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    Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, Didier Amani Sangara, analyste politique, explique qu’en adoptant les citoyens Rwandais dans la société Congolaise; la RDC aura résolu le problème de l’identité, de l’insécurité à l’Est, des pillages, des viols et des groupes armés, ou encore de la balkanisation.

    L’Adoption des citoyens Rwandais dans la société congolaise, une des voies à la stabilité de la RDC

    Les conflits au Kivu et en Ituri sont liés aussi, d’une façon ou d’une autre, à la démographie qui, depuis quelques décennies aggrave la compétition pour l’accès aux ressources. Ils pourraient préfigurer d’autres conflits dans des espaces aujourd’hui relativement « libres » mais que la croissance de la population expose à une raréfaction progressive du disponible foncier, non pas à l’échelle des grandes espaces, mais à celle, locale, des terroirs, véritables arènes des compétitions foncières.

    Le Nord et Sud Kivu sont depuis longtemps des terres d’émigration pour les Rwandais, anciennement pour les éleveurs tutsis à la recherche de pâturages, puis dans le sillage de la colonisation qui puisa la main d’œuvre agricole et industrielle dont ses entreprises avaient besoin au réservoir rwandais. Les flux incessants de Banyarwanda sont à l’origine des tensions avec les autochtones dès lors que ceux-ci virent le contrôle sur leurs terres les échapper. Cas de Minembwe, Masisi et Ituri.

    L’arrivée massive des réfugiés hutus en 1994, l’emprise du Rwanda pour la libération du Congo (AFDL) et la guerre civile de 1998 – 2002 ont profondément déstabilisé l’Est de la RDC, sans que cesse la pression migratoire rwandaise. Et personne jusqu’à présent n’est parvenu à trancher le nœud du gordien d’une nasse démographique où s’entremêlent les intérêts concurrents de groupes rivaux pour l’accès à la terre et aux ressources minières depuis les dernières années du 21ème siècle.

    Pan-ethnicité 

    Le prétexte qu’au Congo « il y a de la place », ce qui est vrai, la gestion du surplus démographique au Rwanda ainsi que l’équation foncière qui en découle, qui voit au Congo un espace idéal de caser ses populations en créant des zones de conflit aux fins de déplacer les populations autochtones Congolaises pour les remplacer progressivement par des nouveaux arrivants rwandophones ; ceci prépare sur le sol congolais une « conquête x » ignorée qui va engloutir le peuple Congolais.

    Et il peut arriver que des groupes écartelés entre plusieurs pays ressentent un sentiment communautaire, sans pouvoir être réunis au sein d’un Etat-nation. Par exemple pour la RD Congo, les Banyamulenge et les enfants des réfugiés Hutu rwandais sur le sol congolais depuis 1994. Dans leurs tentatives de sécession (AFDL, RCD, CNDP et M23), les minorités puisent des forces dans la solidarité des communautés partageant les mêmes convictions culturelles, religieuses ou d’origines ethniques avec l’appui des Nations Unies, l’Occident et la communauté internationale. Gérer ce problème est un premier défi dont l’issue dépendra de « l’adoption de ces citoyens rwandais dans la société congolaise ».

    Qu’adviendrait-il de la nationalité si tous les Rwandais habitant le Congo devenaient, par le fait d’un acte juridique, des nationaux congolais ? Quels sont les avantages que l’Etat tirerait de cette intégration collective ? Sinon, où réside le danger ?

    Aujourd’hui, la situation apparaît complètement inverse : les cadres sociaux éclatent, les déplacements éloignent, les conditions d’existence évoluent très rapidement, les repères culturels se mélangent à grande allure. Certes, voilà bien présentées les raisons qui font peur aux groupes constitués, qui se sentent menacés presque dans leur existence même, mais précisément, les identités collectives, comme les identités individuelles, sont appelées à s’adapter, à changer si elles en sont capables, c’est-à-dire sans doute pas en se rigidifiant ou en se cantonnant dans une attitude de défense, de maintien sur des positions immuables dans leur énoncé.

    La notion d’identité nationale ne doit pas être confondue avec la nationalité congolaise. Celle-ci est l’attribut juridique du citoyen qui détient ainsi le droit, dans le système institutionnel congolais, à l’exercice de la souveraineté politique complète. Elle s’attribue par la filiation et s’acquiert (ou se refuse) sur demande et sous conditions. Il s’agit donc d’un fait précis et essentiel, puisqu’il ouvre la porte au pouvoir d’influence sur les affaires publiques de portée en générale. Et la réflexion sur les questions de nationalité se couple souvent avec celle sur la citoyenneté, pas forcément congolaise mais on peut être citoyen étranger résident au Congo. En d’autre terme, nous pouvons affirmer qu’aucune personne n’a le droit seule de se choisir sa nationalité car ceci est laissé à l’appréciation de l’Etat Congolais qui détermine juridiquement ses nationaux. C’est-à-dire qu’en RDC, on doit procéder d’abord au recensement de la population Congolaise pour déterminer qui est Congolais et qui ne l’est pas.

    Mais attention, les Banyarwandas qui vivent au Congo connaissent les dialectes, les langues, les tactiques, les cultures Congolaises et de même, ils ont un lien parental avec des citoyens Congolais ; et sont partout en RDC sans possibilité de les distinguer. « Ceci est une bombe à retardement s’il y a un manque d’imagination pour une nouvelle approche ».

    En adoptant ces citoyens rwandais dans la société Congolaise, la RDC aura l’aide et l’attention de la communauté internationale (qui n’est pas parvenue jusqu’aujourd’hui à résoudre cette problématique migratoire) et elle aura résolu le problème de l’identité, de l’insécurité à l’Est, des pillages, des viols et des groupes armés. Les rêves d’une implosion du Congo, d’un morcellement dans lequel les pays voisins trouveraient leur compte prendront fin.

    A l’égard des dirigeants Congolais, Kigali ne formulera plus des exigences : « Que les anciens miliciens et militaires ayant leurs bases d’action au Congo soient localisés, leurs structures démantelées et leurs forces résiduelles ramenées au Rwanda afin que ceux qui ont participé au génocide de 1994 soient emprisonnés ou jugés. Le Rwanda souhaite aussi que la nationalité des populations rwandophones du Congo soit garantie et que cessent les hostilités récurrentes dont les Tutsis Congolais font l’objet ». Et les ambitions qui incluent donc une sorte de « surveillance sur la politique de la RDC », et ceci en complicité avec l’ONU et la communauté internationale ainsi que les revendications du président Paul Kagame de revoir le tracé final des frontières hérité des colons aux pays de la sous-région des grands-lacs n’auront plus la raison d’être.

    Didier Amani SANGARA

    Analyste politique indépendant

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    2 commentaires

    1. Monsieur il faut ouvrir l’oeil et le bon. Si t’as rien à dire il faut se taire c’est plus sage. Analyse vide de sens. Mille fois non sens.

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