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    6 prévenus, poursuivis pour assassinat de l’ex-chef du renseignement militaire Delphin Kahimbi; décédé brutalement en février 2020, ont été acquittés ce lundi 7 juin 2021 par la justice congolaise; contre l’avis du procureur qui avait requis la peine de mort, notamment contre la veuve.

    « Les juges ont acquitté aujourd’hui (lundi) toutes les personnes poursuivies pour assassinat du général Delphin Kahimbi »; a déclaré à l’AFP Me Mulumba Tshivuadi, avocat de Brenda Nkoy, veuve de l’officier et principale accusée dans cette affaire.

    Une dizaine de personnes étaient poursuivies dans ce procès ouvert le 3 mai à la prison de Makala. Parmi les accusés figuraient l’épouse et la belle-mère du défunt général, un élément-clé de l’appareil sécuritaire sous l’ancien président Joseph Kabila (2001-2019).

    Le procureur avait requis la peine de mort pour assassinat contre Mme Nkoy et 20 ans de prison pour les autres accusés, a indiqué Me Mulumba.

    Le procureur a pourtant été « incapable de fournir la moindre preuve matériel » pour prouver la culpabilité de la veuve, a estimé l’avocat.

    Pour Me Mulumba, « la justice a été dite. C’est un soulagement, vive l’état de droit », s’est-il réjoui.

    Chef du renseignement militaire, sous sanction de l’Union européenne (UE), le général Delphin Kahimbi est décédé brutalement le 28 février 2020 à l’âge de 50 ans.

    Ce jour-là, sa veuve ( Mme Brenda Nkoy) avait alors déclaré à l’AFP que l’officier est décédé « d’une crise cardiaque » à son domicile.

    Nommé à l’époque de l’ancien président Joseph Kabila, M. Kahimbi était l’un des douze officiels congolais sous sanctions européennes pour atteintes aux droits de l’homme dans les dernières années de l’ancien régime (2015-2018).

    Dans la semaine ayant précédé sa mort, il avait été suspendu de ses fonctions et entendu par le Conseil national de sécurité (CNS), selon des sources concordantes.

    Des zones d’ombre persistent

    Resté en place après l’investiture de M. Tshisekedi en janvier 2019, le général Kahimbi était accusé d’avoir mis en place « un système d’écoute des autorités », d’après une source militaire.

    La veille de sa mort, son domicile avait été perquisitionné, sa garde relevée et remplacée par des éléments de la Police militaire

    Quelques jours après sa mort, le Chef de l’État avait déclaré, lors d’un conseil de ministres, que les éléments en sa possession indiquaient que Delphin Kahimbi avait été tué par étranglement.

    Après les obsèques du général, sa veuve a été mise en résidence surveillée puis arrêtée ainsi que la mère; le neveu et le pasteur de la veuve Kahimbi, ainsi qu’une autre dame accusée d’avoir facilité l’embauche d’un domestique ayant disparu après le décès de Delphin Kahimbi.

    Mais des zones d’ombre persistent, même après cet acquittement. En effet, le Général Yav, lors de sa comparution en qualité de renseignant le 20 mai dernier, avaient donné des versions contradictoires avec la veuve de Kahimbi, ainsi que son chauffeur.

    Alors que le Général Yav a déclaré que la veuve Kahimbi lui a montré la corde qui avait attaché le corps du défunt, l’épouse du feu Général Delphin Kahimbi, a affirmé n’avoir pas vu de corde au cou de son mari. Invité aussi à comparaître, le chauffeur du Général décédé a lui aussi affirmé n’avoir pas vu de corde.

    Selon la veuve, le général est décédé à l’hôpital du Cinquantenaire, contrairement aux rapports des enquêtes de la justice militaire. Le rapport d’autopsie évoque pour sa part une pendaison incomplète et atypique.

    Après plus d’une année d’enquête et un procès devant le tribunal de Grande instance de Kinshasa-Gombe, la justice n’aura donc pas élucidé les circonstances exactes de la mort de Drlphin Kahimbi, ni même conclure s’il s’agissait d’un meurtre ou d’un suicide.

    «On espérait que ce procès nous donnera des éclaircissements sur toutes les questions qui étaient restées sans réponse. Mais hélas, le tribunal s’est contenté de dire que l’infraction d’assassinat mise à charge des prévenus n’a pas été établie. Même s’ils sont innocents, cela ne dit pas si Delphin Kahimbi s’est suicidé comme précédemment allégué. Et si c’est le cas, on devrait nous dire pourquoi. Ou s’il a été tué, et que ses assassins continuent de courir librement et sans plus d’inquiétude,» dit un membre de la famille du général Kahimbi.

    Entre-temps, la justice a ordonné la restitution de tous les biens des prévenus saisis. Mais les parties civiles ont souhaité interjeter appel.

    Museza Cikuru

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