Faut-il des députés provinciaux et/ou nationaux élus comme ministres au sein du prochain Gouvernement Provincial du Sud-Kivu ?
C’est en tout cas la question qui se pose alors que la campagne «Zéro député provincial à nommer comme ministre dans le gouvernement provincial au Sud-Kivu » est ouverte sur les réseaux sociaux.
Ça se discute fortement dans la ville de Bukavu depuis quelques temps alors que les tractations se sont ouvertes pour la formation du Gouvernement
Pour l’avocat Heri Kalemaza qui a ouvert le débat, la nomination des députés provinciaux comme ministres provinciaux constituera un «affaiblissement » du gouvernement provincial.
En effet, dit-il, un député provincial une fois nommé ministre sera obligé de céder son siège à son suppléant.
«Ce dernier sera face à une difficulté morale de contrôler effectivement l’action d’un ministre qui lui a cédé provisoirement son siège. Pire encore les députés suppléants ne seront jamais d’accord pour une question orale, une interpellation ou une motion initiée contre les membres du gouvernement dont ils occupent le siège provisoirement, car ils sont conscients qu’ils vont scier un arbre sur lequel ils sont assis relativement au droit de retour d’un député dans l’Assemblée à la sortie de son poste comme membre du gouvernement » explique-t-il.
S’adressant au Gouverneur, il estime que la nomination des députés provinciaux dans son gouvernement donnera lieu à la complaisance dans le contrôle de l’action gouvernementale.
Il est «éthiquement impardonnable» qu’un député qui n’a même pas terminé une session quitte l’hémicycle pour le gouvernement, tranche pour sa part le politologue Elie Habibu.
Aussi, certains députés ont comme suppléants membres de leurs familles et parfois des concubines…
Pour ce politologue, l’honneur de ces députés les oblige de ne pas postuler comme ministres.
«Un député suppléant ne peut pas contrôler son titulaire devenu ministre ou faire usage des moyens d’action parlementaires contre lui. Et pourquoi ? Parce que si le ministre tombe il vient reprendre son siège au détriment du suppléant. Ensuite, sachant qu’il a un poste permanent de retour, il sera hautain vis-à-vis du gouverneur…La loi leur permet d’être ministre, mais l’éthique non », dit Elie Habibu.
«Ils ont la légitimité, pourquoi pas ! »
D’autres internautes soutiennent le contraire.
Dans une discussion sur le réseau social Whatsapp, un internaute explique qu’un député a encore une légitimité fraîche capable de profiter au nouveau Gouverneur.
Pour lui, les élus jouent un grand rôle dans la construction de l’image du Gouverneur dans leurs circonscriptions électorales.
«Qui peut mieux diriger et accompagner le nouveau Gouverneur que des élus qui sont connus par le peuple qu’ils sont sensés servir ? Ils ont la légitimité, pourquoi pas ne pas les nommer ministre» estime l’internaute.
Pour rappel, Théo Ngwabidje Kasi et son adjoint ont été investi par l’ordonnance du président de la République après leur élection en fin mars dernier.
Ayant pris les commandes de la province il y a quelques jours, le nouveau chef de l’exécutif provincial tentera de constituer son cabinet et son équipe gouvernementale. Les tractations ont déjà débuté et plusieurs citoyens espèrent que le nouveau Gouverneur saura choisir ses collaborateurs pour relever les défis de la province. Dans les précédents gouvernements provinciaux, élus avaient été nommés ministres.
Honneur-David Safari
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