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    Les députés provinciaux procèdent ce vendredi 7 mai 2021 à l’examen et éventuellement l’adoption de la motion de défiance initiée contre le Gouverneur du Sud-Kivu Théo Ngwabidje Kasi.

    Dans son exposé, le député Georges Musongela a passé en revue les différents reproches que les députés motionnaires ont formulés, à l’encontre du Chef de l’Exécutif provincial.

    Lapruellerdc.info a pu noter certains d’entre elles :

    Sur le plan politique, il y a notamment la négligence et la non application des recommandations de l’assemblée provinciale par le Gouverneur. Plusieurs recommandations issues des plénières de l’assemblée provinciale bien qu’elles soient obligatoires; ne sont pas prises en compte par le Gouverneur Théo Ngwabidje.

    Les grandes recommandations prises relativement au budget 2020, n’ont pas été prises en considération. Mais aussi la recommandation relative à la spoliation de la parcelle de la division provinciale des petites et moyennes entreprises.

    Le député a également parlé du non-respect des textes qui régissent l’assemblée provinciale et le gouvernement provincial. Le Gouverneur a ordonné à ses agents de percevoir des taxes sur le ciment gris, au taux non conforme à celui contenu dans le budget en cours d’exécution.

    Sur le plan sécuritaire, plusieurs cas d’insécurité sont rapportés, des attaques et d’assassinats jour et nuit sont rapportées; partout dans la province en général et dans la ville de Bukavu en particulier.

    Des faits qui démontrent l’incapacité du Gouverneur de garantir la sécurité aux paisibles citoyens, selon Georges Musongela; qui parle des députés sauvagement tabassés dernièrement, et extorqués par les éléments de la police.

    «Il ne se passe plus 24 heures sans que des cas de vol, infiltrations, assassinats, braquages et autres cas d’insécurité ne soient signalés; avec l’infiltration des groupes armés sur le sol congolais sous l’œil impuissant du Gouverneur,» dit-il.

    Le député note 79 barrières de l’armée régulière soutenues par le Gouverneur sur la route Bukavu-Fizi; et 15 barrières où des piétons et bétail payent des fonds sur la route Bukavu-Kamitiga.

    «Pas de dotation aux forces de sécurité de la part du Gouverneur malgré l’existence des fonds secrets de recherche décaissés régulièrement. Ces fonds sont détournés par le Gouverneur de province. Plusieurs cas d’insécurité rapportés depuis son avènement à la tête de la province. 1377 cas d’insécurité en 2020. Le service qui devraient bénéficier des fonds secrets de recherche, n’en bénéficie pas car rien ne leurs sont transmis,» dit de député.

    La police est aussi indexée dans plusieurs cas d’insécurité suite à un mauvais encadrement. Toutes les villes sont dans le noir : Pas d’éclairage public avec la prolifération des maisons de tolérance facilitant l’insécurité, note le député.

    Sur le plan administratif, le député Musongela estime qu’en observant le gouvernement provincial; l’administration est le cadet des soucis du Gouverneur Théo Ngwabidje. Un Gouverneur qui fait tout à la place des ministres, pourtant responsables de leurs départements conformément à la loi sur la libre administration des provinces, dit-il.

    «Des ministres se réfèrent au Gouverneur pour chaque question. Pas de frais de fonctionnement aux cabinets des ministres provinciaux. Pour la plupart des PPP les ministres sectoriels ne sont pas associés. Signature des arrêtés dans les compétences des ministres provinciaux. Création des services qui n’existent pas administration. L’abandon total des administrateurs des territoires par le gouvernement de Théo Ngwabidje. Des administrateurs qui travaillent sans moyens de déplacements et de fonctionnement,» dit-il.

    Dans les entités en proie aux conflits administratifs et coutumiers, les correspondances seraient envoyées au Gouverneur mais sans suite de sa part.

