Le deuxième symposium de santé mentale, qu’organise la Fondation Panzi, est une sacré vitrine qui révèle l’importance de la prise en charge psychologique, dans les structures de santé de la RDC, vu l’histoire récurrente des guerres que connaît ce grand Pays. Pour le professeur Denis Mukwege, désormais Prix Nobel de la Paix, les lésions issues des traumatismes psychologiques sont aussi graves que les lésions physiques !
C’est lors de son intervention dans le deuxième symposium de Panzi sur la santé mentale, ce 9 octobre 2018, que le Professeur Mukwege a esquissé la nécessité de l’intégration de cette dimension thérapeutique dans les soins de santé primaire, et l’importance de son application dans toutes les structures sanitaires.
« Il n’y a pas que les blessures physiques qui peuvent détruire la population. Les blessures également psychologiques sont graves. La santé mentale nous permet de prendre les victimes des conflits armés en charge de façon holistique », a lâché le médecin directeur de l’Hôpital de Panzi, devant Caméras et micros des journalistes.
Initiateur du One Stop Center, le Prix Nobel de la Paix 2018 est ardemment outillé en matière de plaidoyer pour l’application de la Santé mentale dans les structures sanitaires. Fort de ses décennies dans la prise en charge des victimes des violences sexuelles, le docteur Mukwege a plein des témoignages peignant la nécessité de cette prise en charge.
« Dans notre expérience, on s’était rendu compte que lorsque les femmes se portaient bien physiquement, comme vous avez résolu le problème physique, elles revenaient toujours avec d’autres plaintes … que vous cherchez sur le plan médical, vous ne trouvez pas ! Ou alors, elles refusaient tout simplement de quitter l’hôpital ! C’est ainsi qu’on va progressivement intégrer la santé mentale dans les soins qu’on donnait ici à Panzi », a-t-il communiqué lors de son intervention dans le symposium.
Si l’intégration effective de la santé mentale demeure un défi, dans la quasi-totalité des structures sanitaires congolaises, elle se fait déjà des partisans. Dans le milieu de la haute hiérarchie du domaine médical, certains cadres ont répondu présent à ces assises scientifiques, et n’ont pas manqué d’exprimer leur admiration :
« Panzi, c’est pratiquement le modèle type de cette intégration, sous le leadership du professeur Mukwege. La première fois que je l’ai vu, il y a dix ans, il avait insisté qu’il faut intégrer à tout prix la prise en charge psychosociale et de santé mentale aux survivantes des violences sexuelles », a témoigné le neuropsychiatre Ildefonse Muteba Mushidi, directeur national du programme national de Santé Mentale (P.N.S.M).
Afin d’offrir une prise en charge holistique aux victimes des violences, en période de conflit, Panzi a instauré le service de prise en charge en santé mentale au sein de son institution. Cette approche a été conçue avec pour mission de guérir les lésions psychologiques, qui était à la base des souffrances chroniques chez des patientes, même au terme du protocole médical physique.
L’approche sanitaire axée sur la prise en charge psychologique supplée à la prise en charge physique, afin d’offrir aux patients un paquet des soins complet. C’est dans le but d’exposer l’application de l’approche santé mentale, dans le modèle de Panzi, que la fondation Panzi a organisé son deuxième symposium de santé mentale dès ce mardi 9 octobre jusqu’au mercredi 10 octobre 2018, en coïncidence avec la journée internationale de la santé mentale.