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    L’Association des Femmes des Médias (AFEM) a réuni ce samedi 29 mai 2021 à Bukavu, les responsables de différentes institutions publiques, ainsi que des organisations citoyennes, afin de réfléchir de manière approfondie sur la problématique de l’insécurité actuellement grandissante dans la ville, et proposer les différentes pistes de solution pour y mettre fin.

    L’un des orateurs du jour, Jackson Kalimba qui est le Président de la Société Civile urbaine de Bukavu, explique que depuis le début de l’année, il ne se passe pas un seul jour sans que des cas de vol armé, braquage, assassinat, justice populaire ou autre, ne soient enregistrés dans la ville.

    Selon lui, la Police s’est révélée impuissante à contenir les bandits armés : plus de 328 personnes ont été tués dans différents cas de criminalité en 2020 dans la province. A Bukavu, plusieurs dizaines de personnes ont été assassinées depuis début 2021.

    «Des personnes sont tuées même non loin des sous-commissariats de la Police. Les stratégies de la Police sont non seulement inefficaces, mais aussi non-dissuasives et non-adaptées au mode opératoire des bandits,» affirme-il.

    De plus en plus des cas de justice populaire

    Selon la Société Civile urbaine, 91 cas de justice populaire ont été enregistrés au Sud-Kivu depuis le début de l’année, dont 28 dans la seule ville de Bukavu. Selon elle, la population ne fait plus confiance en la justice, car plusieurs voleurs ont été attrapés dans différents quartiers, mais ils sont peu après libérés sans aucun jugement.

    Mais plusieurs femmes et filles accusées de sorcellerie sont aussi victimes de ces cas de justice populaire. Selon Solange Lwashiga, Présidente du Caucus des Femmes du Sud-Kivu, plusieurs autres perdent la vie dans d’autres circonstances inattendues, suite à cette insécurité récurrente qui n’épargne personne

    «L’insécurité est l’un défis qui gangrènent le développement de la femme. Mais nous remarquons dans plusieurs cas que les interventions de la Police sont inexistantes, et des familles sont ainsi bouleversées suite à ces tueries. Plusieurs femmes développement des traumatismes, et des cas de suicide peuvent s’en suivre. Mais aussi la détérioration des tissus sociaux, et la crise de confiance entre l’homme et sa femme peut amener à la divorce,» dit-elle.

    Qui cause l’insécurité dans la ville ?

    Parmi les causes de l’insécurité en province, Christian Wanduma, Président de Bukavu Forces Vives, cite la porosité des frontières qui facilite la traversée incontrôlée des armes. Ill y a aussi la traversée des étrangers non identifiés, qui viennent par la suite insécuriser les habitants.

    La détention irrégulière des armes par certains éléments des forces de l’ordre a également été décriée, car selon Christian Wanduma, nombreux en profitent pour les utiliser abusivement. Il parle également de la multiplicité des maisons de tolérance qui exercent sous l’œil impuissant des autorités, occasionnant ainsi l’insécurité, alors que selon lui, il y a plusieurs lois qui interdisent la vente des boissons fortement alcoolisées.

    «La liste des causes n’est pas exhaustive. Parce qu’il y aussi la libération précoce des présumés bandits, le règlement des comptes; le manque de l’éclairage publique, le chômage des jeunes, mais aussi le manque de moyens de mobilité pour les interventions de la Police,» dit-il.

    Aucune description disponible.

    Que fait la Police ?

    Malgré cette situation sécuritaire précaire, Eugène Kabongo, chargé de la Sécurité publique au sein de la Police Nationale Congolaise (PNC/Sud-Kivu), insiste sur le fait que la Police a mis en œuvre plusieurs stratégies pour mettre fin au banditisme urbain.

    Selon lui, il y a eu baisse des cas d’insécurité depuis le début de cette année, par rapport à 2020. Il a tenu à expliquer que la Police fait de son mieux, malgré les multiples difficultés.

    «Le relief de Bukavu ne permet pas à la Police d’intervenir à plusieurs endroits. Mais plus de 50 présumés voleurs ont été présentés à la justice depuis le début de l’année, et ils croupissent encore dans la prison. J’encourage les habitants, quand ils attrapent un présumé voleur, de l’amener à la justice avec preuves à l’appui, pour que celui-ci soit jugé et peut-être condamné. Parce que sans preuve, la justice sera dans l’obligation de le libérer,» explique-t-il.

    Les responsabilités partagées

    Le Ministre provincial de l’Intérieur Lwabanji Lwasi Ngabo qui est également intervenu, a insisté sur l’apport de tous les acteurs, surtout la population, pour arriver à mettre fin à cette criminalité. Selo lui, les responsabilités sont partagées.

    «La problématique de l’insécurité dans la ville a plusieurs causes, et il faut absolument qu’on adopte des techniques pour s’adapter. J’insiste sur la participation de la justice, car s’il y a plusieurs cas de justice populaire; c’est parce que nous pensons que les citoyens sont déçus par le travail que fait la justice. Ils peur de remettre les voleurs attrapés, pour qu’ils ne soient plus tard libérés. Nous ne sommes pas d’accord avec cette façon de voir les choses, mais la justice doit faire quelque chose pour changer,» dit-il.

    Après un vif débat, les participants ont proposé différentes pistes, qui peuvent amener les autorités à mettre fin cette insécurité. Les autorités et cadres de base, responsables de différentes institutions et organisations citoyennes, ont de leur côté pris un engagement, chacun en ce qui le concerne; d’œuvrer pour le rétablissement de la paix dans la ville de Bukavu, et dans la province en général.

    Julienne Baseke, Coordonnatrice de AFEM, soutient qu’il est difficile que les droits des femmes soient respectés, si l’insécurité continue à persister dans la province. Elle dit être satisfaite des stratégies définies par les intervenants, mais aussi des engagements des différents acteurs; au cours de ce dialogue qui entre dans le cadre de son projet de promotion de la paix et de la bonne gouvernance à travers les médias. Ce projet est financé par la Coopération Suisse, à travers la Synergie des Médias d’Uvira-Fizi (SYMUF).

    Museza Cikuru

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