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    Abbé Bagenda Banga Jean-Pierre, est un jeune  Prêtre  de l’archidiocèse de Bukavu. Ancien Vice-Président de l’Union des Prêtres Locaux (UPRELO), Abbé Banga est actuellement à Kinshasa où il poursuit sa formation. Dans cette tribune que vous propose LaPrunelleRDC.info, l’abbé Jean-Pierre Banga revient, 25 ans après le décès de Christophe Munzihirwa, sur sa ce qu’a été cet homme assassiné lâchement par des rebelles soutenus par le Rwanda. Il pense également à nombreux, qui, à l’instar de Munzihirwa, se sont battu pour protéger l’intégrité de la République Démocratique du Congo. (Tribune).

    « Les cieux proclament la gloire de Dieu ; les cieux proclament l’œuvre de ses mains. Ils prononcent des discours jour après jour ; nuit après nuit ; ils révèlent la connaissance » (Ps 19,1-2).

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    Vingt-cinq ans, jour après jour, nuit après nuit, nous nous rappelons ce que fut Mgr Munzihirwa pour Dieu et pour les hommes. Point n’est besoin de reprendre la biographie du Serviteur de Dieu. Nous disons tout simplement notre reconnaissance à Dieu qui a mis en son cœur un amour de plus en plus débordant, jusqu’au don de sa vie. C’était le 29 octobre 1996, pendant que la ville de Buakavu venait d’être assiégée par une armée étrangère. Une armée violente et meurtrière issue d’un complot international. L’Archevêque de Bukavu a été une cible pour les occupants. Aujourd’hui nous commémorons sa vie toute donnée à Dieu, par amour de Dieu et du prochain.

    Le Serviteur de Dieu, Christophe Munzihirwa, est dans la clarté de Dieu. Nous le célébrons parce que nous le croyions vivant. Il est bel et bien présent dans notre mémoire collective. C’est à ce moment que résonne la parole de Jésus dans nos cœurs : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr et l’âme et le corps dans la géhenne » (Mt 10,28).

    En commémorant ce héros qui est aujourd’hui dans la Lumière de Dieu, nous pensons aux survivants et aux trépassés qui ont risqué leur vie comme ambassadeurs de la paix dans les régions de Grands Lacs.   Nous pensons particulièrement à :

    1. Abbé Bahala Jean-Bosco

     Avec sa théologie de Libération, il bravait la peur pour interpeller les occupants meurtriers et exploitants des « minerais de sang ».

    1. Abbé Gilbert Kadjemenje Bashibalera

    Dans le livre « Cibles », écrit avec le Père Neno Contran, a inventorié les assassinats et massacres commis en Afrique et surtout dans la régions de Grands-Lacs dans des contextes de guerre.

    1. Mgr Maroy François- Xavier

    Par ses prédications apostoliques et lettres pastorales, il a toujours exhorté les décideurs des pays puissants et les distributeurs des armes meurtrières d’entrer dans le schéma de la paix et abandonner la guerre d’exploitation des peuples de la périphérie. Il a même demandé aux fabricants des armes de forger plutôt de Crucifix de Jésus en vue de l’éclosion de la paix en Afrique et dans le monde.

    1. Dr Kamerhe Vital

    Il a tout donné dans un pays déchiré par la guerre. Alors que la guerre faisait tâche d’huile et la R.D.Congo divisée en morceaux. Celui que l’affection fait appeler VK, s’est toujours interposé comme une offrande, « Libonza en lingala, Ntulo en mashi », gage de la paix, dans des dialogues de paix dans différents coins du monde. Sa voix de Pacificateur résonne encore comme une cymbale qui claironne dans les cœurs de plus d’un congolais. Il est parmi les rares, sinon l’unique politicien de renom qui a écrit un livre sur Mzee Munzihirwa à travers le titre « Vers une politique chrétienne sur les pas de Messeigneurs Munzihihirwa, Kataliko Et Mbogha ».                 

    Aujourd’hui ce document précieux est à Rome dans le cadre de la béatification de Mgr Christophe Munzihirwa. A la huitième page, il écrit : « Je m’interdis de le croire. Est-ce encore un hasard que la campagne pour les élections 2011, débute le 28 octobre, la veille de l’anniversaire de son 15ème anniversaire de martyre ? Il faut renoncer à le penser. 15ème ! Ne serait-ce pas  que du Ciel où il continue  son plaidoyer avec Kataliko et les autres héros nationaux, il veille et intercède pour le Congo ? Je me permets de croire et alors je fonde là mon engagement et ma ferme espérance pour un Congo meilleur, ma foi dans un Congo fort, prospère et stable au cœur de l’Afrique. La République Démocratique du Congo  a vocation d’être une terre paisible et d’espoir pour son peuple, pour ses voisins, l’Afrique et pour l’humanité. J’ai eu à le démontrer dans mon livre : ‘Le fondement de la politique transatlantique : la République Démocratique du Congo, terre d’espoir pour l’humanité ».

    En ce moment particulier de Mzee Munzihirwa, il est plus qu’intéressant de s’atteler sur ces paroles  qui ont une valeur prophétiques. Déjà en 2011, le Pacificateur écrit : « En pleine guerre, alors que l’autorité politique s’était éclipsée, l’unique voix des opprimés et des sans voix qui se faisait entendre était celle du héros Munzihirwa. On dirait qu’il avait fait un vœu privé et résolu de ‘combattant pro-Dieu’ et ‘pro-homme’ » (p2). 

