Accès Humanitaire

    En Israël, où le variant Delta provoque une lente remontée du nombre de contaminations par le Coronavirus, l’ancien directeur général de la santé a déclaré que 40 % à 50 % desdits nouveaux cas concernaient des personnes complètement vaccinées.

    Au premier abord, l’information a de quoi surprendre, et même inquiéter quant à l’efficacité réelle du vaccin de Pfizer-BioNTech, dont a bénéficié la population israélienne. Pourtant, le phénomène était complètement prévisible, et il confirme en réalité la capacité des vaccins à protéger contre l’infection au SARS-CoV-2, et surtout contre les formes graves du Covid-19.

    Explication

    Les vaccins actuellement disponibles, aussi efficaces soient-ils pour prévenir les formes graves du Covid-19 (hospitalisations, décès), ne peuvent protéger 100 % des vaccinés contre une infection. Une vaste étude sur la population israélienne, menée de fin janvier 2021 à début avril et publiée dans The Lancet, a estimé l’efficacité du vaccin de Pfizer-BioNTech à 95,3 % contre le risque d’infection pour les gens complètement vaccinés (deux doses).

    Ce qui signifie qu’un peu moins de 5 % des vaccinés peuvent tout de même être infectés par le SARS-CoV-2. Le chiffre pourrait même augmenter dans le cas du variant Delta, dont on estime qu’il est plus contagieux que le variant Alpha, qui était dominant au moment de l’étude.

    Spontanément, après avoir lu ces informations, on s’attendrait donc à ce que la part des vaccinés parmi les nouvelles contaminations observées ne dépasse pas les 5 à 10 %. De ce point de vue, un chiffre se situant entre 40 et 50 % peut être perçu comme très élevé.

    Mais ce raisonnement ne tient que lorsque les deux groupes comparés (les vaccinés et les non-vaccinés) sont de taille équivalente. Or, en Israël, on estimait début juillet la part des adultes vaccinés contre le Coronavirus à environ 85 %.

    Le reste est assez simple à comprendre : si les vaccinés sont très largement majoritaires, même la petite fraction de ceux qui n’échappent pas à une infection représente un nombre important en valeur absolue. Ils peuvent dès lors représenter une bonne partie des contaminations lorsque le virus ne circule que faiblement, comme c’est le cas en Israël actuellement.

    Si l’on prend les chiffres réels d’Israël :
    • au 1er juillet, on comptait environ 5,17 millions d’adultes complètement vaccinés sur les 6 millions d’adultes que compte l’Etat hébreu et 442 000 personnes partiellement vaccinées. Ce qui donne donc environ un demi-million d’adultes non vaccinés.
    • le 30 juin, on a dénombré 291 nouveaux contaminés, dont environ 40 % avaient pourtant été vaccinées complètement. Cela fait donc environ 116 cas provenant d’adultes vaccinés (soit 2,2 cas pour 100 000 habitants) et 175 cas d’adultes non ou partiellement vaccinés (soit 19 cas pour 100 000 habitants).
    • En proportion, on observe environ 8,5 fois plus d’infections chez les personnes qui ne sont pas complètement vaccinées : on retombe bien sur une efficacité d’environ 90 %.

    Le raisonnement peut être poussé jusqu’au bout : si 100 % des Israéliens étaient vaccinés, toutes les nouvelles contaminations proviendraient de personnes vaccinées. Leur part dans les nouveaux cas en Israël ne fait ainsi que refléter le fait qu’ils sont désormais très majoritaires. Mais cela ne remet en aucun cas l’efficacité des vaccins à endiguer l’épidémie.

    Depuis le 1er juin, Israël n’a enregistré « que » 21 décès dus au Coronavirus et n’en a plus recensé aucun depuis le 25 juin dernier.

    Avec Le Monde

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