Accès Humanitaire

    Dans une déclaration signée ce mardi 10 Août, le Prix Nobel de la Paix congolais, le Docteur Denis Mukwege rappelle la nécessité « d’assainir » les institutions de la République. Une déclaration de Denis Mukwege qui arrive notamment après la nomination de monsieur Tommy Tambwe Ushindi comme Coordinateur du Programme Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation. (DDRC-S) et pour lequel il exprime sa « circonspection ».

    « C’est dans ce contexte que nous exprimons notre circonspection face à la récente nomination par ordonnance présidentielle d’un ancien chef rebelle du RCD-Goma, du M-23 et de l’ALEC, comme Coordinateur du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabilisation », dit le Docteur Denis Mukwege.

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    Pour avancer sur le chemin d’une paix durable, rappelle-t-il, nos dirigeants devraient retenir les erreurs du passé et rompre avec les politiques qui ont prolongé et aggravé la souffrance du peuple congolais et l’instabilité ayant occasionné des conséquences désastreuses sur la protection des civils.  

    « Depuis Sun City en passant par Lusaka et Kampala, les accords de paix ont systématiquement bradé la justice sur l’autel d’une paix dont les dividendes ne sont jamais parvenus à l’Est du pays. Ces différents accords politiques visant à mettre fin à la violence ont planté les graines de l’instabilité et de la culture de l’impunité en intégrant des éléments des groupes armés rebelles, congolais et étrangers, au sein des forces de sécurité et de défense de la République. En effet, les processus de Désarmement, Démobilisation et Réinsertion sous-financés et bâclés ainsi que les politiques de « mixage » et de « brassage », souvent accompagnées de promotions, ont intégré l’indiscipline au sein des institutions, et ce jusqu’au plus haut niveau de l’Etat » rappelle d’amblée le Nobel de la paix.

    Dans ce message signé en personne, le Docteur Denis Mukwege pense qu’en gratifiant ainsi des criminels au lieu de les traduire en justice, cette stratégie de tireurs de ficelles tapis à Kinshasa, Kigali, Kampala et Bujumbura encourage les groupes armés en brousses à attendre leur tour. 

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    « Cette situation favorise l’émergence d’un système légitimant la violence et la commission de crimes comme mode d’accès au pouvoir. Elle entretient une spirale infernale de violences sans fin et hypothèque l’instauration d’une paix durable. »

    L’engagement du Président Tshisekedi

    Alors  que  le  Chef  de  l’Etat  s’est  engagé  à  placer  la  justice  transitionnelle  à  l’agenda  du  gouvernement  «  pour  bâtir  le  chemin  de  la  réconciliation  nationale  et  de  la  paix  »,  Mukwege continue de plaider pour  l’adoption  d’une  stratégie  nationale  holistique  de  justice  transitionnelle  qui  priorise  des  réformes  institutionnelles  visant  à  prévenir  la  non-répétition  des  atrocités  commises sur les populations civiles, notamment par une réforme profonde des secteurs de la  sécurité et de la justice.  

    Pour le Professeur Mukwege, le lien le plus manifeste entre la justice transitionnelle et la réforme des institutions consiste en  la mise en place de procédures d’assainissement (vetting) qui visent à l’identification et à la mise  à l’écart des institutions publiques des personnes responsables de violations des droits humains  et du droit international humanitaire ainsi qu’à la mise en place des mécanismes de vérification  des antécédents en matière de droits humains de ceux qui aspirent à entrer dans les services  publics.   

    « Ainsi, dans le cadre de la genèse du processus de justice transitionnelle auquel aspire le peuple congolais, le gouvernement devrait entreprendre sans tarder des réformes institutionnelles pour garantir le respect de l’état de droit, favoriser une culture des droits humains et rétablir la confiance dans les institutions », dit-il dans la déclaration consultée par LaPrunelleRDC.Info.

    Les hommes sans sang sur les mains existent

    La Nation congolaise, rappelle encore Denis Mukwege, regorge de  femmes et d’hommes intègres  sans antécédent de violations  graves  des  droits  humains.

    « …et  s’il  existe une réelle volonté politique  d’éradiquer les groupes armés, de stabiliser l’Est du pays, d’assurer le relèvement des communautés affectées par les  exactions des milices qui sévissent dans notre pays depuis 25 ans et d’instaurer une  paix durable; le temps est venu d’exploiter pleinement les potentialités de ce capital humain épris de  paix et de justice et de rompre avec les politiques visant à accorder des promotions à ceux qui  devraient répondre de leurs actes devant la justice », conclut-il.

    Jean-Luc M.

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    Un commentaire

    1. Kalala Jean-Claude on

      Le PR peut comettre toutes les erreurs du monde, sauf celle de nommer un acteur majeur des attrocités de l’Est coordonnateur du DDR. Ce pas possible ! Les gens iront dans la ru contre cette nommination qui crache sur la mémoire des proches tués, assassinés par cet homme !

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