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    Les autorités municipales de la République Démocratique du Congo (RDC), du Burundi et du Rwanda viennent d’être informées sur les activités et acquis du projet « Mupaka Shamba Letu », en français « La frontière notre gagne-pain », qu’exécute la Plateforme des Autorités Locales des Pays des Grands Lacs (PALPGL) en partenariat avec International Alert, dans ces pays des grands lacs.

    C’était au cours d’un atelier d’information qui s’est tenu dans la ville de Bukavu ce vendredi 17 juin en faveur des maires des villes, les responsables des districts des zones transfrontalières dont Rusizi-Bukavu, Kamanyola-Burama, Uvira-Gatumba et Goma-Rubavu ainsi que quelques responsables des organisations locales de mise en œuvre du projet et des plateformes des femmes petites commerçantes transfrontalières de ces quatre zones frontalières.

    Au cours de cet atelier, les responsables du projet « Mupaka Shamba Letu » au sein des organisations de mise en œuvre ont expliqué aux autorités municipales les activités déjà réalisées et celles restant encore à mettre en œuvre, les résultats déjà atteints, ceux en cours et ceux recherchés. A cette occasion, les responsables du projet ont également expliqué aux autorités municipales les attentes et les besoins du projet vis-à-vis d’elles.

    S’en sont suivis des exposés des différentes parties prenantes au projet sur les besoins et souhaits qui existent et auxquels elles voudraient que les autorités municipales des pays concernés agissent pour une bonne marche des politiques nationales et régionales du commerce transfrontalier.

    Pascaline Mpalirwa, femme petite commerçante transfrontalière congolaise qui vend des fruits et légumes importés du Rwanda, a passé en revue les différentes difficultés auxquelles se heurtent les femmes petites commerçantes transfrontalières et qui nécessitent l’intervention des autorités municipales pour que des meilleures conditions de travail leurs soient garanties.

    C’est notamment les problèmes liés au commerce dit «à sens unique » et la multiplicité des services étatiques commis aux frontières, qui s’illustrent par des tracasseries en vers les femmes petites commerçantes transfrontalières.

    «Nous avons donné nos recommandations aux autorités présentes. Vous savez ici il y a ce qu’on appelle commerce à sens unique et de notre côté  ça nous fragilise parce que nos amies du Rwanda, elles viennent avec des marchandises chez elles, elles vendent ici et au retour elles achètent d’autres marchandises ici au Congo, qu’elles ramènent au Rwanda. Mais nous, nous allons seulement acheter les marchandises chez elles, mais nous ne pouvons pas quitter ici au Congo avec des marchandises pour les vendre chez elles au Rwanda. Là nous avons demandé aux autorités de s’impliquer pour dans les jours qui viennent nous soyons aussi capables de quitter ici au Congo avec des marchandises et aller vendre ca au Rwanda sans difficultés. Nous avons beaucoup des produits à vendre au Rwanda et qui ne sont pas disponibles là, mais quand on tente de le faire, on nous dit que nos produits ne sont pas viables pour être exportés. Il y a également des textes régionaux que nos autorités ont ratifié pour que nous ayons une traversée des marchandises sans difficultés à travers l’effectivité du système du guichet unique pour nous épargner des tracasseries des services douaniers,» explique Pascaline Mpalirwa.

    Elle a néanmoins salué les quelques avancées déjà enregistrées à travers ce projet pour la facilitation du commerce des petites commerçantes transfrontalières, notamment la baisse du prix du test Covid-19 aux frontières de 30 dollars à 5 dollars américains. Celle-ci a demandé aux maires des villes de veiller également à ce que les seuls 4 services officiellement reconnus aux frontières soient fonctionnels pour éviter les tracasseries liées à la multiplicité des services aux frontières.

    Dans la lecture des autorités municipales, il a été constaté de leur part que certaines femmes petites commerçantes ne savent pas jusqu’à présent où elles doivent s’adresser chaque fois qu’elles ont besoin des services de l’état. Les autorités ont montré que le fait pour ces femmes commerçantes transfrontalières de ne pas connaitre les attributions de chaque service étatique commis aux frontières les expose aux tracasseries et des fois à l’escroquerie des certains agents véreux.

    Elles ont néanmoins réaffirmé leur volonté à toujours accompagner ces femmes dans leurs activités transfrontalières qui jouent une très grande influence dans la promotion de la cohésion sociale et la coopération régionale dans les grands lacs.

    «Nous avons suivis les plaintes des petites commerçantes transfrontalières. Nous remercions la PALPGL et International Alerte qui nous ont organisé ces assises pour nous permettre de continuer à chercher la voie d’accompagnement de ces femmes commerçantes aux frontières. Nous les avons suivis et comme officiels, nous ne cessons d’être derrière elles, les suivre dans leurs activités et faire des plaidoyers pour elles à tous les niveaux. Sans nous elles ne peuvent pas réussir. Tous ce qu’elles sont formulé comme recommandation, nous avons suivis et nous allons continuer les plaidoyers à qui de droit pour que des solutions soient trouvées,» a rassuré Musaka Safari, chef de bureau urbain commerce extérieur à la Mairie de Goma.

    Il faut dire que le projet « Mupaka Shamba Letu » est mis en œuvre depuis 2019 dans les trois pays frontaliers. Il vise à contribuer à une société plus inclusive, à la coopération améliorée et à la paix durable dans la région des grands lacs africains à travers le renforcement des capacités des petites commercantes transfrontalières de la RDC (Goma, Bukavu, Kmanyola et Uvira), du Rwanda (Rubavu, Rusizi et Bugarama) et du Burundi (Gatumba).

    Pour la PALPGL et International Alert, malgré les nombreuses activités de formation et de renforcement des capacités sur la législation sur le commerce transfrontalier dont avaient bénéficié les femmes petites commerçantes transfrontalières et des officiels en douanes, il s’est fait remarquer que la mise en application des dispositions nationales ainsi que celles régionales sur la législation transfrontalière pose encore problème du fait de n’avoir pas impliqué systématiquement les autorités municipales qui pourtant sont largement responsables au premier ou second plan du fonctionnement des marchés à travers notamment la délivrance des patentes, du prélèvement des taxes et autres redevances etc…

    C’est dans cette optique que cet atelier a été organisé en leur faveur pour faciliter l’intégration complète de ces autorités municipales dans la mise en œuvre des législations nationales et régionales transfrontalières pour limiter au maximum possible les éventuels conflits ainsi que leurs impacts sur les activités du commerce transfrontalier.

    Bertin Bulonza

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