Certains députés provinciaux du Sud-Kivu vivent sous menaces depuis bientôt une semaine. Leur pêché serait d’avoir apposé leurs signatures sur la motion de censure en gestation contre le Gouvernement provincial dirigé par Théo Ngwabidje.
Tout part d’une agression dont ces députés ont été victimes le vendredi 28 octobre dernier de la part des certaines personnes « inconnues » dans un restaurant en plein centre-ville de Bukavu.
En effet, selon les députés concernés, certaines personnes se réclamant être des agents de l’Agence Nationale de Renseignement et d’autres de la cellule d’investigation du Gouvernorat de province, les auraient surpris en plein échange audit restaurant alors qu’ils ne s’y attendaient pas.
Les « agents de l’ANR » les auraient brutalisés, emportant avec eux une mallette du député Cubaka Karatwe, où il y avait des documents et une somme importante d’argent.
Des proches du Gouvernorat de province avaient même fait état de leur arrestation pour « avoir été corrompus en vue d’initier une motion de défiance contre le Gouverneur Théo Ngwabidje ».
Selon nos sources, il ne s’agissait pas d’une arrestation. Certains parmi ces députés ont quand-mémé été entendus par la justice le lendemain.
Depuis lors, ces derniers vivent en insécurité totale. Il s’agit notamment du député Amani Ngubiri dit Tac, du député Cubaka Karatwe, Mugisho Toto et Kahasha Foka Mike.
Le premier, élu de la ville de Bukavu, traverse depuis le week-end dernier une situation inédite. Ses proches indiquent qu’il ne se passe pas un seul jour sans que des mouvements des personnes inconnues ne viennent sillonner autour de sa résidence.
Cet élu serait en train de recevoir également des massages le menaçant de mort.
« L’élu du peuple subit des menaces de mort par des gens qui sont proches du Gouverneur de province » alerte la Fondation Amani Ngubiri, une structure qui accompagne les actions de ce député provincial.
Le deuxième, est un élu du territoire de Kabare. Cubaka Karatwe vit actuellement sans quiétude.
Des acteurs de la Société Civile et l’élite intellectuelle de Kabare vivant à Bukavu se sont d’ailleurs prononcés pour condamner l’agression et les menaces qui pèsent sur lui.
Des menaces pour étouffer une action parlementaire ?
La motion étant une des missions reconnues aux parlementaires, plusieurs analystes politiques se posent la question de savoir pourquoi un député doit-il subir des menaces pour l’avoir signé.
Des acteurs de la Société Civile et autres observateurs trouvent derrière ces agissements « barbares » et « inciviques », une stratégie pour ses auteurs de vouloir étouffer une action parlementaire.
« Ces intimidations ne pousseront pas les députés provinciaux au relâchement » prévient la Société Civile de Bugorhe/Kavumu, qui a également dénoncé les menaces contre Cubaka Karatwe.
D’autres parlent d’une vielle méthode. « Comme toujours, quand Ngwabidje est dans le collimateur des élus provinciaux, il cherche à créer une crise pour créer une diversion » commente un internaute.
Les acteurs de la Société Civile de Kabare appellent déjà la justice à se saisir de cette situation. Ils exigent des enquêtes pour dénicher et mettre hors d’état de nuire les auteurs directs et indirects de toutes ces menaces qui pèsent sur ces députés provinciaux actuellement.
Dans l’entre-temps, la motion de censure initiée poursuit son bonhomme de chemin. Aux dernières nouvelles, nous apprenons qu’elle a déjà récoltée près de 20 signatures et qu’elle sera bel et bien déposée au Bureau de l’Assemblée provinciale dans les heures qui viennent.
Bertin Bulonza
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