Accès Humanitaire

    Il s’est ouvert ce lundi 14 septembre 2020 au Grand Séminaire de Murhesa en Territoire de Kabare, une Réunion-Retraite mettant face à face plus de 150 Représentants des groupes armés du Nord et du Sud-Kivu et une forte délégation venue de Kinshasa, conduite par le Ministre Délégué à la Défense Nationale et Anciens combattants, Sylvain Mutombo Kabinga, accompagné du Ministre Provincial de la Sécurité, Lwabandji Lwasi Ngabo.

    Cette réunion de Murhesa 2 ; fait suite selon les organisateurs à celle de Murhesa 1 , tenue en décembre 2019, après que le Chef de l’Etat, en tournée au Nord-Kivu, Sud-Kivu et Ituri, en Octobre 2019, ait donné un ultimatum à  tous les groupes armés locaux et étrangers de déposer les armes et de s’inscrire dans un programme de DDR-communautaire, faute de quoi, ils seraient frappés par les FARDC sans pitié !

    Tous les groupes armés du Sud-Kivu s’étaient inscrits dans cette logique et une Commission Interprovinciale d’Appui à la Sensibilisation, Désarmement, Démobilisation et Réintégration, Réinsertion-socio-économique Communautaire des ex-combattants des Groupes armés au Nord et au Sud-Kivu (CIAP-DDRC ) avait été mise en place par Arrêté du Gouverneur Théo Ngwabidje , Président du Comité de Pilotage !

    Cette équipe s’était déployée et a réussi à rassembler près de 3.000 ex-combattants à Mubambiro au Nord-Kivu, et près de 800 combattants à Nyamunyunyi au Sud-Kivu!

    Lire aussi: Sud-Kivu: A Murhesa, des groupes armés locaux s’engagent à cesser les hostilités

    Au Sud-Kivu  particulièrement, un Projet Conjoint CIAP-DDRC /MONUSCO a été monté  et avec l’appui du Gouverneur de Province, le Groupe armé du Général auto-proclamé Maheshe qui sévissait dans le Ngweshe, a été démantelé et ses éléments démobilisés avec succès !

    Sur ces entrefaites, le manque de financement  et la survenue de la COVID-19, ont stoppé l’élan du processus si bien entamé qui venait corriger le manque de résultats des anciens programmes budgétivores et sans impact.

    Voulant saisir le momentum, sur ordre du Chef de l’Etat, le Vice-Premier Ministre, Ministre de l’Intérieur et Sécurité invitera  les trois Gouverneurs du Nord, Sud-Kivu et Ituri dans la capitale pour évaluer avec eux la situation sécuritaire de leurs entités !

    Ils seront reçus tour à tour à l’Assemblée Nationale, au Gouvernement et enfin par le Président de la République lui-même et les Partenaires Internationaux au Développement!

    L’option pour un DDR-Communautaire fut validée ainsi qu’une approche stratégique qui refuse toute négociation ou « cahier de charges » des groupes armés pour ne pas les légitimer et récompenser leurs méfaits par rapport à leur communauté !

    Le mauvais exemple de CODECO en Ituri

    Et comme pour corroborer la nouvelle stratégie prise, le groupe armé CODECO avec qui le Gouvernement avait signé des accords, va s’illustrer dernièrement par une incursion en plein-centre-ville de Bunia, sous le regard médusé et la colère de la population qui semblait constater une sorte « d’accompagnement » de ces bandits et assassins par l’Armée nationale ! Des délégations ont dû être dépêchées sur place pour calmer les esprits !

    Une initiative qui tombe comme un cheveu dans la soupe

    Alors que l’incident honteux de Bunia est encore frais dans les mémoires, nous apprendrons alors qu’une forte délégation de Haut Niveau conduite par le Ministre Délégué à la Défense et Anciens combattants Sylvain Mutombo est arrivée à Bukavu pour une rencontre de négociations avec les groupes armés du Sud-Kivu ce dimanche 13 septembre 2020.

    Mais, là où le bât  blesse selon plusieurs observateurs, c’est que nous apprendrons de sources généralement bien informées que le Gouverneur de Province n’était ni informé de l’arrivée de ces hôtes de marque, ni du motif de leur déplacement !

    Toute l’initiative est venue de deux Organisations Internationales (Search for Common Ground-SFCG et Initiative pour un Leadership Cohesif-ILC, dirigée par l’Algérien Michel Kassa, et une ONG locale du Sud-Kivu, comme nous l’apprendrons par la suite par nos confrères de RFI!

    Cette initiative ne s’inscrivant pas dans la ligne stratégique convenue avec la Haute Hiérarchie au niveau national, il semble que le Gouverneur de Province, mis devant le fait accompli a dû autoriser la tenue de ces assises ! A Nyamoma, on refuse toujours de commenter la question.

    Revendications tous azimuts

    Se sentant légitimés par la présence d’une haute autorité Gouvernementale, les groupes armés ont, dès ce mardi 14 septembre annoncé les couleurs: certains ont écrit, contestant la représentativité des autres délégués, d’autres ont carrément repris le refrain bien connu!

    Un certain Samy a même déclaré :  » Nous, Groupes armés du Sud-Kivu nous n’accepterons aucun programme DDR si le Gouvernement Congolais n’accepte pas nos demandes et exigences »( sic), propos recueillis dans le reportage de nos confrères de RFI.

    La mise en garde de madame Leila Zerrougui la Rssg, Cheffe de la Monusco n’a pas suffi 

    Dans une interview récente, Mme Leila Zerrougui, Représentante Spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies avait déclaré qu’il n’était pas judicieux de continuer à faire des promesses d’intégration automatique dans l’armée et de reconnaissance de grades à des miliciens sans formation ni faire des promesses  d’ avantages matériels aux Chefs de guerre, au risque de récompenser des bandits qui ont massacré et commis des crimes contre leurs communautés !

    On se pose alors la question de savoir : que viennent faire les ONG étrangères dans ces questions sécuritaires du pays?

    Dès que la délégation du Ministre Mutombo sera rentrée à Kinshasa, qui va réaliser les promesses qu’on aura faites aux groupes armés ?

    La MONUSCO qui travaille avec les FARDC n’a pas été associée à la démarche de Murhesa 2! Comment seront appliquées les résolutions?

    Mettre fin à l’amateurisme et aux improvisations dans les questions sécuritaires

    Pour une certaine opinion au sein des forces de défense et de sécurité, cette initiative semble montrer un certain degré «d’amateurisme et d’improvisation » qui sont de mauvais aloi dans les questions inextricables et compliquées de la Sécurité à l’Est du pays et dans les Grands-lacs. Ne devraient s’y engager que des personnalités averties et au fait des réalités de terrain !

    Bien plus, ayant opté pour la décentralisation de ces questions de DDRC au niveau des provinces, il est inconvenant que des Autorités nationales viennent « contourner » les dirigeants des provinces mieux informées des réalités locales.

    Les travaux de la Retraite de Murhesa se poursuivent jusque ce mercredi 16 septembre 2020, en attendant, la grogne se poursuit également.

    De notre envoyé spécial à Murhesa, Jean-Luc M.

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