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    Dans cet épisode de « Mon point de vue » du 28 décembre 2021, Nicolas Kyalangalilwa revient sur la question de gouvernance des provinces.

    « En ce jour, plus de 16 provinces sur les 26 que compte la RDC, sont gérées par des Gouverneurs intérimaires. Cet état de choses est la conséquence d’une instabilité au sommet de la gouvernance provinciale entre les assemblées provinciales et les Exécutifs de ces provinces. Cette situation, qui du reste n’est pas nouvelle, est un vrai frein au développement de notre pays. Si l’on considère l’argent du contribuable qui est dilapidé dans des manœuvres tendant à garder certains au pouvoir (souvent en soudoyant les élus du peuple), l’on comprend l’impact de ces instabilités sur le manque de développement de ces entités. Plus grave Cette problématique de la gouvernance des provinces est un thème récurrent dans le discours du Président de la République. Il l’a dit du haut du congrès lors du discours sur l’Etat de la Nation et est revenu sur la question lors de la 8ème session de la conférence des Gouverneurs qui s’est tenue à Kinshasa du 22 au 23 décembre 2021.

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    A la question de savoir comment stabiliser les institutions provinciales pour un développement intégral, les gouverneurs ayant participé à cette 8ème conférence ont formulé plusieurs recommandations. Pour cette chronique nous nous focalisons sur trois de ces recommandations.

    Sur le plan politique administratif, culturel, juridique et sécuritaire, les participants (Gouverneurs) ont recommandé le décret d’un moratoire suspendant l’application des motions de censure contre les Gouverneurs pour une période de deux ans ainsi que l’initiation des réformes constitutionnelles et législatives susceptibles de garantir la stabilité des institutions politiques provinciales notamment en ce qui concerne le statut de Gouverneur. En d’autres terme, ils ont demandé d’être protégés par Kinshasa du contrôle des Assemblées Provinciales qui d’ailleurs les ont élus. Je me demande pourquoi ils ne sont pas allés plus loin en demandant carrément la suppression de la constitution et la désignation des Gouverneurs par Kinshasa ?

    Sur le plan Social, Économique et financier, les participants ont entre autre recommandé : d’assurer le paiement des émoluments des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs des provinces à l’instar d’autres élus ainsi que le salaire des membres de leurs gouvernements avec rétro actif 31 mois conformément à la loi ; d’assurer le versement régulier des fonds d’investissements, opérationnaliser la caisse nationale de péréquation afin d’assurer l’équilibre dans le processus de développement des provinces ;

    En analysant ces quatre recommandations, on se rend compte que tout le monde évite d’identifier le vrai problème en se cachant derrières de problèmes apparents.

    Il me semble que la décentralisation comme mode de gouvernance telle que voulue par le peuple congolais en 2006, a raté son décollage. Et ce raté est principalement dû au fait que Kinshasa (les leaders politiques) ne permet pas aux provinces de voler de leurs propres ailes. Les gouverneurs sont littéralement imposés par Kinshasa et des fois malgré la volonté populaire (au travers les élus).

    Comment voulez-vous que ces ‘Gouverneurs’ mercenaires durent ? Dès que la tempête politique change (et elle semble changer souvent en RDC), ils ne peuvent plus résister a l’ouragan en province. Ce ne sont pas seulement les Gouverneurs qui sont imposés, les 40% de retenue à la source ne sont pas appliqués privant ainsi les provinces des ressources importantes pour leur développement (même les gouverneurs ne sont pas payés. Alors, comment travaillent-ils ? En vivent-ils ?).

    Quand les provinces sont dirigées par des hommes (et femmes) sans assises politiques et sans moyens financiers, je ne suis pas surpris ni étonné qu’aucun développement ne s’observe et que l’on passe tout le temps à se chamailler pour distraire le peuple et jeter la responsabilité de l’échec sur les autres.

    Si réellement Kinshasa a une volonté de voir les provinces avancer, il doit s’atteler afin que la décentralisation soit une réalité.

    Kinshasa doit arrêter de s’immiscer dans les problèmes politiques en provinces, de servir de couverture et de protections aux gouverneurs face aux décisions des Assemblées provinciales.

    Lire aussi: Discours sur l’état de la nation : la sécurité à l’Est, une question casse-tête ! (Mon point de vue)

    Kinshasa doit aussi laisser les provinces retenir 40% des recettes à la source tel que prévu par la constitution. Aussi longtemps que Kinshasa s’amusera à ne pas respecter la constitution, ne vous attendez pas à voir les provinces avancer. La vraie cause d’instabilité dans les provinces n’est pas à chercher très loin. On la connait tous mais personne n’ose en parler. Kinshasa laisse les provinces en paix !

    Rév. Nicolas Kyalangalilwa

    Acteur de la Société Civile

    A propos de « Mon point de vue » 

    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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