Resté priant Dieu pour le « FatshiVit » qu’il avait béni en fin 2018 , sur exhortation de Madame Alphonsine M’Nkingi, Mère biologique de Vital Kamerhe, l’Abbé Kabazane, Curé de Walungu, avait certes suivi religieusement toutes les stations du chemin de croix de son paroissien Vital Kamerhe, qui introduisit le futur Chef de l’Etat dans la capitale du Bugweshe sous une pluie battante.
Ce Prêtre miraculeux, humoriste et compatissant, sorti vivant d’un accident mortel en 2003, aussitôt ordonné, avait choisi le camp des malheureux et des blessés de la vie à travers son initiative «Action Mains Secourables ».
Comme une mère en douleur qui pleure son fils, il a encouragé les siens à rester suppliants les yeux levés au Ciel et à maintenir le lien de la paix et le respect de toute personne, pendant que Vital exhortait à laisser la justice faire son travail.
Après la concrétisation du «Tu n’échapperas pas » des « co-décideurs « de la vie après Dieu, ce samedi inoubliable du 20 juin 2020, le Curé, sans sentiment pervers, exhorte son paroissien et tous les malheureux à garder le courage et l’espérance, par un vieux commentaire d’un match qu’il fit en 2010 : Si Vital Kamerhe est rangé du côté malien, il n’y a nul doute que chacun de nous pourrait se régaler à la table du Curé de campagne.
« Un spectateur chrétien au match Angola-Mali ce dimanche 10 janvier 2010: vers une leçon de persévérance et d’espérance
On ne le dira jamais assez, le match qui a ouvert la CAN 2010 en terre angolaise est un miracle, mieux une surprise aux mille leçons. Des commentaires, on en a suivi de toutes sortes ! Plusieurs ont vu dans le dénouement de cette situation compétitive à Luanda une leçon historique.
Au fait, nul ne peut dire avec précision la ligne que prendra l’histoire, tant personnelle que collective. Les raisons pour lesquelles le Mali pourrait se décourager un quart d’heure avant le dernier coup de sifflet étaient multiples : il se battait en terre étrangère, d’où il avait peu de fanatiques par rapport à l’équipe adverse qui a entendu pleuvoir pour elle tant d’acclamations des siens. L’équipe de la surprise était déjà battue à plate couture (4-0), un score visiblement irrécupérable. Tous les commentaires-y compris ceux des journalistes- étaient que « tout est fini ! ». Tous avaient oublié que les heures sombres sont les heures de Dieu et que pour lui il n’y a pas de situation désespérée.
Vraiment c’était l’épreuve pour le Mali ! Un grand mis à genoux, disaient certains. Rien ne pouvait, jusqu’à la soixante quinzième minute de jeu, faire miroiter une fin heureuse aux Éperviers. Dieu les a-t-il livrés à l’opprobre ?
En effet, c’est quand Dieu semble absent qu’il est réellement présent. Et son Christ glorifié a d’abord était un Christ fortement humilié, au visage défiguré, sans beauté ni éclat, presque semblable au visage des mêmes lépreux qu’il avait purifiés.
De même qu’au peuple d’Israël- accablé au désert « le quinzième jour du second mois qui suivit leur sortie d’Egypte » (Ex 16,1)- Yahvé prouva qu’il est le Dieu de l’impossible, jusqu’à la surprise de la manne qui leur fit dire l’un à l’autre « Man hû ! » (Qu’est-ce cela ?) (Ex 16,15), de même la soirée du 10 janvier 2010, dans la dernière quinzaine des minutes à jouer, l’on s’est convaincu que Dieu peut écrire droit sur des lignes courbes et brisées. L’égalisation (4-4) inattendue n’était-elle pas une forme de manne pour un peuple prêt au murmure, à l’humiliation et au découragement en Angola?
« Man hû ! » (Qu’est-ce cela ?). Certains ont condamné ! Ils disent que, rassuré presque de la victoire, le pays organisateur de la CAN 2010 n’avait plus à laisser s’épuiser certains de ses meilleurs joueurs et que leur sortie du terrain aurait déséquilibré l’équipe. D’autres estiment que le pays de KEITA, confiant en ses éléments, en a conservé les plus déroutants pour le quart d’heure crucifiant. Les uns et les autres ont peut-être raison !
