L‘Assemblée nationale a adopté vendredi 4 juin dernier, la proposition de loi organique modifiant celle de 2010, portant organisation et fonctionnement de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI). Celle loi qui initie plusieurs réformes, divise cependant la classe politique congolaise.
Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, l’Abbé Jean Baptiste Nsibula, insiste auprès des différentes composantes du Bureau, pour que leurs candidats à différents postes soient d’une bonne moralité, afin d’avoir des élections apaisées et indépendantes en 2023.
COURSE AU POUVOIR : composition du bureau et plénière de la CENI/RDC
D’après une expérience vécue par moi-même, comme agent au Centre local de compilation des Résultats (CLCR) en 2006, avec l’autorisation expresse de ma hiérarchie ecclésiastique, et comme électeur intéressé à toutes les opérations électorales organisées depuis lors dans notre Pays ; il s’avère que certains Congolais courent à l’aventure sans peser les tenants et les aboutissants.
C’est sûr que pour les quinze postes alignés par la loi, nous avons une pléthore de candidatures. Souvenons-nous, par exemple, que pour quarante-quatre sièges électifs à la députation provinciale au Sud-Kivu, il avait été enregistré 1256 Candidatures.
Les quinze postes sont encore compétitifs entre les huit confessions religieuses et la Société civile dans sa diversité, tout en tenant compte de la primauté des Partis et Regroupements politiques aussi bien de la Majorité que de l’opposition.
Heureusement d’ailleurs que la loi nous épargne d’une campagne électorale à ce niveau. Sinon, peut-être on assisterait à des séances malsaines de rings comme on en connait dans certains Parlements au monde.
Toutefois, cette loi précise à l’article 12 : » Les membres de la CENI sont choisis parmi les personnalités indépendantes reconnues pour leurs compétence, intégrité, moralité, probité et honnêteté intellectuelle ».
La Bible appuie bien cette loi quand elle enseigne que » Un roi sans instruction est la ruine de son peuple, une ville doit sa prospérité à l’intelligence des chefs. Aux mains du Seigneur est le gouvernement du monde. Il suscite au bon moment le chef qui convient » (Si 10, 3-4). Nous pouvons donc demander au Maitre -Roi du monde de nous donner de bons guides à la tête de la CENI, pour le salut de la Nation.
Cependant, dans cette logique de choix des guides, Dieu n’agit pas seul, il a besoin de la collaboration humaine. Il nous fait confiance. Il convient pour cela d’insister ici que les différentes composantes en lisse devront faire attention à étudier minutieusement les candidatures selon les conditions préalablement fixées, afin d’éviter les chevauchements et les enchevêtrements et que la course au pouvoir ne trouble rien.
Que le démon de la division soit vaincu !
» Que personne ne cherche son propre intérêt mais celui des autres » (1 Co 9,24), à l’instar du Fils venu pour servir et non pour être servi (cf. Mc 10, 45).
Ceux qui traiteront les dossiers devront implorer la lumière du Saint Esprit et rester éveillés selon cet avertissement de l’apôtre Paul : » Soyez sobres, soyez vigilants, votre adversaire le démon va et vient à la recherche de sa proie » (1P 5,8).
Le Congo est très convoité, attention ! Pour gagner la course à tout prix, on risque de tout sacrifier et tous les moyens risquent d’être bons. Il pourrait y avoir des candidatures issues des partis politiques qui n’existent pas ou issues des confessions religieuses non-alignées parmi les huit reconnues. Car, d’ailleurs, j’ai entendu quelqu’un dire, en souriant, que c’était pour lui une occasion de fonder la neuvième confession religieuse : les noms ne manquent pas !
Si une nouvelle confession religieuse peut naitre, qu’en serait-il pour les partis politiques (sept cent environ au Pays) et les soixante-dix-neuf Regroupements politiques ? Aussi, même quelques téméraires rejetés par la loi, ne se retiendraient pas à déposer leurs candidatures par -ci ou par -là, pourvu qu’on se tape une place de choix dans la classe dirigeante et goûter au lait et au miel du Pays de Lumumba et de Joseph Kasavubu.
Ce n’est pas tout. Une confusion savamment charpentée pourrait être observée au niveau de la Société civile avec toute sa pluralité : société civile privée, Société politico-civile, etc. Par ailleurs naitrait peut-être une transhumance volontaire dans des confessions religieuses, hier catholique, aujourd’hui kimbanguiste et demain pentecôtiste, etc.
Tout simplement, disons qu’il ne faudrait pas que l’organisation de la CENI soit une occasion pour que les chauves-souris se glissent tantôt comme oiseaux tantôt comme mammifères selon les opportunités. Aussi, les déboutés d’hier pourraient malignement ressurgir comme dans une pêche en eau trouble.
C’est par des femmes et des hommes préparés à la tâche que la transformation voulue par le Chef de l’État doit s’opérer à travers l’organe CENI, en vue de l’avenir heureux des Congolais, par la promotion d’un nouveau type d’homme et de femme, capable d’inventer et créer l’avenir et construire un Congo prospère et respectable.
A ces concitoyens en course et à ceux qui examinent les candidatures, Saint Paul dirait de bon droit : « Tenez-vous donc debout avec la vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse, et pour chaussures le zèle à propager l’Évangile de la paix » (Eph 6, 14-15). La paix au Pays est aussi fonction du choix des animateurs de la CENI.
Les candidatures devraient être passées au peigne fin, sans complaisance et sans parti pris pour ne susciter aucun conflit d’intérêt afin de privilégier le bien suprême de la nation, en lui trouvant des femmes et des hommes qu’il faut à la place qu’il faut, en évitant des extrapolations dans les analyses et les hypothèses.
Un peu d’honnêteté scientifique, d’amour du Pays et de conscience droite qui ne sacrifient pas les hommes aux intérêts égoïstes, suffit pour que la CENI agisse en ce Pays à la manière d’un levain qui fait lever toute la pâte pour un bon pain (cf. Mt. 13,33).
Et plus tard, le choix judicieux des membres du Bureau de la CENI aura un impact incontestable de toute l’opinion sur la préparation, l’organisation et la supervision des élections libres, transparentes et démocratiques à la satisfaction de tous.
Ainsi seulement les Congolaises et Congolais pourront allègrement chanter « debout Congolais, unis par le sort pour l’indépendance ».
Abbé Kabazane Nsibula Jean-Baptiste