Le Gouverneur du Sud-Kivu, Théo Ngwabidje n’a pas payé ses agents depuis plus de 4 mois. Cette situation est observée pour les membres du gouvernement provincial, le personnel des cabinets politiques et autres agents du cabinet du Gouverneur de province.
Selon des sources proches du Gouvernement provincial du Sud-Kivu, depuis le mois de juillet jusqu’en décembre en cours aucun rond n’a été débloqué pour payer les agents qui travaillent avec l’actuel Gouverneur Théo Ngwabidje.
Dans des cabinets politiques, les conseillers et autres collaborateurs du Gouverneur Théo Ngwabidje on évoque la même situation.
Les ministres apprend-t-on, sont aussi embarqués dans le même lot. Des sources qui ont requis l’anonymat au sein du Gouvernement provincial nous renseignent que les 10 ministres qui composent le gouvernement Ngwabidje vivent le même problème.
Si des proches et partisans de l’actuel locataire de Nyamoma trouvent facilement des moyens pour justifier ce manque de paiement, en recourant à la pandémie de Covid-19, des membres du gouvernement provincial victimes de ce traitement pensent que le Gouverneur Théo Ngwabidje ne peut pas se cacher derrière cette pandémie. Ils font remarquer que même pour l’année passée avant l’apparition de la maladie, ce problème commençait à être décrié. En décembre 2019 par exemple, le Gouverneur avait payé la moitié du mois au lieu de la totalité.
Des ministres clochardisés et abandonnés entre les mains des partenaires
Dans cette vie plutôt intenable des membres du gouvernement provincial, des ministres collaborateurs directs du Gouverneur ne sont pas épargnés.
Si le problème de salaire concerne tous les agents du gouvernement provincial, nous apprenons que plusieurs ministres provinciaux effectuent des déplacements sans frais de mission.
Pour preuve, devant la représentation provinciale, alors qu’il répondait à une interpellation sur l’affaire commune rurale de Minembwe, le ministre de l’intérieur du Gouvernement provincial avait avoué avoir plus de 5 missions non payées depuis qu’il est aux affaires.
« Il arrive des fois que nous effectuons des déplacements sans frais de mission et le paiement ne s’effectue qu’au retour » avait-il dit, avant de rebondir : « je suis à plus de 5 missions non payées et je ne m’en plains pas car je ne suis pas le seul ».
Cette affirmation d’un membre du gouvernement provincial et pas n’importe lequel, vient démontrer le calvaire que les collaborateurs de Théo Ngwabidje traversent.
Pour survivre, plusieurs ministres provinciaux n’attendent leur salut que dans les actions et activités des partenaires. Ceux-ci, sont régulièrement invités pour le lancement, l’ouverture, clôture des ateliers en villes comme dans les territoires. Ils sont dans l’inspection, supervision et autres actions, trop souvent aux frais des partenaires.
Dans les ministères, les titulaires refusent de commenter cette situation, mais les collaborateurs commencent à s’en lasser.
Certains ministres sectoriels sollicités pour une mission avec des partenaires de leurs secteurs, sont entièrement pris en charge par eux. Ces partenaires prennent en charge des frais de carburant et tout ce qu’il leur faut pour survivre.
« Certains ministres arrivent même à se déplacer dans les véhicules des partenaires par manque des moyens. On peut avoir un ordre de mission de la province mais jamais des moyens », affirme une source.
« Je suis aussi concerné »
Répondant à une question de Laprunellerdc.info ce lundi 14 décembre 2020, le Gouverneur Théo Ngwabidje affirme qu’il y a bel et bien un retard dans le paiement des salaires. Mais celui-ci fait remarquer qu’il n’est pas non plus payé, suite notamment à l’absence de la rétrocession.
«Je confirme, mes collaborateurs et le Gouverneur qui vous parle, nous avons un retard des salaires. Quand on parle des collaborateurs, il y a aussi le Gouverneur qui lui non plus n’est pas payé. Il n’y a pas que le Gouvernement provincial, il y a aussi l’assemblée provinciale qui accuse de retard. C’est puisque nous n’avons pas des moyens. Faut-il le rappeler à la population que ça fait aujourd’hui 10 mois que la province n’a pas reçu un rond de Kinshasa ? Alors aujourd’hui depuis que la covid-19 est venue, cela a minimisé les chances de mobilisation des recettes que nous devrions avoir au niveau de la province. Le fait que la rétrocession ne viens pas, le Gouverneur et son gouvernement sont paralysés. Mais nous sommes déterminés à recadrer les choses pour avoir des moyens.» dit-il.
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Cependant, cette situation est observée même à la régie provinciale de mobilisation des recettes. Au Sud-Kivu des agents de la Direction Provinciale de Mobilisation et Encadrement des Recettes, la grogne n’en finit plus.
Des agents qui aident le Gouverneur à mobiliser des recettes sont actuellement à 14; voire 15 mois d’arriérées de salaire, selon une correspondance parvenue à LaprunelleRDC.info.
Plusieurs observateurs se demandent si un Gouverneur est incapable de payer les agents qui mobilisent pour lui les recettes, peut avoir un temps de penser à ceux qui inondent les cabinets de ses 10 portefeuilles provinciaux.
D’autres questions qui viennent régulièrement c’est : comment peut-on demander à des ministres d’être performant si on est incapable de leur assurer des conditions de travail optimales et protéger leur dignité ? Des ministres peuvent-ils donner une orientation contraire au vœu des partenaires qui les prennent en charge?
La province du Sud-Kivu va-t-elle être capable de s’en sortir avec des ministres et agents impayés ?
Bertin Bulonza