La question de l’exploitation illicite des minerais dans la région de Mwenga et environs en Province du Sud-Kivu restera-t-elle dans les oubliettes après la grande clameur publique qui a mobilisé le monde ? C’est la principale question au Sud-Kivu alors que les députés provinciaux et nationaux ont nommément cité ceux qui doivent répondre de cette situation dans deux rapports respectifs.
En effet, plusieurs semaines après des débats houleux dans les enceintes de l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu et celles de l’Assemblée Nationale de la République Démocratique du Congo suivis des recommandations, tout le monde semble avoir oublié. C’est le mal des congolais, rappelle-t-on à la Société Civile du Sud-Kivu qui semblent se contenter des petits résultats alors que le système n’a pas été déraciné et l’exploitation illicite pas totalement abandonnée.
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Pourtant, l’Assemblée Nationale de la République Démocratique a été très explicite sur la responsabilité de plusieurs membres des institutions nationales et provinciales en proposant même des sanctions ? Dans une correspondance que l’Assemblée Nationale adresse au Gouvernement, les sanctions sont réclamées.
Rappel des demandes de l’Assemblée Nationale
Il est dit dans cette correspondance, au point 6 particulièrement, que le gouvernement puisse appeler, toutes affaires cessantes le Gouverneur Ngwabidje et son collaborateur Didier Kapay; afin qu’ils soient entendus pour des faits graves qui leur sont imputés. Depuis, Ngwabidje a été déchu par l’Assemblée Provinciale mais a quand même participé dans la Conférence des Gouverneurs ouverte par le Chef de l’Etat.
En outre, dans cette même correspondance, au point 7, il est recommandé au Gouvernement ; de sanctionner toutes les autorités civiles et militaires tant nationales que provinciales.
Ainsi, le Gouverneur devra être sanctionné pour avoir octroyé des autorisations d’exploitation en violation du code et règlements miniers. Théo Ngwabidje se la coule pourtant douce à Kinshasa et qu’aucune action n’a été initiée par les autorités nationales.
Mubalama Zibona, son Directeur de cabinet devra l’être pour trafic d’influence et conflit d’intérêt, selon le document de l’Assemblée Nationale. Au cœur du système Ngwabidje et très proche du Président du Sénat, le professeur Mubalama n’a jusque-là pas encore été inquiété.
Le général Bob Kilubi, commandant de la 33ème région militaire, sera lui sanctionné ; pour avoir affecté des effectifs considérables des éléments FARDC dans les sites miniers en vue de protéger l’exploitation illicite moyennant rétribution ; et pour avoir empêché les services compétents d’exercer leurs attributions. Depuis, Bob Kilubi a été remplacé à la tête de la 33ème région Militaire. Aucune action en justice n’a été également annoncée.
Son collègue de la Police, le colonel Yo Linoko Moïse, commandant de la Police de mines et hydrocarbures ; sera aussi sanctionné pour avoir affecté des effectifs considérables des éléments de la PNC dans des sites miniers ; en vue de la protection de l’exploitation illicite moyennant rétribution.
Pour avoir protégé les intérêts sociétés privées ; en violation du code minier, au détriment des intérêts de l’Etat congolais ; le Directeur général du cadastre minier Mupande Kapwa se voit aussi figuré sur la liste de ceux qui doivent être sanctionnés.
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Selon l’Assemblée Nationale, le Directeur ad intérim de service d’assistance et d’encadrement de l’exploitation minière artisanale et à Petite Echelle (SAEMAP) Ndula Malick; a facilité l’exploitation illicite des minerais en initiant des contrats entre sociétés minières et coopératives minières non en règle avec l’état congolais; sur les sites non autorisés. Pour ça, il doit aussi être sanctionné.
Le Mwami de la chefferie de Wamuzimu, Christian Longangi IV est également accusé d’avoir été complice de l’exploitation minière ainsi que le détournement des fonds alloués par les sociétés et coopératives minières aux projets d’intérêt communautaires ; et pour expropriation illégale.
Des questions
L’Etat prend-t-il des mesures idoines pour que les responsabilités soient établies dans ce dossier qui a mis à mal la cohésion sociale au Sud-Kivu ? Qu’attend-t-on au niveau des institutions nationales pour tirer au clair cette question de l’exploitation illicite des minerais dans la région ?
La volonté politique existe-t-elle ou le lobby en faveur d’une certaine impunité a eu raison sur la colère née de ce scandale sur l’exploitation illicite des minerais?
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Les institutions de la République permettront-elles au peuple de Mwenga, de Fizi et d’ailleurs au Sud-Kivu de tourner définitivement la page du pillage de ses ressources sous l’œil et la bénédiction des brebis galeuses dans les sphères de l’Etat ? Au Sud-Kivu on attend toujours.