    Parlant des serviteurs de Dieu Munzihirwa et Kataliko, Dr Vital Kamerhe, appelé aujourd’hui Lula du Congo, montre que « leur combat a toujours été celui du triomphe du bien sur le mal, de l’amour sur la haine, de la justice sur l’injustice, des valeurs chrétiennes sur les antivaleurs,… un laïc chrétien n’est pas un fuyard. Certes, il aura à se heurté au choc du réal politique mais il est appelé à être Roi capable de laver les pieds  de ses sujets à l’instar du Christ, un Seigneur à genoux pour servir humblement. » (pp10-11).

    Lire aussi: UCB : le titre de Docteur Honoris Causa décerné à Mgr Munzihirwa à titre posthume

    En vertu de son respect pour les hommes de Dieu, en tant que fils d’un ancien séminariste et d’une mère profondément légionnaire, tous deux de Walungu, Dr Vital Kamerhe, désapprouve le comportement de ses compatriotes qui manquent le sens du sacré en ces termes : « Certains de nos frères humains ont du mal à supporter les hommes habités par Dieu et sa vérité. Que Dieu pardonne notre terre et que le sang de Munzihirwa nous lave de toute souillure pour rester frères et qu’il change notre passé d’infidélité en présent de grâce » (P 14).

    En fait, ce livre du Président de l’Union de Nation Congolaise, est une sorte de prophétie, dont nous vivons aujourd’hui la lueur de réalisation. Plus que tout le monde, le 15 octobre 2011, Vital Kamerhe a écrit ce qui est comme une flamme d’amour pour nous tous aujourd’hui à l’égard du Serviteur de Dieu. Tout le monde  veut voir Mzee Munzihirwa béatifié comme l’a écrit prophétiquement l’Aigle de Bulwi,  il y a dix ans en ces termes : «Il serait pour nous, outre les nombreux miracles dont le peuple fera rapport à son temps, une autre raison de hâter notre demande à Rome, de permettre au peuple congolais de prier et d’honorer, à la catholique, ceux que plus d’un appellent martyrs ou saints. Que les prières et les actes de privation et de solidarité que s’impose le peuple congolais en ce temps nous soutiennent tous et nous obtiennent la grâce de bons politiciens. Messeigneurs Christophe Munzihirwa, Emmanuel Kataliko et Charles Mbogha, obtenez-nous la grâce de parler et de vivre la paix et le dialogues*. Que les répercussions de votre intercession se fassent nombreuses sur la vie sociale et politique des congolais » (p18).

    Nulle personne ne saurait sauter à pieds joints cette profonde méditation d’un homme politique et chrétien, figure de proue de la politique congolaise, en la personne de l’Honorable Vital Kamerhe. Un homme doux et calme avec une âme façonnée par Dieu pour faire du bien sans mesure. C’est un « ange politique » doté d’un « gilet de sauvetage » au secours d’un pays qui traverse ses habituels tourbillons. Ce fils du Bushi est aujourd’hui victime d’un complot mais Dieu veille sur lui, sa patrie observe et prie.

    1. Mgr Kataliko

    Dans ses prédications il disait : « Les évêques doivent parler parce que le peuple souffre ; Nous ne voulons pas un pays morceaux-morceaux ».L’Archevêque métropolitain de Bukavu a été relégué dans son diocèse natal de Beni-Butembo et cela pour sept mois. Le pouvoir rebelle R.C.D a accepté son retour à Bukavu plusieurs mois après sa relégation. En fait, il est venu juste pour signer son départ vers le Père dans un contexte de guerre.

    1. Sa Majesté Pierre Ndatabaye

    Il a été un grand appui et un pilier solide pour une résistance pacifique face aux rebelles de tout bord qui tuent, violent et pillent. Il a passé beaucoup d’années dans la clandestinité et en péripatéticien au milieu de son peuple du Bugweshe. Sa Radiotélévision Mulangane, était la plus suivie dans la région et à travers laquelle  il réconfortait son peuple.

    1. Dr Mukwege Denis

    Sa proximité humaniste pour accompagner les femmes victimes des atrocités des conflits armés est sans pareille. Aujourd’hui il est surchargé par beaucoup des prix. Mais un seul prix peut apaiser son cœur aujourd’hui : juger les criminels décriés dans le rapport « maping ».

    1. Abbé Malumalu Apollinaire

    Il avait accepté la lourde charge de présider la CEI dans des situations délicates et des tensions politiques dans la sphère de 1+4.

    Lire aussi: Bukavu: 24 ans après son assassinat, Mgr Munzihirwa reste un symbole de la résistance

    Cette liste n’est pas exhaustive, s’il faut y ajouter nos généraux militaires comme : Nabiolwa, Mbuza Mabe,  Karendo, Kahasha Albert, Odilo, Civiri…

    Que le Serviteur de Dieu Christophe Munzihirwa, jette sur eux un regard bienveillant et obtienne aux Congolais et leurs voisins une paix durable que nulle armée au monde ne peut procurer!

    Abbé Banga Jean-Pierre »

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