    «Une bonne administration dépend de la bonne motivation des agents. Les cadres et agents de la DPMER et du SPIF ne perçoivent rien de la part de ces derniers. Plus de 16 mois à la DPMER impayés. Des membres des cabinets politiques des ministres non payés. Des agents du cabinet du gouverneur sont impayés et cette pratique est devenue monnaie courante. La révocation de certains agents de la DPMER sans respect de la procédure pourtant reconnus comme des agents de carrière du service public,» fustige Georges Musongela.

    Sur le plan judiciaire, les députés motionnaires ont noté l’immixtion du Gouverneur dans les affaires judiciaires; notamment la mise en place par le Gouverneur d’une commission chargée de délimiter une concession (Ntabarusha) à Kalehe, pourtant une affaire close par la justice.

    Des mauvaises conditions de détention dans les prisons. Aucune politique d’hébergement prise par le Gouverneur dans les prisons de la province malgré le peuplement de ces dernières, dit Musongela.

    Sur le plan économique et financier, le député pense que le plan est plus pire que l’insécurité dans la province. «Lorsque vous interrogez où va l’argent de la province, le Gouverneur est incapable d’y répondre,» dit-il.

    Bien que l’économie et la fiscalité soient le poumon de survie de la province, il y a la violation flagrante des principes élémentaires de gestion des finances publiques, fustige-il.

    «La DPMER est restée une coquille vide suite aux PPP signés par le Gouverneur. Lors de l’adoption de l’edit budgétaire exercice 2020, l’assemblée avait demandé au gouverneur de lui transmettre tous les PPP signés par lui et qui font perdre à la province plusieurs dollars. Après adoption de l’édit budgétaire 2021, le Gouverneur est parti exiger aux importateurs de ciment gris le paiement de 150$ par camion dans respect de ce que prévoit le budget. Il s’observe une porosité faisant perdre à la province des milliers des dollars. La corruption, la fraude entretenus par les agents dans les frontières sont à la base de l’évasion fiscale sous l’œil impuissant du Gouverneur,» dit-il.

    Il note que le secteur minier ne bénéficie pas de l’implantation du Gouverneur pour que ce secteur profite aux populations. Il cite notamment l’absence des signatures des cahiers de charges par les exploitants miniers sous l’œil impuissant du Gouverneur.

    «La province du Sud-Kivu Kivu malgré ses potentialités est restée parmi les trois dernières provinces issues du démembrement. Le Gouverneur recours à des emprunts ( recouverts bancaires) pour couvrir certaines dépenses dans certains secteur; malgré la présence des fonds mobilisés par les régies financières,» dit-il. 

    Le député cite également un présumé détournement de 3.500.000$ par le Gouverneur, empruntés dans une banque par le Gouverneur. «Les travaux lancés depuis 2019 pour 45 jours sur la route place Mulamba-Ruzizi sont inachevés 2 ans après malgré le déblocage des fonds par la province.»

    Il a également parlé du non-paiement de la taxe conventionnelle sur les produits importés. «La province manque des imprimés de valeur. «Les taxes sont payées via un numéro privé orange money du Gouverneur de province, qui confond la caisse de l’état et sa poche propre entraînant la non traçabilité des recettes,» dit-il.

    Selon Musongela, nombreux projets sur lesquels le Gouverneur s’appuie, sont du Gouvernement national ou soit des ONG partenaires.

    Il fustige également le déguisement d’un ministre provincial suite au non-paiement de loyer. «Certains objets du ministre, dont son véhicule pour ont été saisis comme gage de paiement de la garantie. Plusieurs banques de la place ne donnent plus des emprunts à la province suite au manque de recevabilité du Gouverneur. Et la gestion opaque de la taxe payée par les pétroliers à la pompe,» affirme-t-il.

    Sur le plan infrastructure et patrimoine, le député affirme que des parcelles et maisons de l’État ont été cédées par la main du Gouverneur de province. «Les mains de l’ex SOMINKI à Kamituga cédées à des individus par le Gouverneur de province.»

