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    C’est visiblement un sacrifice dont les parents des élèves du secondaire viennent d’être victimes de la part de leurs élus au Sud-Kivu. En effet, une scène de désolation a été vécue ce mardi 3 mai 2022, lors de la plénière consacrée à l’examen de l’interpellation de la Ministre provinciale de l’EPST à l’Assemblée provinciale.

    Alors que le député initiateur de l’interpellation, Freddy Maisha contre venait de présenter à ses collègues l’essentiel de son initiative, le Président du Bureau a ouvert le débat pour que tous les députés émettent leurs avis, si la ministre devrait être invitée pour éclairer la lanterne de la représentation provinciale.

    C’est notamment sur les raisons qui ont concouru à la revue à la hausse des frais de participation à l’Exetat, qui sont passés de 25 dollars l’année passée à 47 dollars cette année.

    Plusieurs députés se sont succédés du haut du perchoir pour soutenir la démarche de leur collègue Freddy Maisha, qui visait à obtenir la revue à la baisse de ces frais. Mais peu après d’autres députés (soupçonnés d’être proches du Gouverneur) sont revenus à la charge, tentant d’expliquer les raisons qui ont été à la base de l’augmentation de ces frais.

    L’un d’eux, le député Nestor Balyana, élu de Kalehe, est quant allé jusqu’à comparer les 47 dollars exigés par le Gouverneur Théo Ngwabidje au montant exigé dans d’autres provinces du pays. Pour Balyana, le Sud-Kivu est encore à un seuil « raisonnable » par rapport à d’autres provinces. Il n’a toutefois pas expliqué pourquoi ces frais sont passés de 25 à 47 dollars.

    Cette réaction a tout de suite fâché certains députés, qui ont exigé que la parole soit retirée à leur collègue, qui selon eux, soutient le camp de l’oppresseur des parents.

    Parole retirée comme souhaité, celui-ci sera contre toute attente, soutenu par son collègue Musa Nyangala, élu d’Uvira, qui a affirmé que ni « la Ministre provinciale de l’EPST, moins encore le Gouverneur, ne sont à la base de cette hausse ». Pour lui, le Gouvernement provincial est « innocent ». L’élu d’Uvira a plutôt indexé le Comité provincial chargé de l’organisation de l’EXETAT, qui aurait proposé cette somme au Gouverneur.

    L’objet de l’interpellation a été soumis au vote des députés. Vote après lequel l’interpellation a été rejetée. 14 élus ont voté contre l’interpellation, et seulement 7 pour.

    Une déception « totale » de la part de certains députés, qui voulaient à tout prix voir le Gouvernement provincial ramener ces frais à la baisse.

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    Pour Freddy Maisha, initiateur de l’interpellation, c’est la démocratie qui triomphe. Il regrette tout de même que les élus soient divisés pour une simple question de contrôle parlementaire, visant à amener un membre du Gouvernement à rendre compte de sa gestion, et pour l’intérêt général

    «Dans notre Assemblée, la culture de vouloir que les gestionnaires viennent nous expliquer publiquement n’existe plus. Il n’y a pas que cette question de l’Exetat. Il y a plusieurs autres questions qui fâchent qui figuraient dans mon interpellation. Mais comme ils ont estimé qu’on ne peut plus écouter un gestionnaire, moi je crois que c’est la démocratie, mais comprenez que la situation en province avec notre organe délibérant doit être revue,» s’est indigné Freddy Maisha.

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    Au sortir de la plénière, le député Nestor Balyana, président de la Commission ÉCOFIN à l’Assemblée provinciale, s’est montré confiant. Selon lui, une commission de contrôle est encore possible pour obtenir la baisse de ces frais.

    «J’ai voté contre cette interpellation en âme et conscience. Car nous avons eu un huis-clos avec le Gouverneur de province, il avait accepté qu’il y avait la possibilité de se retrouver en commission pour discuter et arriver à une solution. Nous avions trouvé que c’était bon, parce que le budget actuel en exécution n’était pas passé par un examen à l’Assemblée provinciale. Nous avons prôné ce dialogue en lieu et place de l’interpellation. Nous savons qu’il y a cette brèche qui peut amener le Gouverneur à revenir sur sa décision,» a-t-il laissé entendre.

    Mais d’autres parlementaires ne voient pas de cet œil cette question. Ils estiment qu’avec le seul mois qui reste, il devient pratiquement impossible de mettre une quelconque commission en place, pour qu’une solution soit trouvée avant la passation de l’EXETAT.

    L’Assemblée provinciale mettra-t-elle sur pied cette Commission ? Si oui, peut-elle encore changer la donne ? Difficile pour l’instant de l’affirmer. Mais en attendant, les parents doivent payer les 47 dollars pour la participation de leurs enfants à l’EXETAT 2022 dans toutes les écoles, publiques ou privées.

    Bertin Bulonza

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