Accès Humanitaire

    Les conflits armés (25% des cas) constituent également un terreau propice pour la propagation des discours et messages incitatifs à la haine. Selon le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH).

    Dans un rapport publié ce 1er mars, il cite à titre d’exemple, le 15 juillet 2020; où un des médecins traitant du Centre Médical Evangélique de Nyankunde; (Chefferie d’Andisoma, territoire d’Irumu, province de l’Ituri), issu de l’ethnie Lubara et originaire du territoire de Aru; a reçu un SMS anonyme directement sur son téléphone portable, appelant « les non-originaires » à quitter l’hôpital dans deux semaines.

    Cette référence à l’ethnie était couplée à un contenu hautement menaçant (« Si vous n’écoutez pas, vous allez vous racheter par votre propre sang et nous allons couper vos têtes. Celui qui a les oreilles écoute. Quittez, quittez notre hôpital.,» poursuit ce rapport.

    Ensuite, le 3 novembre 2020 vers 7h du matin le même message a été envoyé à 10 médecins; infirmiers et paramédicaux du même hôpital et issus des ethnies Nande, Hema, Guégueré, Logo, Lendu et Lubara.

    Le BCNDUH précise que selon plusieurs sources locales concordantes, les messages auraient été envoyés à l’instigation d’un membre du personnel sanitaire; d’origine ethnique Bira, ethnie majoritaire dans la zone autour de Nyankunde.

    « Pour autant, il semblerait que la prolifération des Force Patriotique Intégrationniste du Congo (FPIC) au sein des cinq chefferies de la communauté Bira; notamment Andisoma, Mobala, Basili, Baboa Bokoe et Babelebe, ait renforcé la méfiance et les divisions entre les communautés, et partant; accru le sentiment d’insécurité auprès des « non-originaires  » dit le BCNUDH.

    Le Bureau onusien note ainsi qu’à la suite de cette situation, des éléments FPIC auraient tué un commerçant « allochtone » autour de janvier 2020. Aussi, le 16 octobre 2020, les FPIC auraient érigé des barricades autour de Marabo pour ensuite attaquer les Hema; avec des armes blanches et des armes à feu. Cette situation d’insécurité a donné lieu à d’importants déplacements de population vers les localités d’Irumu et Bunia.

    « La faible présence de l’État, et en particulier des forces de sécurité dans la zone est aussi un facteur qui a accru la perception d’une probabilité; y compris l’imminence, d’un préjudice réel auprès de certains « non-originaires ». Seuls 10 éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC): sont en charge des localités de Sota, Marabo et Nyankunde. Enfin, le BCNUDH a pu établir la démission d’au moins un membre du personnel sanitaire de l’hôpital de Nyankunde; à la suite de la réception de ces menaces,» dit-il.

    Le BCNUDH demande ainsi au Parlement de s’assurer que toute future loi sur les discours et messages incitatifs à la haine et la violence; soit conforme aux normes et standards du droit international des droits de  l’homme; afin de préserver les libertés d’opinion, d’expression, d’association et de réunion  pacifique: «Il est nécessaire que ces lois soient formulées; d’une manière qui ne laisse aucune place à  l’ambiguïté et que des garanties efficaces soient prévues pour éviter tout abu.» 

    Abiud Olinde

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