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    Plusieurs femmes leaders de la ville de Bukavu ont été, ce 22 Juin 2021 dans une séance de réflexion sur l’état de lieu du leadership féminin au Sud-Kivu.

    L’objectif de cet atelier de réflexion organisé par le « Centre d’Excellence Denis Mukwege » (CEDM), de l’Université Évangélique en Afrique, (UEA), était de mener une réflexion sur les conditions des femmes au Sud-Kivu en identifiant les défis et obstacles auxquels elles font face dans l’exercice de leur métier afin de définir des mécanismes pour y faire face en vue de relever leur leadership.

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    Cet atelier visait aussi à créer un cadre de réflexion des femmes leaders sur certains problèmes que les femmes rencontrent dans l’exercice de leur fonction.

    Plusieurs défis à la clé

    Dans cet atelier, il a été prouvé que les femmes se heurtent au quotidien, à plusieurs défis et obstacles, qui ne leurs permettent pas d’accéder ou difficilement aux postes décisionnels.

    « Les femmes se heurtent aux défis d’ordre juridique. Les textes nationaux et internationaux sont nombreux mais ils ne sont pas connus par plusieurs femmes autant en milieu urbain que rural. Il y a aussi des défis d’ordre culturel car le poids de la coutume continue à peser sur les femmes, au point qu’il les poursuit partout. Et là, il s’observe dans la société une perception du leadership comme étant « masculin ». De ce fait, les femmes leaders se retrouvent indexées, et sont victimes des stéréotypes et discriminations. Les communautés chrétiennes qui devraient soutenir ses membres, autant femmes que hommes de manière équitable dans leur vision, brandissent et interprètent certains passages bibliques de manière discriminatoire envers les femmes, ce qui rend de plus en plus difficile l’avancement et l’épanouissement des femmes leaders », regrette madame le Professeur Ngongo Kilongo Fatuma, Secrétaire Générale Académique de L’UEA.

    Dans son exposé, Agino Cécilia, responsable de l’Académie des Compétences au CEDM, en expliquant les deux sphères normées de la société patriarcale à savoir la sphère domestique, celle assignée aux femmes et la sphère publique assignée aux hommes; elle indique que nombreuses femmes leaders se voient coller des étiquettes d’« ambitieuses », « carriéristes », « autoritaires », « femmes difficiles », « mauvaises femmes » … pour les décourager d’aller de l’avant.

    « Il faut signaler que le problème n’est pas le leadership féminin, mais plutôt et en grande partie les règles du jeu ou le système patriarcal dans lequel on est. On constate que les leaders féminins qui font correctement leur travail en formulant des remarques aux subalternes hommes, franchissent une « ligne rouge » à ne pas dépasser. Par conséquent, elles rencontrent des fortes résistances se voient étiquetées.

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    Des participantes à la journée de réflexion. Ph. LaPrunelleRDC
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    Malgré cette perception erronée sur le leadership féminin, il y a des femmes qui foncent quand même et ces dernières sont considérées comme des références pour d’autres », dit-elle.

    Pour Solange Lwashiga, l’une des femmes leaders du Sud-Kivu, les femmes n’ont pas été éduquées pour comprendre qu’elles doivent progresser et apporter leurs contributions dans le développement du pays.

    « Par rapport au leadership des femmes, il y a des obstacles liés à la connaissance, parce que ces femmes devraient être cultivées, se renseigner et apprendre par exemple, les nouvelles technologies de communication. Mais comme la femme du Sud-Kivu n’a pas assez des moyens économiques pour ce faire, ça devient un problème très sérieux »

    Elle ajoute que dans cet environnement, les femmes leaders doivent travailler plus pour être compétitives sur le marché de l’emploi.

    Plusieurs recommandations également

    Au cours de cet atelier, les participantes ont formulé des recommandations après une séance de travail en groupes.

    « Il faut qu’on vulgarise des lois en faveur des femmes. Il faut qu’il y ait des plaidoyers pour le respect de ces lois et qu’on initie les femmes aux activités génératrices des revenues mais aussi sensibiliser et capaciter les femmes sur leurs droits », recommande Docteur Justine Namvura, Conseillère au Ministère Provinciale du Genre.

    Dans ces assises, les panelistes ont appelé les femmes leaders à encourager d’autres femmes à se libérer de « l’autocensure », à soutenir les initiatives de mentorat mais aussi à éduquer les plus jeunes femmes et aux tout petits enfants (garçons et filles) à l’égalité professionnelle.

    Elles ont aussi appelé les femmes à se méfier des techniques qu’utilisent les hommes pour les dominer.

    « Ces techniques qui rendent les femmes invisibles, qui ridiculisent les femmes ou qui culpabilisent les femmes en chargeant leur conscience doivent être connues et les femmes doivent s’en méfier », conclut la Professeure Ngongo Fatuma.

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    A la fin de cet atelier, les participantes ont visité le bâtiment en construction, qui, abritera le « Centre d’Excellence Denis Mukwege-UEA ».

    L’atelier a eu lieu dans l’une des salles de la faculté d’Économie de l’Université Évangélique en Afrique (UEA), au quartier Panzi, dans la commune d’Ibanda.

    Il a regroupé au moins vingt femmes leaders issus de plusieurs domaines politiques ; responsables des institutions supérieures et universitaires ; responsables des organisations locales, nationales et internationales ; responsables des services et départements, etc.).

    Jean-Luc M.

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