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    Depuis la destitution du Gouverneur Théo Ngwabidje par l’Assemblée provinciale, la situation politique en province du Sud-Kivu s’est crispée. Face à la méfiance pour les uns et au positionnement politique pour les autres, des acteurs sociaux et politiques en province n’en peuvent plus. Mais quelle solution face à cette situation qui bloque le développement de la province ? laprunellerdc.cd a rencontré certains acteurs. Beaucoup d’entre eux estiment qu’il est temps que les autorités au niveau national se prononcent, pour une solution durable à cette crise qui n’a fait que trop durer.

    Arnold Nyaluma, Professeur de Droit à l’Université Catholique de Bukavu (UCB) pense que la solution pour cette crise politique qui mine actuellement la province du Sud-Kivu, reste la démission du Gouverneur déchu Théo Ngwabidje. Pour lui, quand la confiance n’est plus au rendez-vous, il ne sert à rien d’insister.

    «C’est un problème de confiance. Ceux qui ont donné mandat n’ont plus confiance dans celui qui a reçu leur pouvoir. Là il n’y a pas 36 solutions. Si quelqu’un vous donne le travail et qu’il ne veut plus de vous, il y’a pas 36 solutions. C’est la démission ! C’est le conseil qu’on peut lui donner [Gouverneur]. Tel que les choses se présentent, son départ est la clé de la stabilité de la province,» affirme Arnold Nyaluma.

    Le Président du Bureau de Coordination de la Société Civile du Sud-Kivu, Adrien Zawadi, pense de son côté que pour mettre fin à cette crise politique en province, il faut que les deux institutions puissent d’abord se parler « en se responsabilisant », et en restant chacune dans les prérogatives qui lui sont dévolues par les lois du pays.

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    Celui-ci regrette la léthargie qui s’observe autour de la crise actuelle en province, alors que la Constitution de la RDC est claire, en cas de destitution d’un Gouvernement.

    «Lorsque le Gouvernement est réputé démissionnaire, la Constitution a prévu comment les choses vont se passer. Et le temps à partir duquel on peut organiser les élections. Mais on sent de plus en plus que la politique est en train de prendre le dessus de la loi. On traine, on fait comme si de rien n’était. Entre temps, le temps constitutionnel pour organiser les élections passe. La deuxième de choses est que nous demandons, qu’il y ait quand-même, un peu de patriotisme, l’amour de la province. Parce que comme vous savez, les hommes passent, les institutions restent, mais avec l’histoire de chacun. Donc, ce conflit entre les deux institutions, ce sont des conflits liés aux partis politiques. Mais ça bloque le fonctionnement de la province,» indique-t-il.

    Selon lui, la loi portant organisation et fonctionnement des partis politiques congolais devait être une plus rigoureuse, pour amener ces derniers à contribuer effectivement au développement des provinces.

    «La loi régissant les partis politiques congolais devait être plus rigoureuse pour que ces partis-là, qui ont autant d’autorités morales, ne puissent pas empêcher le développement des provinces et des entités territoriales décentralisées,» estime Adrien Zawadi.

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    De sa part, Augustin Mutabazi, Secrétaire fédéral du parti politique Bloc Uni pour la Renaissance du Congo (BUREC), pense que le chef de l’Etat devrait imposer son autorité pour régler une fois pour toute, le blocage de la situation politique au Sud-Kivu.

    «Que le Président de la République Félix Tshisekedi comprenne que cette cacophonie ne profite pas à sa personne entant que candidat en 2023. Il devrait remettre de l’ordre, le Sud-Kivu est une province stratégique, il a intérêt à se prononcer rapidement sur cette situation,» indique-t-il.

    Pour ce cadre du BUREC, la situation actuelle en province dépend beaucoup plus de la politique que de la justice. D’où son appel à l’implication du chef de l’Etat.

    «Ce n’est pas une question juridique, c’est une question politique. Le Président de la République a tout intérêt à prendre le taureau par les cornes. Soit demander au Gouverneur Théo Ngwabidje de revenir et rappeler à l’ordre les députés. Ou alors il fait confirmer la déchéance du Gouverneur et il organise directement les élections,» indique-t-il.

    Le Professeur Augustin Mutabazi évoque même le vote d’un Gouverneur indépendant. «Moi je pense qu’il faut un Gouverneur qui n’est ni de l’UNC, ni de l’AFDC. Parce que personne de ces deux n’a la majorité. Il faut créer un Gouverneur pour la population, mais qui soit en bon intelligence avec le Président de la République. Et c’est possible,» exhorte-t-il.

    Pour rappel, le Gouvernement provincial conduit par Théo Ngwabidje a été déchu le 2 décembre 2021 par l’Assemblée provinciale. A l’issue du vote de la motion de censure par les députés provinciaux, Théo Ngwabidje et d’autres animateurs des institutions en province, avaient été convoqués à Kinshasa par le Ministre de l’Intérieur, pour consultation. Ngwabidje, qui a refusé de démissionner, y séjourne depuis. L’intérim du Gouverneur est actuellement assuré par le Ministre provincial du Plan.

    Héritier Bashige et Abiud Olinde

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