    La population s’interroge selon lui, sur la suite aux dossiers :

    -Travaux de construction du stade de Nyantende, la réhabilitation du tronçon routier place major Vangu-Rizizi 2 budgétisée et la plus grande part de l’argent débloquée par la province. En deux ans l’entrepreneur n’a réalisé que 500 mètres sur les 2 kilomètres prévus, sous l’œil impuissant du Gouverneur.

    -Les travaux de construction de la route place Mulamba-Rizizi1, lancés pour 45 jours, aujourd’hui 2 ans les travaux sont non achevés.

    -La création d’un office provincial d’entretien des routes en province.

    -Malgré les potentialités du territoire de Mwenga, aujourd’hui cette partie de la province est inaccessible suite au mauvais état de la route.

    -Le contrat Jing Jang, une pure démagogie, selon le député. Un contrat signé pour un montant de plus de 6.800.000$, un est contrat signé pour des fins politiques. «Comment comprendre qu’un contrat soit signé par une société avant les études de faisabilité. Depuis le contrat a été signé, aujourd’hui les travaux n’ont pas commencé»

    «Il est rapporté à SHABUNDA que rien n’a encore été fait dans ce sens. À Idjwi rien n’est fait alors que 80 kilomètres sont prévus dans cette partie. L’octroi des marchés n’a respecté aucune procédure en la matière,» dit-il.

    Il cite également le présumé détournement de l’argent des sinistrés de Kasika, Kamituga et Nyamugo. «Le ministre des affaires humanitaires a reconnu que tous les fonds ont été décaissés en procédure d’urgence. Il a fallu une année pour donner l’aide à certains sinistrés,» dit-il.

    À ce jour, la ville d’Uvira est envahie par les eaux de la rivière Mulongwe et du lac Tanganyika. Le député note la coupure des ponts et des rivières, sans intervention aucune du Gouverneur de province. Il en est de même pour Luanga. Selon lui, il a fallu que 16 véhicules soient engloutis ici, pour que des petits travaux commencent.

    «En parcourant les villes du Sud-Kivu, un constat très amère. Des marchés pirates un peu partout, des immondices, des constructions anarchiques. Plus de trois mois qu’un camion anti-incendie s’est écroulé sur une maison à côté de l’habitation du Gouverneur, mais cet engin reste immobilisé sur la maison,» regrette-t-il.

    Sur le plan des services sociaux et de base, les députés motionnaires notent qu’aucun des objectifs du Gouverneur n’a connu le moindre commencent. «Plus de 95 % de la population n’a pas accès à l’eau potable. La population n’a pas suffisamment d’accès à l’électricité, aux soins de santé et à l’accès aux bonnes conditions d’étude,» dit-il.

    La situation des personnes vivant avec handicap, de troisième âge, et des personnes avec des maladies chroniques est alarmante, selon lui.

    «Le Gouverneur ne se soucie pas des déplacés internes des conflits des groupes armés en province. Le détournement par le Gouverneur de l’argent destinés aux victimes des incendies et des plusieurs autres catastrophes. Le Gouverneur a reçu plusieurs correspondances des sinistrés demandant de l’argent; mais a préféré aller prendre des farines avariées dans l’entreprise de son ami et conseiller pour distribuer aux sinistrés,» regrette-t-il.

    «Si le Gouverneur du Tanganyika a été destitué pour mauvaise gouvernance, comment peut-on qualifier la gouvernance de Théo Ngwabidje ? La gouvernance de l’actuel Gouverneur s’est limitée à deux aspects : la promesse et la corruption. » note enfin Georges Musongela.

    Signalons qu’en ce moment, des députés motionnaires, et de différents groupes parlementaires interviennent, pour donner leurs avis en rapport avec cette motion de défiance. Le Gouverneur devrait ensuite avoir le temps de fournir les réponses aux différentes préoccupations de ses électeurs, avant que n’intervienne éventuellement le vote de la motion.

    Bertin Bulonza

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