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    Jacques Rukeba est notable du Sud-Kivu et Ministre provincial honoraire des transports et voies de communication. Il a suivi comme tout le monde l’actualité liée aux drapeaux « République du Kivu » hissés dans la ville de Bukavu en début du mois de Juillet en cours. Dans cette Tribune, Jacques Rukeba qui dénonce l’idée sécessionniste véhiculée par ces « drapeaux », appelle à creuser dans les profondes aspirations des habitants pour comprendre le message caché derrière cette action.

    Jacques Rukeba revient sur un certain nombre des problèmes que traversent les habitants de l’Est et qui pourraient gravement nuire au sentiment de l’unité nationale. Une unité qu’il appelle à prêcher par la gestion équitable de la chose publique, la sécurité, la bonne gouvernance. Ci-dessous la Tribune que vous propose Laprunellerdc.info. 

    « La nuit du 30 juin au 1er juillet 2020, la population de Bukavu s’est réveillée sous la psychose des « drapeaux » de la « République du Kivu » hissés dans plusieurs points chauds de la ville jusqu’au centre-ville; au collège Alfajiri.

    Surpris et dépassé de cet événement inédit, le commun de mortel, le lie à l’arrestation de Kamerhe et même à la mort inexpliquée du feu Delphin Kahimbi.

    Pourtant, la population de de Bukavu s’est toujours illustrée par la résistance aux différents mouvements de la rébellion du RCD, du CNDP, du M23, suspectés de vouloir balkaniser l’Est du Congo.

    Qui peut nous faire croire que la commande ou l’impression de ces drapeaux jusqu’aux manœuvres de les hisser, en déviant les services de sécurités, est un fait qui naît avec l’arrestation de Kamerhe, à tendance nationaliste ?

    Par contre, je crois que cette arrestation a servi d’un fonds de commerce aux sécessionnistes, qui ont trouvé l’opportunité de lancer leur ballon d’essai de la balkanisation, en vue de jauger l’opinion et d’influencer quelques esprits faibles et tribaux, pour les attirer dans le filet, leur tendue.

    Cependant, pour une population connue pour son nationalisme prouvé, pour qu’il y’ ait des gens peut soient-ils qui manifestent un comportement aussi atypique que celui-là, il faut creuser profondément dans les aspirations de la population, pour tenter de comprendre le message caché derrière cette action de haut risque.

    Primo: La population du Sud-Kivu vit sous le traumatisme d’une insécurité quasi-pérennante, qui a provoqué l’exode rural vers les centres urbains. Les populations qui fuient la guerre à l’intérieur transportent à leur tour, l’insécurité physique et alimentaire dans des milieux urbains où ils viennent s’installer sans moyens de survie.

    Ce mouvement difficile à arrêter, les oblige à bâtir sur des sites impropres dans la périphérie d’une ville accidentée, et entraîne plusieurs victimes à chaque saison de pluie.

    Secundo: Bukavu, une ville reconnue pour son dynamisme, déplore également la mauvaise gouvernance, la pauvreté et la misère de sa population, contrainte de dépendre économiquement des pays voisins comme L’Ouganda, le Burundi et surtout le Rwanda devenu « Dubaï » de Bukavu et de Goma.

    Ce pays en pleine croissance économique est devenu la porte d’entrée et de sortie de nos populations de l’Est, qui voyagent vers l’étranger, et même ceux qui voyagent sur Kinshasa.

    Les commerçants de Bukavu logent leur argent dans des banques de Kigali et se font soignés par des médecins congolais, travaillant dans des hôpitaux bien équipés du Rwanda.

    Le commerce et le trafic transfrontalier tournent en faveur du Rwanda qui a l’avantage d’avoir des infrastructures routières.

    Les populations de Bukavu et de Goma communiquent aisément et à moindre coût avec les réseaux rwandais interconnectés sur la fibre optique.

    Les maisons de location, les restaurants et les hôtels de confort de Kamembe au Rwanda sont fréquentés par des congolais de Bukavu qui les paient moins chers.

    Il est aussi signalé la fuite des cerveaux congolais vers Kigali qui emploie des congolais dans tous les domaines de la vie.

    Pour ces peuples qui partagent une même aire géographique et culturelle, il y’a lieu de redouter que cette dépendance économique réduise les liens entre Kinshasa et la population de l’Est du pays.

    Il est important que l’unité du pays soit démontrée plus par la gestion équitable de la chose publique, que par des slogans politiques qui ne donnent pas à la population sa paix et son pain.

    Combien vexant de voir les congolais de Bukavu, obligés d’emprunter les routes biens asphaltées et sécurisées du Rwanda et du Burundi pour ressortir enfin à Uvira, leur lieu de destination.

    La population de l’Est a plus besoin de sa sécurité et du développement en vue de ne plus dépendre des pays voisins, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi.

    La mise en place d’une politique de la bonne Gouvernance et de la défense nationale pour sécuriser le congolais du centre comme celui de l’intérieur pourra désarmer ceux qui rêvent la balkanisation du pays en violation de la constitution.

    Personnellement , je crois qu’avec la décentralisation comme mode de gestion du pays, il suffit d’avoir des dirigeants soucieux du bien-être social, pour réaliser le développement de nos Provinces respectives, à l’instar des autres Provinces modèles, comme le Katanga et le Lualaba.

    Fait à Kinshasa, Le 10 Juillet 2020

    Jacques Rukeba

    Notable du Sud-Kivu et analyste des faits socio-politiques »

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