Positivement, il faut louer le courage, la persévérance et l’espérance des héros du dernier quart d’heure. Au fait, la force ce n’est pas quand on sait vaincre mais quand on sait être vaincu sans se laisser abattre par le découragement. Beaucoup de gens ne sont pas entreprenants, quand ils aperçoivent un échec éventuel, ils crient à la démission, croisent les bras et attendent fatalement le sort. Le pire, à mon sens, ce n’est jamais l’échec mais de n’avoir pas osé. Même quand on meurt- ce qui parait échec total pour certains- il faut toujours combattre car, « La mort n’est rien. Vive la tombe quand le pays en sort vivant ! En avant ! » (Paul DEROULEDE).
Attention mes frères ! Un arbre cassé n’est pas encore du bois mort. Y croire serait une forte illusion comme qui se leurrerait croyant que tout homme à l’œil ouvert veille et que tout homme à l’œil fermé dort.
Tirons donc nos leçons des événements de cette vie, apprenons que les réalités d’aujourd’hui sont des utopies d’hier et les utopies d’aujourd’hui, les réalités de demain.
Hommes, tant que tu vis évite le découragement ! Une anecdote enseigne qu’un jour le diable, après avoir terrassé les hommes et précipité d’autres en enfer résolut, au regard des ravages causés par ses astuces, d’en finir et de vendre aux enchères les artifices utilisés à cet effet. Il vendit tout, tout sauf le découragement qu’il garda jalousement dans son tiroir parce que, disait-il, même quand j’aurais tout vendu ou perdu, avec le seul découragement je récupère mes choses ! En effet, un homme découragé est capable du pire, voire le suicide !
Le Chrétien, l’homme qui croit en Dieu, saurait-il succomber au découragement ? Dans notre vie d’hommes et de chrétiens, tout y est pour qu’on soit fatigué et découragé : les échecs, les injustices sociales- où quelques minorités savent confisquer les labeurs des autres et en tirer profit quand ils croupissent dans la misère-, les incompréhensions, les abandons de Dieu et des hommes, les intrigues, les crimes, bref des nuits qui n’ouvrent pas au matin et où l’on crie « mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Mt 27,46).
Même là, ce n’est pas encore la fin. Nous savons que les grandes inventions sont l’œuvre d’hommes qui ont souvent semblé travailler pour rien, mais alors des hommes au courage invincible qu’aucun échec n’ébranle.
Par ailleurs, la persévérance que nous exaltons n’a rien à faire avec la témérité. C’est la garantie que Dieu ne nous abandonne jamais.
Courage, chers blessés de la vie, la guérison est possible !
Courage, vous les exclus et les mal aimés, demain peut être l’heure de réhabilitation. Courage, oubliés d’aujourd’hui et incompris de cette heure, demain peut parler de vous. Courage, majorité écrasée, le deuil peut se changer en joie !
Apprenons enfin que « les applaudissements des hommes se tairont un jour » (Card- MALULA). Très vite rassurés par cette vie instable et constamment insécurisée- puisque rien n’est sûr, tout coule et rien ne reste, le malheur comme le bonheur, tout bouge – (Dieu seul est Éternel, fort, riche et puissant et son ciel est stable)– nous oublions que Dieu peut tout donner ou tout nous ravir. Aussi, notre gloire et notre possession d’aujourd’hui peuvent se changer, en très peu de temps, en une grande disette comme notre dénuement d’aujourd’hui peut facilement devenir demain une richesse inouïe si le démon du découragement ne s’accapare pas de nous.
Voilà pourquoi un péché, si mortel soit-il, assumé et accepté humblement sous le regard de Dieu, peut se changer en grâce. La Sainteté n’est pas, en elle-même, le fait de n’avoir pas offensé Dieu, mais plutôt le fait de savoir lui offrir, en toute humilité et vérité, les limites, les faiblesses et les péchés inhérents à la nature humaine blessée par le péché d’Adam.
Tout avoir sans Dieu, c’est tout perdre, tout perdre pour lui, c’est tout gagner. A la louange du Christ. Amen.
Fait à Murhesa, 11 janvier 2010 (1h30’)
Abbé Jean-Baptiste KABAZANE