Accès Humanitaire

    Révision constitutionnelle : « évitons que des aventuriers et d’anciens tortionnaires sulfureux ayant transité à l’opposition avant de revenir au pouvoir mettent le feu à la case RDC ».

    C’est par cette interpellation que le Professeur Bily Bolakonga tire la sonnette d’alarme alors que le débat autour de la révision constitutionnelle qui prend de plus en plus de l’ampleur en République Démocratique du Congo. En clair, pour cet enseignant, remettre en cause la sacralité de certains principes édictés dans l’actuelle Constitution, c’est cracher sur la nation et ses martyrs au nom des intérêts égoïstes, circonstanciels et immédiats. (Tribune).

    Lire aussi: Ass. Nat/Invalidation des candidatures au Bureau définitif: le Prof. Bily Bolakonga dénonce un jeu «indécent de juge et partie»

    « D’entrée de jeu, il faut rappeler que la Constitution est un ensemble des textes fondamentaux – qu’on appelle aussi loi fondamentale – structurant la vie et le fonctionnement d’un État. En ce sens, elle a donc une âme avec une charge émotionnelle et historique sensible.

    Aussi, faut-il souligner que, par principe, le texte qui le constitue, souvent très bien pensé, est généralement stable. En d’autres termes, une révision Constitutionnelle ne peut être basée que sur des motifs solides, valables, vitaux et surtout uniquement en faveur du plus grand bien du peuple, selon le principe latin  » salus populi suprema lex esto  » (que le salut du peuple soit la loi suprême).

    Pour revenir au cas de la RDC, il importe de préciser que les dispositions intangibles de la Constitution sont tels des fusibles ou des coupe-circuit qui préservent la nation contre toute velléité guerroyante ou toute forme d’instabilité.

    Lire aussi: Motion et destitution de Ilunkamba : pour le prof Bily Bolakonga, l’enjeu est ailleurs

    Ainsi, les articles 219 et 220 fixent les frontières infranchissables qui concernent au minimum 5 interdictions, à savoir : (1) la forme républicaine de l’Etat (cfr art. 5) ; (2) le pluralisme politique (cfr art. 6) ; (3) les restrictions des droits et libertés (cfr art. 61) ; (4) le nombre et la durée des mandats du Président (cfr art. 70) et (5) l’indépendance du pouvoir judiciaire (cfr art. 149).

    Ces interdictions constituent l’âme, le cœur de la constitution et scellent le pacte républicain du peuple avec lui-même, avec ses représentants et dirigeants en présence de Dieu ainsi que l’atteste le préambule de ladite constitution.

    Vouloir remettre en cause la sacralité de ces principes c’est cracher sur la nation et ses martyrs au nom des intérêts égoïstes, circonstanciels et immédiats.

    Lire aussi: RCD-2 Août 1998: début d’un génocide « interminable et insidieux » (Prof Bily Bolakonga)

    La pérennisation de l’existence d’une nation ne doit en aucun cas se réduire à un simple atavisme qui ne se réclame que du pur et unique népotisme peint en fausse couleur sous le jour et le joug des arguments spécieux.

    Jouer à ce jeu, c’est aussi ignorer la voie ouverte vers une remise à plat, mieux, une espèce de table rase des acquis du passé. Il va sans dire que, dans un tel contexte, tout peut redevenir possible et, dans cette probable et malveillante hypothèse, les verrous ayant sauté, certains candidats proscrits par l’article 70 (ainsi vidé de son sens), pourraient, par le fait même, recouvrer leur éligibilité, le compteur étant remis automatiquement à zéro… A moins que le but voilé soit plutôt celui-là »

    Professeur Bily Bolakonga

    Share.

    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.