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    De plus en plus des cas d’incendies sont actuellement enregistrés dans la ville de Bukavu au Sud-Kivu. Ibanda, Kadutu ou encore Bagira : aucune commune n’est épargnée par cette catastrophe qui a fait des dizaines de maisons incendiées, laissant les victimes sans abri.

    Laprunellerdc.info s’est entretenu avec le Maire de Bukavu, Meschac Bilubi Ulengabo ce mardi 12 juillet 2022. Dans cette interview, l’autorité urbaine explique pourquoi la ville n’a actuellement aucun camion anti-incendie disponible, et ce que serait la solution à ce problème pendant ce temps.

    Laprunellerdc.info : Monsieur le Maire, Bonjour. Qu’est-ce qui justifie la recrudescence actuelle des incendies dans la ville de Bukavu ?

    Meschac Bilubi : Vous devez tout d’abord savoir que ce n’est pas la première fois que nous connaissons de cas d’incendie dans la ville. Nous avons connu les incendies de l’ISP, l’hôtel de poste de Bukavu, l’usine de BDOM, le bureau du PNMLS, et tout récemment ce sont des quartiers qui sont touchés. C’est notamment à Irambo, Camp Zaïre, les avenues Maendeleo, en face du Lycée Wima, Nyamugo, le dimanche c’était sur avenue route d’Uvira, ainsi que le bar Steak House.

    Donc il est devenu de coutume que pendant la saison sèche nous connaissions beaucoup de cas d’incendie. Et les incendies ce sont des catastrophes, mais d’origine humaine, liées au comportement de l’homme, notamment à l’imprudence, à l’intention de l’homme. C’est ainsi qu’on peut éviter les incendies comme catastrophe.

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    Quelles sont les dispositions prises par la Mairie pour éviter ces incendies ?

    Meschac Bilubi : Il y a plusieurs dispositions. D’abord nous privilégions la prévention. Nous sensibilisons les gens sur comment éviter les causes des incendies dans la ville de Bukavu, qui sont le raccordement frauduleux, que l’on appelle dahoulage, ainsi que la mauvaise gestion de batteries des panneaux solaires qui explosent.

    Nous sensibilisons aussi sur la bonne gestion des inflammables, comme les bougies à côté des matelas et des bâches, le réchaud à gaz… Parce que leur mauvaise utilisation crée des catastrophes, et c’est à cela qu’on assiste chaque jour.

    Parmi d’autres mesures de prévention, nous insistons par exemple que chaque parcelle devrait avoir un bac à sable, parce qu’en cas d’incendie, un demi fût de sable peut éteindre le feu. Chaque parcelle devrait aussi avoir un extincteur. Maître Adolphe Bandeke qui est le Coordonnateur provincial de la Protection civile, a beaucoup fait par rapport à la sensibilisation. Et il nous disait même qu’à la première seconde de l’incendie, un verre peut éteindre le feu. De la 10ème à la 30ème seconde, c’est un seau. À la première minute peut-être c’est un fût. Alors tout ça, au fur à mesure que l’incendie prend de l’extension, il devient de plus en plus ingérable. Et il suffit de passer 30 minutes pour que des dizaines de maisons soient décimés.

    Mais dans la ville de Bukavu, souvent on nous dit que c’est un incendie d’origine inconnue. Non, l’origine est toujours connue. On nous cache juste l’origine pour ne pas nous permettre de comprendre la cause de cet incendie.

    Pourquoi la ville n’a toujours pas de camion anti-incendie disponible jusqu’à ce jour ?

    Meschac Bilubi : C’est tout simplement parce que parmi les deux camions anti-incendie de la Mairie, l’un est au garage et l’autre est en panne à côté de la poste, après avoir passé 6 mois sur la maison d’un citoyen dans cette ville. Mais aussi les camions anti-incendie des particuliers, comme celui de Effo Perso est en panne. Pour recourir à la Monusco, il faut l’autorisation du numéro 1. Parce que c’’est un camion non pas pour la population, mais pour la monusco. Ils aident avec autorisation du responsable de la Monusco, mais il n’est pas là, et c’est vraiment un blocage.

    Il y’a aussi le camion anti-incendie de la société Pharmakina, mais qui n’a pas une grande capacité, et qui n’est pas disponible 24h sur 24. D’autres particuliers ont donné des camions, comme nous avons appris que M. Amani Ngubiri dit Tac a donné un camion je ne sais à quelle organisation… tout ça fait qu’aujourd’hui la ville n’a pas de camion anti-incendie.

    Mais on est entrain de faire réparer notre camion dans un garage. Et bientôt nous allons le récupérer. Et celui qui a été doté par la Monusco, on nous a fait un devis de 14.000 dollars. Ce qui n’est pas aussi facile à réunir en peu de temps.

    Quel est votre message à la population qui continue à faire face à ces incendies ?

    Meschac Bilubi : La population doit beaucoup muser sur les mesures de prévention, et beaucoup plus à la prudence, notamment par la gestion responsable des inflammables. Ceci, en attendant que l’on répare les camions anti-incendie, et que la ville se dote d’autres possibilités.

    Propos recueillis par Lydie Babone

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