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    Nous sommes le 7 octobre 2020 quand Modeste Bahati Lukwebo visite la province du Sud-Kivu après plusieurs années passées en Belgique, lui qui venait d’être chassé, du moins exclu du Front commun pour le Congo.

    Ce jour-là, des militants et sympathisants s’étaient massés à la place de l’indépendance où tout était prêt pour que Lukwebo y tienne son discours. A la grande surprise des membres de l’Alliance des Forces Démocratique pour Congo (AFDC), leur leader est interdit de s’exprimer à la tribune de cette place.

    Une situation qu’ils auront du mal à comprendre étant donné que la province est dirigée par un cadre de l’AFDC, dont leur autorité morale avait imposé à la tête du Sud-Kivu. Dans un message adressé au Chef de l’Etat, Lukwebo se disait ne pas comprendre comment celui qu’il avait porté à la tête de la province pouvait l’empêcher de s’adresser à ses militants dans la même province.

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    Tout analyste parlait alors d’un évènement qui prouvait que Ngwabidje faisait partie du l’AFDC Néné Nkulu, une aile dissidente du parti de Lukwebo reconnu par le FCC et dont ses membres faisaient partie du gouvernement.

    Aujourd’hui, la province traverse des troubles institutionnels dans lesquels Théo Ngwabije est cité comme tireur des ficelles et des analystes y voient de loin la main de Modeste Bahati Lukwebo bénissant l’homme fort de Nyamoma.

    Le bureau de l’Assemblée provinciale poussé à la démission

    Par des pétitions, 6 députés provinciaux exigent le départ du président de l’Assemblée Provinciale et de deux rapporteurs. Si l’un d’entre eux, cadre de l’Union pour la Nation congolaise (UNC), s’est rétracté, 5 autres persistent et signent pour le départ de Zacharie Lwamira du perchoir.

    Des sources de l’hémicycle disent que ce sont des députés proches de Lukwebo qui veulent le départ de ces 3 personnalités du bureau de l’Assemblée provinciale. Elles citent entre autre Kinja Mwendanga, prête à en venir aux mains avec certains membres du bureau désavoué.

    Si le Gouverneur est cité comme étant à la base de cette situation, ils sont nombreux qui se posent des questions sur les relations entre Ngwabidje et Lukwebo. Une question qui ne mérite pas d’être posée si l’on se réfère aux dires du Gouverneur quelques jours après la nomination de l’autorité morale de l’AFDC par le président de la République comme informateur. « Bahati Lukwebo est mon modèle politique », avait-il déclaré devant la presse.

    Des signes qui ne trompent pas

    Si Théo Ngwabidje avait fait allégeance au FCC après plusieurs mois d’intenses pressions, il est resté néanmoins la béquille sur laquelle Lukwebo s’est appuyée pour donner de l’emploi à ses proches. Même si ces derniers travaillent sans être payés parfois pendant plusieurs mois.

    Des cadres du FCC en province se sont battus pour voir ces cadres de l’AFDC remplacés par ceux de leur regroupement politique. Pourtant, Théo Ngwabidje a su maintenir le cap et garder les proches de Lukwebo à ses côtés.

    L’on se demanderait alors la signification des paroles de Modeste devant des jeunes du Sud-Kivu vivant à Kinshasa à qui ce dernier avait signifié ne pas soutenir « la mauvaise gouvernance » et « l’incompétence ».

    Mais comme la politique a ses règles, il sera alors facile de les mettre dans ses règles, même si plusieurs habitants ne savent plus se retrouver dans la gestion de la province. Et à ce député provincial du Sud-Kivu de dire que Lukwebo veut, par l’entremise de Ngwabidje s’assurer de la gestion complète de la province.

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    Pour nombreux, ce qui se fait au Sud-Kivu est une « politique de la terre brulée » pensée et entretenue en vue de s’assurer que si Ngwabidje partait, ce sera un autre soutenu par lui et non le contraire. Lukwebo pourrait donc user de sa position actuelle pour faire la loi et écraser tout celui qui se met sur son passage.

    D’ailleurs au Sud-Kivu on sait que quand Lukwebo n’est plus d’accord, on le sait à travers certains médias qui lui ont juré allégeance. « Le jour qu’il ne voudra plus de Ngwabidje on le saura à travers la production d’un média ici, soyez calme » commente un acteur de la Société Civile.

    Thomas Uzima

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