Le Docteur Denis Mukwege a été élevé au titre de docteur honoris causa par l’Université protestante du Congo (UPC), ce mardi 10 mars, au cours d’une cérémonie en la cathédrale du centenaire à Kinshasa. Selon le Professeur André Mbata, le Dr Denis Mukwege mérite ce doctorat, puisque selon lui, il s’est battu contre «l’inanition» de la Nation de la nation congolaise, pour son engagement personnel dans la lutte pour la restauration de la dignité de la femme et de l’homme congolais par la justice.
Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, le Professeur André Mbata estime que le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix 2018, est actuellement le plus célèbre universitaire congolais, car selon lui, il représente la conscience d’une nation certes meurtrie, mais condamnée à la grandeur.
« Prof Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la Paix, est actuellement le plus célèbre universitaire congolais. Depuis de longues années et au péril de sa vie, ayant vaincu la peur de la mort, il mène le même combat que le nôtre, mais à partir d’un angle différent. Prof Dr Denis Mukwege représente la conscience d’une Nation certes meurtrie, mais condamnée à la grandeur et devant servir de moteur à la Renaissance africaine.
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La leçon publique qu’il a donnée en acceptant le titre de Docteur honoris causa de l’Université protestante au Congo devrait interpeller tout universitaire, intellectuel et citoyen congolais. Elle devrait également interpeller l’université, la classe politique, le peuple, sa jeunesse et l’Eglise. Je partage son avis selon lequel un intellectuel véritable ne saurait être complaisant ni neutre face à la crise de sa société.
L’intellectuel organique d’un peuple est nécessairement un intellectuel critique, révolutionnaire, mais aussi un intellectuel engage dans la défense des valeurs comme la liberté, la dignité et les droits humains. Quand les choses vont mal ou tournent au vinaigre, l’intellectuel ne peut pas, il a le devoir de parler. Et son message de vérité ne peut pas être un message de désespoir mais plutôt un message d’espoir malgré les circonstances du moment.
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Aussi, le savoir que nous détenons ne saurait être un privilège ni un luxe. Savoir appelle par contre responsabilité. L’Eglise protestante du Congo nous aura servi de cadre à la tenue d’un conclave des ‘cardinaux du savoir’ pour honorer l’un des meilleurs d’entre nous. Avec Prof Dr Denis Mukwege, nous n’appartenons pas à un peuple qui se lamente, désespéré et pleurniche a longueur des journées. Nous revendiquons l’appartenance à un peuple qui espère, qui lutte et qui gagne toujours selon la révélation qui fut donnée à un jeune comme Rossy Mukendi.
En nous référant à notre hymne national, ‘Debout Congolais’, nous n’avons pas reçu un serment de servitude ou d’esclavage mais plutôt le sentiment de liberté (et de dignité) a léguer a notre prospérité. La société congolaise dominée par la ‘culture du spectacle’ et celle de l’avoir au détriment de l’être est une société en crise de modèles ou de ‘rôle modèle’.
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Prof Dr Denis Mukwege est l’un de rares modèles que ce pays peut encore offrir à son peuple, a ses intellectuels et surtout à une jeunesse déphasée, despérée et déboussolée qui devrait pourtant constituer l’espoir de ce peuple. De tous les doctorats déjà décernés par l’Université protestante au Congo, le doctorat honoris causa qui vient d’être conféré au Prof Dr Denis Mukwege est sans conteste le plus prestigieux et le plus honorifique.
Je me réjouis d’être l’un de ses compagnons d’armes dans la lutte pour la restauration de la dignité de la femme et de l’homme congolais par la justice, qui seule élève une Nation et l’Etat de droit qui est le premier qualificatif constitutionnel de la RD Congo, notre pays, et qui ne saurait donc faire l’objet d’aucun marchandage. Nous ne bâtirons pas un Congo prospère ni un pays plus beau qu’avant sans la justice ni l’Etat de droit.
Prof Dr Denis Mukwege s’est battu contre l’inanition de la Nation sur tous les fronts. Il était plus que temps qu’il reçoive les hommages de cette grande Nation. Je suis fier d’être son compatriote. »
Kinshasa, le 10 mars 2020
Professeur Andre Mbata