Accès Humanitaire

    En 2021, le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme (BCNUDH) dit avoir documenté 6.989 violations et atteintes aux droits de l’homme en RDC. Ce qui représente une moyenne de 582 violations par mois.

    Dans un rapport sur les principales tendances rendu public ce lundi 31 janvier 2022, le BCNUDH indique que ces chiffres sont en baisse de 12% par rapport à 2020 et reflètent une réduction du nombre de violations et atteintes dans les provinces du Maniema, du Sud-Kivu, de l’Ituri, du Tanganyika et du Nord-Kivu. «Cette légère baisse ne traduit pas une amélioration notable de la situation sécuritaire dans certaines de ces provinces,» note-t-il, cependant.

    Le Bureau onusien indique que les membres des groupes armés ont commis le plus grand nombre d’atteintes aux droits de l’homme. Ils ont été responsables de 60% des violations, soit 3.877 atteintes, dont les exécutions sommaires d’au moins 1.585 hommes et 439 femmes.

    « Les ADF ont tué plus de 1.259 personnes »

    Ce rapport indique qu’au Nord-Kivu, les combattants des groupes armées Allied Democratic Forces (ADF) et Nyatura continuent de poser de sérieuses menaces contre les populations civiles.

    Les ADF ont été responsables de la mort de plus de 1.259 personnes, alors que les combattants Nyatura ont tué 96 hommes.

    «En plus du territoire de Beni, province du Nord-Kivu, les ADF ont étendu les attaques aux territoires de Mambasa et d’Irumu dans la province de l’Ituri, malgré les opérations militaires. Le BCNUDH a documenté 738 atteintes aux droits de l’homme commises par les combattants des ADF, une augmentation de l’ordre de 52% par rapport à 2020. Les ADF ont été responsables de l’exécution sommaire de plus de 1.259 personnes (958 hommes, 262 femmes et 39 enfants) en un an. Les combattants Nyatura ont commis le plus grand nombre d’atteintes aux droits de l’homme (956 atteintes ayant causé la mort de 96 hommes, 26 femmes et huit enfants) parmi les groupes armés. Les combattants Nyatura, du NDC-R et de nombreux autres groupes armés profitent de la faiblesse de la présence de l’autorité de l’Etat pour poser des actes d’administration de fait,» note ce rapport.

    «50 morts lors des attaques des sites de déplacés»

    Le BCNUDH note également qu’en Ituri, la situation sécuritaire est tributaire des attaques contre les populations civiles par des combattants de la Coopérative de développement du Congo (CODECO), qui ont été responsables de l’exécution sommaire de 253 hommes, 61 femmes et 95 enfants.

    Dans cette province, les attaques de la CODECO et des ADF contre les sites de déplacés ont causé la mort de plus de 50 personnes et exacerbé la situation humanitaire qui était déjà critique.

    «Dans les provinces non affectées par les conflits, les violations des droits de l’homme commises par les agents de l’Etat ont légèrement baissé de l’ordre de 4%. Cette diminution n’est toutefois pas homogène puisque certaines provinces non affectées par les conflits ont vu le nombre de violations et atteintes augmenter, notamment la Lualaba, la Tshopo et le Kwilu,» indique le BCNUDH, qui note que les Gouverneurs de province continuent d’être auteurs d’atteintes aux droits de l’homme, en particulier contre les journalistes et défenseurs des droits de l’homme.  

    « 531 femmes et 432 filles violées »

    Par ailleurs, au moins 531 femmes, 6 hommes, 432 filles et 7 garçons ont été victimes de violences sexuelles liées au conflit. Les combattants des groupes et milices armés demeurent les responsables de la majorité des victimes affectées en 2021 (70%).

    «Les cas documentés de Violences Sexuelles liées au conflit se sont souvent produits dans le cadre de représailles exercées par des groupes armés contre des civils pour non-paiement de taxes illégales ou non-participation au travail forcé, collaboration présumée avec d’autres factions ou avec les forces de sécurité de l’État ou lors d’enlèvements et d’attaques sur les sites de personnes déplacées et les zones minières. De nombreuses femmes ont également été prises en embuscade sur les routes ou pendant qu’elles cultivaient dans les champs.  En outre, l’insécurité due à la présence de groupes armés dans ou autour des établissements de santé, le mauvais état des routes, le manque de moyens logistiques et financiers pour transporter les équipements et les médicaments, l’impunité et la peur de représailles ont entravé l’accès des survivants et survivantes aux soins dans les 72 heures,» note ce rapport.

    « 3.553 violations graves des droits de l’enfant »

    Par ailleurs, au cours de l’année 2021, la Section protection de l’enfant de la MONUSCO a documenté et vérifié 3.553 violations graves des droits de l’enfant dans le cadre des conflits armés en RDC. Ce qui représente une légère augmentation (2%) par rapport à 2020 (3.470 violations).

    «Au moins 3.325 des violations graves commises à l’encontre d’enfants en 2021 (soit 94%) sont attribuables aux groupes et milices armés et 228 violations (soit 6%) ont été commises par des agents de l’Etat, y compris des militaires des FARDC (196 violations), des agents de la PNC (30 violations) et des agents de l’ANR (deux violations). Les principaux auteurs des violations documentées durant l’année 2021 parmi les groupes et milices armés sont les Nyatura (569), ADF (387), APCLS (303), Maï-Maï Mazembe (297), CODECO (280) et Maï-Maï Apa na Pale (276). Ces violations ont été documentées principalement dans les provinces du Nord-Kivu (1.784), de l’Ituri (795), du Sud-Kivu (467), du Tanganyika (363), du Maniema (113), de la région du Kasaï (12), du Haut-Katanga et de la Tshopo (une),» indique ce rapport.

    «166 décès en détention »

    En 2021, le BCNUDH a continué d’appuyer les autorités judiciaires engagées dans la lutte contre l’impunité. Ces efforts ont abouti à la condamnation de 345 militaires des FARDC, 115 agents de la PNC et 149 combattants de groupes armés pour des actes constituant des violations des droits de l’homme dans différentes provinces de la RDC.

    Toutefois, le BCNUDH reconnaît que les défis demeurent, puisque les conditions matérielles de détention ne se sont pas améliorées. En 2021, il dit avoir recensé 166 décès en détention et l’évasion de 99 détenus. Selon le Bureau onusien, ces décès sont liés à la malnutrition, au manque de soins médicaux et parfois à de mauvais traitements.

    Museza Cikuru

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