Il a été annoncé par plusieurs médias que le Docteur Denis Mukwege était dans le viseur du président Félix Tshisekedi pour identifier la majorité parlementaire en prévision de la mise en place du gouvernement national ; mais en toute fin de cette semaine une information faisant état du refus de la main tendue du nouveau président par le Prix Nobel de la Paix a conquis la toile.
Il est un médecin, et défenseur des droits des hommes, mais visiblement l’opinion attend plus de lui. La rumeur le portant au poste d’informateur pour la formation du gouvernement vite pris la vitesse de croisière avant même d’être vérifiée. Sans avoir la version du principal concerné, une certaine opinion tant nationale manifestait déjà sa satisfaction et sa confiance.
Cette nouvelle n’a pourtant jamais été criblée pour en évaluer la véracité. Elle est certainement fruit des laboratoires artificiels d’informations sensationnelles, ou mieux l’émanation d’une vague de prévisions non officielles qui jusqu’à présent n’est pas l’aîné des préoccupations du lauréat du Prix Nobel de la Paix 2018.
Le Docteur Denis Mukwege, comme il l’avait annoncé avant le dépôt des candidatures à la présidentielle, semble ne pas être prêt à briguer un quelconque poste politique sous un système qui ne corrobore pas avec les idéaux qu’il défend.
Comme aucune déclaration n’est venue de l’initiateur de l’Hôpital de Panzi au sujet de cette nouvelle, pendant que tous les projecteurs le vigilaient sans relâche, c’est des officines informelles et non crédibles que proviendra le feedback à la nouvelle propagée plus tôt. Le Dr. Denis Mukwege a refusé la main du président de la république, insinuaient certains médias en ligne qui dans, la tergiversation, confirmaient que le gynécologue aurait été approché par les nouveaux dirigeants de Kinshasa mais que celui-ci a rejeté l’offre.
Afin de crédibiliser leur information, qui pourtant n’en était pas une, ceux qui affirmaient le rapprochement entre Kinshasa et Panzi publiaient des images montrant le professeur Mukwege autour d’une table, ou en accolade, avec Vital Kamerhe le Directeur de Cabinet du président Felix Tshisekedi. Il s’agit pourtant des vieilles images prises lors de la visite de l’élu de Bukavu à l’Hôpital de Panzi, il y a des années.
Ceux qui y croyaient doivent cesser de jazzer. Aucune information officielle n’a nettement confirmé la nouvelle de la nomination du Dr. Mukwege comme informateur, et tous les médias qui l’ont propagé n’ont fait que relayer une nouvelle sans racines d’originalité.7
Ce n’est pas la première fois
Ce n’est cependant pas la première fois que le Docteur Denis Mukwege est cité comme probable partie prenante dans le jeu politique national. Lors de la campagne électorale de décembre 2018, son nom a été maintes fois annoncé comme soutenant certaines des grandes figures de l’opposition congolaise engagées dans la course. Il reviendra à la charge, et précisera à l’opinion que tout apparentage avec un quelconque mouvement politique était un faux et basé sur des fausses croyances. « Je ne soutiens aucun candidat », avait-il annoncé.
Un peu plutôt le médecin dit « l’homme qui répare les femmes » avait été annoncé candidat à la présidence de la république pour les élections de décembre dernier. Cela a été fortement relayé et est resté encré dans la mémoire de l’opinion. Élaguer cette conviction des têtes des gens a valu au lauréat du Prix Sakharov 2014 plus d’une sortie médiatique.
Suite à son engagement dans la lutte pour une alternance intégrale, Denis Mukwege fut également annoncé comme candidat à la tête du pays pour diriger une transition ayant pour mission d’organiser des élections transparentes et crédibles.
Pendant que des tractations s’effectuaient entre politiques pour le partage du gâteau, le fondateur de la Fondation Panzi a de son côté initié une démarche de conscientisation de la Population pour une citoyenneté active. A travers le projet Chemin de la Paix, le médecin a mis en place un panel d’universitaires de haut rang qui pendant plus d’une année a fait la promotion de la Transition Sans Kabila.
Le médecin Directeur de l’Hôpital de Panzi, aujourd’hui considéré comme l’un des grands défenseurs des droits humains de l’histoire, n’a jamais annoncé vouloir quitter le bloc opératoire pour endosser le costume de politicien.
Il est pourtant très sollicité par l’opinion et est perçu par certains congolais comme l’homme du renouveau et de la refondation de l’Etat. Longtemps en disgrâce avec le pouvoir de Kinshasa, Denis Mukwege s’est vu interdire le déplacement à l’intérieur du Pays, et une sérieuse restriction dans la presse nationale, les principaux médias étant tenus par des politiciens.
Même en date du 10 décembre 2018, à l’heure où lui était décerné le Prix Nobel de la Paix, la Télévision nationale avait choisi de rediffuser un match de Basketball, ce qui suscita des forts courroux de la part de la diaspora congolaise dont Mukwege est le principal symbole de l’honneur.
Autant cité pour ses valeurs, autant promu pour son engagement, le Dr. Denis Mukwege finira-t-il par intégrer le cercle de prise de décision nationale ?
Pareille prise de position répondrait favorablement aux attentes de plusieurs citoyens, mais apparemment le seul concerné n’en est toujours pas intéressé.