de l’impuissance de ceux à qui cette tâche incombait en premier lieu. Car, je vous l’assure, de mon vivant et du vivant des générations futures, il n’y aura plus jamais de génocide au Rwanda. Dussions-nous pour cela nous battre avec des arcs, des lances et des pierres, cela n’arrivera plus,» affirme Paul Kagame.

    Accusé par l’ONU et par les autorités congolaises de soutenir les rebelles du M23, en hommes et en logistique, Paul Kagame ne réfute pas une nouvelle fois ces accusations. Pour lui, l’important est de savoir pourquoi il interviendrait sur le sol congolais.

    «L’accusation selon laquelle j’interviendrais au Congo m’importe peu. Ce n’est ni la première ni la dernière. L’important est de savoir pourquoi j’interviendrais. Si vous ne vous posez pas cette question, vous passez à côté de l’essentiel. Or la réponse est simple… Quand vous êtes agressé, vous n’attendez pas les instructions de votre agresseur ou de son protecteur pour savoir comment réagir,» affirme-t-il.

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    Avec ou sans le consentement « de qui que ce soit », Paul Kagame dit être déterminé à aller combattre les FDLR, où qu’ils se trouvent.

    «Les FDLR sont intégrées au sein même des FARDC [Forces armées de RDC] et c’est bien là que le bât blesse. Cet état de fait ne nous empêche pas pour autant de revendiquer notre droit légitime à aller éteindre l’incendie à sa source, quel que soit l’endroit où celle-ci se trouve, avec ou sans le consentement de qui que ce soit. Jamais le Rwanda n’est intervenu au Congo pour tenter de résoudre une situation qui ne préexistait pas à son intervention et qui ne concernait pas sa propre sécurité,» a-t-il soutenu.

    Lors de cet entretien, le Président rwandais a tout de même accepté qu’il lui arrive de parler aux dirigeants du M23. «J’ai donc fait passer des messages d’apaisement au M23, en demandant à ses chefs de cesser le combat et de se retirer de localités qu’ils occupaient. Ce qu’ils ont accepté. Le problème, c’est que l’armée congolaise en a profité pour les attaquer, avant d’être une nouvelle fois défaite,» déclare-t-il.

    Ces propos de Paul Kagame sont en totale contradiction avec ceux qu’il avait notamment tenu lors d’un autre entretien avec Jeune Afrique en juillet 2020, lors que, selon lui, la coopération entre le Rwanda et la RDC s’était améliorée.

    Alors que plusieurs rapports des ONGDH et de la Société Civile rapportaient que des soldats rwandais étaient présents dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu pour combattre les groupes rebelles, Paul Kagame avait indiqué qu’il ne serait pas « concevable que nous ayons des troupes dans ce pays sans son accord préalable».

    Paul Kagame avait également affirmé que le FDLR ne constitue pas une réelle menace pour la sécurité du Rwanda. «Leur capacité de nuisance intrinsèque est faible,» avait-t-il soutenu. Pourquoi alors ce revirement ? Qu’est-ce qui explique ce changement de narratif ?

    Certes, depuis 2020, plusieurs choses ont changé. Entre les frustrations liées au non-respect des « promesses d’intégration conclues en 2009 puis en 2013 avec Kinshasa » par le M23, groupe armé qu’il qualifie de congolais mais dont il ne cesse de prendre la défense, le Président rwandais n’aurait eu d’autre choix que de soutenir cette rébellion afin de mettre la pression sur le Gouvernement congolais et le forcer à négocier.

    Et ce, peu importe si ce soutien lui coûte d’être isolé, cette fois, de la communauté internationale. ONU, Etats-Unis, France… toutes les voix se sont levées ces derniers jours afin de demander au Président rwandais « d’arrêter de soutenir » les rebelles du M23, responsables du massacre de plusieurs centaines de personnes depuis la reprise des hostilités en territoires de Rutshuru, Nyiragongo, puis aujourd’hui Masisi au Nord-Kivu.

    Museza Cikuru

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    Un commentaire

    1. Kagame ne peut pas nous faire penser que ses attaques seront dûes à la présence ou activisme de FDLR car,
      Depuis qu’il active le M23 en RDC, le gouvernement congolais a-t-il déjà intervenu sur sol rwandais avec ou sans délais ni préavis.
      Citant son complice dit ONU ou monusco pense-t-il pouvoir nous faire croire qu’ils ne collaborent pas?
      C’est une provocation et une incitation au soulèvement populaire congolais sans précédent.
      Il regrettera un jour d’avoir poser les actes qu’il pose ces jours, mort ou de son vivant.

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