Des jeunes de plusieurs coins de la ville de Bukavu ont barricadés plusieurs artères principales ce samedi 12 février 2022, pour dire « non » au retour de Théo Ngwabidje comme Gouverneur de la province du Sud-Kivu, après sa réhabilitation par la Cour constitutionnelle.
D’abord, vers 6 heures du matin, des jeunes ont brulé des pneus à l’arrêt bus de Camp TV. Ils ont également barricadé la RN5 Essence-Panzi, au niveau de la paroisse de Cahi. Des manifestations spontanées ont également été signalées dans d’autres coins, notamment au niveau de l’hôpital provincial, pour exprimer leur désaccord, à la suite de l’annonce d’une probable arrivée du Gouverneur en province, en début de la semaine prochaine.
Sur leurs calicots, on pouvait lire notamment : «Non au retour de Théo Ngwabidje au Sud-Kivu, sa place est en prison.»
A Panzi, les barricades placées par ces jeunes, ont perturbé la circulation pendant plusieurs heures. Murhula Muchumbiko, président de la Société Civile de Panzi, affirme que ce n’est qu’après négociation des acteurs de la Société Civile et quelques notables, avec ces manifestants, que la circulation a repris sur cet axe.
De la part des habitants de Bukavu, le retour de Théo Ngwabidje Kasi comme Gouverneur du Sud-Kivu divise. Certains estiment que c’est normal qu’il fasse son retour comme Gouverneur, « pour vu qu’il travaille cette fois à répondre aux besoins de la population ».
«Pour moi, cette réhabilitation est une bonne chose. Parce que ça permettra au Gouverneur de réaliser son plan d’action, à travers son slogan -Gouverner autrement- qui met la population au centre de toutes les actions gouvernementales. Nous devons le soutenir si nous voulons l’émergence de cette province, qui a été longtemps déstabilisée par des guéguerres politiciennes,» indique un habitant interrogé par laprunellerdc.cd.
Mais pour d’autres, Théo Ngwabidje n’est pas le bienvenu au Sud-Kivu. Selon eux, la motion votée par les députés est l’expression de la volonté des Sud-Kivutiens.
«Sur le plan légitime, cette réhabilitation pose problème dès lors que la population ne s’est pas retrouvée dans son slogan -Gouverner Autrement-. C’est à nous population à apprécier son retour,» explique de sa part, un autre habitant.
«Ce n’est pas normal que le Gouverneur rentre,» s’exclame de sa part, Arsène Cimanuka. «Les députés provinciaux sont des représentant du peuple, et la population est contre. Même si Kinshasa réhabilite Théo Ngwabidje, il y aura toujours de bras de fer. Nous la population, nous ne sommes pas d’accord, vaut mieux qu’ils organisent d’autres élections,» déclare-t-il.
Pierre Nyanyashi, un commerçant rencontré au marché de Nyawera, dit de sa part avoir été « choqué », quand il a appris la réhabilitation du Gouverneur Ngwabidje.
«Depuis qu’il a été à la tête du Sud Kivu, il n’a rien réalisé. Que la Société Civile s’unisse pour qu’il ne puisse pas rentrer. La majorité de la population ne veut plus de son retour par ce que sur le plan éducatif, les parents pleurent un peu partout par ce qu’il a haussé la PRIM2. Les parents sont entrain de traverser un moment difficile, il n’y a pas de travail. Il n’y a pas non plus d’infrastructures. Donc la population du Sud-Kivu n’est pas prête à l’accueillir,» indique-t-il.
Disons que Théo Ngwabidje a été destitué le 2 décembre dernier, par l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu, à la suite d’une crise qui s’était installée dans les deux institutions provinciales.
La semaine derrière, la Cour constitutionnelle l’a réhabilité. Elle a déclaré nulle et de nul effet la motion de censure votée contre son Gouvernement provincial.
Abiud Olinde et Oscar Ushindi