Les Forces vives du Sud-Kivu réunies au sein de différentes organisations de la Société Civile et mouvements citoyens se sont à leur tour indignées après la désignation des nouveaux animateurs du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation (P-DDRC-S) par le Chef de l’Etat Félix Tshisekedi.
Dans une déclaration rendue publique à Bukavu, ces organisations et mouvements citoyens évoquent le cas d’Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, désigné Coordonnateur National de cette structure.
Selon les signataires, leurs inquiétudes se fondent sur le passé du nouveau Coordonnateur du PDDRC-S dans les groupes armés, qui disent-ils, ont endeuillé le pays en général et surtout l’Est.
Ces structures trouvent à travers décision, une manière d’encourager les combattants à continuer de rechercher le pouvoir par les armes.
« Comment un ex chef rebelle, qui pendant les 30 dernières années a participé â tous les conflits armés (RCD, M-23, ALEC) qui ont déstabilisé la partie Est de la RDC, peut-il se retrouver â la tête d’une structure qui se veut contribuer â la pacification de la même région ? Quel crédit moral ce dernier aurait-il devant les différents groupes armés dans cette région ? N’est-ce pas une façon de créer un précédent, encourageant les belligérants â continuer dans leur quête de positionnement et de pouvoir par les armes ? » s’interrogent-ils
Ce choix, fustigent ces organisations, envoie des milliers de victimes des différentes atrocités commises sous la houlette de ces différents chefs des guerres, dans une frustration.
Les organisations de la société civile et les mouvements citoyens du Sud-Kivu disent comprendre la nécessité de construire la paix dans la région; mais refusent que cette paix se construise « au dépend de la justice et sur fond de moquerie des vies perdues pendant ces atrocités. »
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Ces derniers recommandent au Président de la République de revoir son décret et choisir comme coordonnateur du P-DDRC-S, « une personne consensuelle d’une grande moralité et expertise avérées ».
« La composition de la présente équipe n’inspire pas confiance alors que le programme se veut communautaire. Cette équipe porte en elle déjà le germe de l’échec de ce processus de désarmement, démobilisation, réinsertion communautaire et stabilisation » dit cette déclaration signée par 39 organisations.
Après la désignation des animateurs « crédibles », ces organisations appellent les partenaires de la RDC à accompagner financièrement le PDDRC-S, et promettent des sensibilisations communautaires afin de permettre la réussite de ce processus, qui selon elles, devrait «jeter les jalons d’un développement durable de la partie Est du pays, qui a été longtemps bloqué par la dynamique des groupes armés.»
Parmi les signataires de la déclaration on trouve la Société Civile du Sud-Kivu, la LUCHA, la Dynamique Communautaire pour la Cohésion Sociale et le Développement, Amka Congo, Filimbi, le Cadre de Concertation de la Société Civile, La Prunelle Asbl, SOS IJM, PPI, ATK, Le Collectif 2250, etc.
Bertin Bulonza