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    Le neuvième numéro de la chronique « Mon Point de vue » de ce 20 Janvier revient sur la problématique des conflits au Sud du Sud-Kivu, dans la région des Hauts et Moyens Plateaux d’Uvira, Fizi et Itombwe (Mwenga)notamment avec la menace djihadiste. Le Pasteur Nicolas Kyalangalilwa revient sur les mutations et changements observés sur terrain et s’interroge : « et si la menace Djihadiste était plus proche que nous ne le pensions ? Qu’est-ce que cela représente pour la zone, la province, le pays et la sous-région.

    « Et si la menace Djihadiste était plus proche que nous ne le pensions ?

    L’arrestation, le mardi 11 janvier 2022 à Uvira, de Monsieur Benjamin Kisokeranio grâce à la vigilance des forces de l’ordre (DGM) dont la vigilance a permis de mettre la main sur un des fondateurs et pilier du mouvement ADF, dans la province du Sud-Kivu est un évènement qui ne devrait pas être pris à la légère.

    Monsieur Kisokeranio voyageait avec un faux passeport et était sur le point de traverser la frontière congolaise avec l’intention de se rendre au Burundi. Déjà dans les réseaux sociaux circulait une vidéo d’un présumé ougandais membre du groupe ADF qui aurait été appréhendé du côté de Misisi (en Territoire de Fizi).

    Il déclarait dans la vidéo que leur groupe est composé de plus de 2000 membres qui se sont réfugiés au Sud-Kivu.

    Si cette information s’avérait être vraie, il est important d’en comprendre les motivations et les causes. S’agit-il d’un repli stratégique sachant qu’ils sont sérieusement traqués dans les provinces du Nord Kivu et de l’Ituri ? Est-ce une expansion planifiée des activités de ces groupes djihadistes dans la province du Sud-Kivu ? 

    La situation de cette région des Hauts et Moyens Plateaux (les territoires de Fizi, Uvira et Mwenga) en particulier est caractérisée par une absence criante de l’autorité de l’Etat à cause évidemment de l’insécurité qui y règne en général. Il y a péril en demeure.

    Il faudra que le gouvernement tant provincial que national ainsi que les services de sécurité à tous les niveaux redoublent de circonspection surtout que les groupes armés terroristes djihadistes du Nord-Kivu et de l’Ituri semblent étendre leurs réseaux et cellules au Sud-Kivu. 

    Le conflit dans cette région semble avoir subi des mutations et une expansion qui devraient attirer l’attention des uns et des autres. En 2017 quand éclataient les premières atrocités, elles étaient localisables dans les Hauts Plateaux autour de Bijombo. Au stade où nous en sommes, les attaques et combats se sont étendus dans les Moyens plateaux ainsi que la zone littorale. On note même qu’avec l’arrivée des groupes armés étrangers, certaines parties du territoire de Walungu (chefferie de Kaziba) et Mwenga (Chefferie de Lwindi) sont aussi touchées par ce conflit.

    Les attaques contre les FARDC, indiquent clairement que le mode opératoire a changé et qu’il ne s’agit plus d’un conflit communautaire mais plutôt d’une autre forme de conflit qui n’a pas encore été clairement élucidée.

    La présence des troupes burundaises ainsi que l’influence du Rwanda dans la zone semblent démontrer les éléments d’une guerre par procuration de ces deux pays sur le sol congolais.

    La proximité de la Tanzanie, qui est un pays largement musulman, renforcerait la thèse de l’utilisation de cette zone comme région de replis pour les djihadistes qui sont présentement traqués dans la région. Mais, est-ce que nos autorités et nos élites ont pris conscience de ce danger ? Quelles sont les mesures qui sont prises pour protéger les congolais de cette nouvelle menace ?

    Il est donc important de donner une attention particulière à cette zone qui a le potentiel d’embrasser le pays et la sous-région entière. L’histoire en témoigne.

    Et les faits démontrent que le danger djihadiste est plus près que l’on ne le penserait, et plus réel que l’on ne l’imaginerait dans la province du Sud-Kivu ».

    Rév. Nicolas Kyalangalilwa

    Acteur de la Société Civile

    A propos de « Mon point de vue » 

    « Mon Point de vue » est une chronique d’analyse de l’actualité provinciale, nationale et régionale animée par Nicolas Kyalangalilwa, célèbre, fervent acteur de la Société Civile et diffusée sur la radio Jambo FM émettant sur 92.0 MHz à Bukavu au Sud-Kivu. Elle est diffusée tous les lundis, jeudis et dimanches à 20 heures 15. La rediffusion de ces épisodes se fait les mardis, vendredi et lundi à 8 heures du matin. LaPrunelleRDC vous les proposera également en écrit et en audio.

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