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    Le Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi dirige la province du Sud-Kivu, près d’un an déjà. Il est arrivé après 4 prédécesseurs en l’espace de douze ans après les élections démocratiques de 2006. Depuis, Théo Ngwabidje Kasi dirige une province avec plusieurs défis. Il s’agit des défis sécuritaires, sociaux, défis sur le plan des infrastructures mais pas seulement! C’est aussi l’une des provinces « politiquement complexe ». 

    Quand il prend le pouvoir, Théo Ngwabidje est fortement soutenu par la coalition Front Commun pour le Congo et Cap pour le Changement (FCC-CACH) de Joseph Kabila et Félix Tshisekedi. La situation change d’un coup alors que le Président de son parti politique l’Alliance des Forces Démocratiques du Congo (AFDC), le sénateur Modeste Bahati Lukwebo décide d’affronter le candidat désigné par Kabila pour diriger le Sénat.

    Résultats : rupture consommée entre les deux bords et Bahati Lukwebo dit s’assumer, même s’il annonce rester dans la majorité parlementaire ; fort de plus de 40 députés nationaux.

    En province comme dans les entreprises publiques, le puissant Front Commun pour le Congo de Joseph Kabila demande que chaque membre de l’AFDC se prononce sur son appartenance. Les déclarations s’enchaînent à Kinshasa comme en province mais Théo Ngwabidje refuse de s’exprimer. Plus tard, il dit vouloir garder sa casquette de Gouverneur de tous et non d’un militant d’un quelconque parti ou regroupement politique. Le FCC interprète cela comme un refus de faire allégeance à l’autorité morale.

    Au même moment la grogne s’amplifie dans les rangs du principal allié de CACH au Sud-Kivu, l’UNC.   Des membres et pas les moindres accusent le nouveau patron de l’exécutif provincial de diviser leur parti après des mises en place jugées discriminatoires. Ici, on l’accuse même, avec son Vice-Gouverneur de l’UNC de vouloir diviser le parti de Vital Kamerhe.

    Nouveaux alliés

    Dans cette confusion, le nouveau Gouverneur comprend qu’il est lâché par plusieurs de ses soutiens et se recherche des nouveaux alliés. Si les uns sont pêchés loin des eaux politiques, d’autres par contre sont clairement les transfuges de différents partis politiques.

    Dans cette quête, Théo Ngwabidje s’allie plusieurs «militants» de certains mouvements citoyens qui deviennent presque ses principaux défenseurs, mieux ses communicateurs.

    Au-delà des militants, l’homme qui se présentera un peu plus tard comme étant toujours du FCC ratisse large dans les organisations et structures de la Société Civile. Désormais, ces structures citoyennes (mouvements citoyens et Société Civile) ont un slogan : «non à la déstabilisation des institutions de la Province».

    Des responsables des faîtières de la Société Civile ne cachent pas leur préférence pour l’homme de Nyamoma et s’emploient parfois à le défendre en toute circonstance.

    Dans la foulée, le numéro Un du Sud-Kivu reçoit le soutien « officieux » de plusieurs cadres et partis politiques de l’opposition «Lamuka». Ses principaux ténors prennent le plaisir de l’épargner d’un quelconque débat sur la gestion de la province et/ou du pays. Ils indexent plutôt Kinshasa ou le pouvoir central dans plusieurs de leurs déclarations et/ou sorties médiatiques.

    Théo Ngwabidje peut aussi se réjouir des divisions au sein du PPRD, le principal parti du FCC. En effet, depuis un temps des cadres et non pas les moindres mettent à mal la position hostile du FCC contre lui. Plusieurs d’entre eux sont recrutés par lui-même et/ou proposés par des hauts cadres qui ne parlent plus le même langage à l’interne de leur parti politique.

    Conséquence : le Chef de l’exécutif s’allie à quelques députés provinciaux de différents partis politiques du FCC et du CACH. Certains sont dans plusieurs de ses sorties dans la ville ou dans les périphéries.

     Des oppositions

    Comme on peut le voir, face à Ngwabidje, aucune opposition structurée ne se forme pour faire le contrepoids. Il s’agit plutôt, selon un politologue des « oppositions » issues des dissidences au sein des partis politiques, parfois alliés à la coalition au pouvoir. D’autres résistances viennent des acteurs sociaux qui agissent en solo à l’absence des positions claires de leurs structures.

    Depuis, l’homme de « Gouverner autrement par le travail » comptabilise des oppositions venant de l’UNC, du FCC, de l’AFDC-A soutenant Néné Nkulu et d’autres venants des acteurs sociaux.

    Il faut dire que même si l’opposition est également forte dans ces partis qui prennent également par au gouvernement, la plus farouche vient aujourd’hui du Parti Congolais pour le Progrès (PCP) en province du Sud-Kivu. Ici, des cadres et communicateurs ne passent pas un jour sans évoquer un élément qu’ils considèrent comme mettant en cause la capacité du nouvel exécutif à gouverner. Pourtant, ce parti est aussi membre du Cach car en alliance avec l’UDPS.

    Inquiétude

    Ce manque d’opposition structurée pour faire le contrôle de l’action gouvernementale dans la province du Sud-Kivu inquiète plusieurs acteurs de la Société Civile. Nombreux appellent les partis d’opposition à jouer leur rôle. 

    « Les acteurs de la Société Civile devraient s’abstenir des soutiens aveugles comme dans le passé et exiger un peu plus de sérieux dans la gouvernance actuelle de la province. Il y a beaucoup de choses qui pouvaient être fustigées depuis son avènement. Vous n’avez qu’à voir la bêtise de son budget rectificatif 2019 et la grande différence entre ses actions et ses promesses de campagne. Nous devons laisser la complaisance et être un véritable contrepoids » s’inquiète un acteur de la Société Civile dans le secteur minier. 

    Théo Ngwabidje fera-t-il face à une opposition de proposition et de contre-proposition dans la province du Sud-Kivu? C’est ce que tout le monde attend voir, parce que comme le rappelle un acteur politique de son camp « il ne faut pas faire une opposition pour la faire mais pour le bien de la Société ».

    Jean-Luc M. 

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