Trois personnes sont décédées dans deux événements tragiques sur l’axe Kaziba-Mushenyi en territoire de Walungu au Sud-Kivu en milieu de semaine.
Le premier drame ; c’est l’assassinat par balles, dans la matinée du 23 Juillet d’une personne, motocycliste de son état, par des bandits armés vers Mushenyi, un village séparant la Chefferie de Ngweshe à celle de Kaziba. Il quittait Luhwindja pour Bukavu en territoire de Mwenga.
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Le deuxième drame, relève de la Justice populaire devenue une routine dans la province du Sud-Kivu.
En effet, des personnes identifiées comme des motocyclistes en colère après l’assassinat de l’un d’entre eux ont tué deux personnes qu’ils ont soupçonné auteures du meurtre.
Il s’agit en réalité de deux « boys chauffeurs » travaillant pour les camions d’un privé sur cet axe routier qui ont été confondus aux voleurs.
En effet, explique Musimwa Bisharhwa Israël, leur patron, ces deux hommes voulaient quitter Kaziba pour Bukavu afin de rendre visite à certains membres des familles.
«… Arrivée à Mushenyi, ils sont tombés dans les mains de la population qui les a confondus, par leurs tenues de ‘boys chauffeurs’ qu’ils portaient, avec les assassins de leur collègue. C’est ainsi que la population a commencé à les menacer. Ils seront sauvés là-bas par Monsieur Masonga, le Chef du village. À la question de savoir qui étaient-ils, ils lui avaient dit qu’ils étaient des boys chauffeurs de Bisharhwa. Masonga leur avait qu’il connaît Bisharhwa. C’est ainsi qu’il a arrêté un camion en destination de Kaziba pour les amener à la chefferie afin d’y vérifier s’ils étaient réellement des boys chauffeurs de Bisharhwa », explique-t-il dans un long message sur les réseaux sociaux.
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Pendant qu’ils étaient en route pour Kaziba, poursuit Bisharhwa, les motards de Mushenyi ont alerté leurs collègues de Kaziba pour leur informer que les assassins de leur collègue venaient d’être attrapés et mis dans un camion les transportant jusqu’à la Chefferie de Kaziba.
« Informés, les motards de Kaziba sont partis les attendre en cours de route. Arrivée au niveau du pont de chez Munenwa à Ngando, ils ont tenté d’arrêter le camion et par malheur il y a eu crevaison du pneu et le véhicule s’était arrêté. On a fait descendre les deux boys chauffeurs pour les abattre sur le champ. Ils ont été brûlés à l’aide de l’essence et des bois de chauffe », regrette-t-il.
La Collectivité a contacté le Procureur et l’administrateur du Territoire à Walungu. Le Procureur aurait donné l’autorisation de levée des corps. Mais ces deux corps étaient restés au lieu de leur assassinat jusque dans la nuit du 23 au 24 juillet.
Une justice de la jungle qu’il faut décourager
Comme ces deux boys chauffeurs, nombreuses personnes perdent leurs vies parce qu’accusées à tort ou à raison d’avoir été auteures ou coauteures d’un crime. Des habitants parfois manipulés décident sans autre forme de procès de tuer des personnes et de les brûler.
Pourtant, les lois du pays rappellent que nul ne peut se rendre justice. Malheureusement, l’État semble impuissant face à ces actes contre des suspects ou des présumés criminels qui ne trouvent aucun droit de se défendre. Nombreuses meurent alors qu’elles ne sont liées ni de près ou de loin à un événement. Ils peuvent juste être au mauvais endroit au mauvais moment.
« Nous sommes très attristés de voir que dans un pays où le Chef de l’État a fait de l’État de droit et le Peuple d’abord son slogan, l’on tue au jour les jours les paisibles citoyens sans défense. La sécurité et la justice, ce sont des piliers parmi les plus importants d’un État de droit. Nous exigeons qu’une enquête soit faite pour identifier les commanditaires de ces meurtres abjects », tranche Israël Musimwa.
Aucun procès contre des présumés auteurs des cas de Justice populaire
Malgré la persistance des cas de justice populaire, la justice du Sud-Kivu n’a quasiment pas organisé des procès publics pour juger des personnes parfois visibles sur des images en train de passer à l’action pour tuer et/ou brûler des citoyens accusés.
Pourtant, les défenseurs et organisations des droits de l’homme rappellent que cette pratique est inhumaine et inacceptable dans un État qui fonctionne. A quand donc l’arrestation des personnes impliquées dans des cas de justice populaire au Sud-Kivu? A quand des procès exemplaire pour arrêter pareilles violations graves des droits de l’homme? Les yeux restent braqués sur le palais de justice!