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    Une cargaison d’essence a été déclarée « non conforme » par l’Office Congolais de Contrôle (OCC) agence de Muanda, dans la province du Kongo-Central, mardi 13 septembre 2022. Après des analyses effectuées sur cette cargaison de milliers de tonnes commandée par le Gouvernement, l’OCC a indiqué que le produit est « plus inflammable, plus explosif et plus dangereux ». Un rapport qui a soulevé une vive polémique, notamment sur les réseaux sociaux, suscitant ainsi l’indignation du Gouvernement. Le Ministre des Hydrocarbures rassure que le produit sera « reconditionné » avant d’être distribué.

    Dans la note interne signée par le Chef d’agence de l’OCC à Muanda et le Chef de service Laboratoire, l’agence indique que ce carburant arrivé depuis lundi 12 septembre, en provenance d’Anvers via le Togo, est déclaré « non conforme », d’abord au regard de la différence des températures entre 10 et 20% des volumes évaporés du distillat, qui est hors spécification.

    «Cet écart de température de 5,6°C dégagée après analyses entre 10 et 20% des volumes évaporés du distillat au lieu de 8°C minimum requise par la spécification en vigueur ; qui du reste, ne corrèle pas avec la valeur de la tension de vapeur Reid obtenue après analyses, renseigne que le dit MOGAS serait contaminé simultanément par des fractions étrangères (lourdes et légères) à la coupe des essences. Ce qui ne peut se passer sans conséquences sur le fonctionnement des moteurs des engins roulants, et surtout sur des moteurs exigeants ainsi que sur la sécurité des populations et des utilisateurs (tension de vapeur Reid à la limite requise, renseignant la présence excessive des fractions légères rendant ainsi le produit plus que volatil, plus inflammable, plus explosif et plus dangereux),» indique-t-elle.

    L’agence provinciale de l’OCC a également fait savoir qu’il ressort de l’examen des résultats du rapport d’essais du pays de provenance du produit, que la teneur en soufre total renseignée est de 430ppm masse, soit 0,04% masse, qui du reste est supérieure à 0,03% masse, retenu comme exigence pour le Soufre total dans l’essence automobile, conformément à la spécification en vigueur en RDC.

    L’OCC a indiqué, dans ce rapport, que la cargaison dudit produit a été soumise dès mardi, à la procédure de refoulement, à moins d’une possibilité de reconditionnement ou de correction du produit au niveau du terminal (SOCIR) dans les 48 heures.

    «A l’heure actuelle, faute d’un stock disponible de MOGAS devant aider à la correction des produits non conformes ; et à la lumière des conclusions des résultats obtenus en interne par le terminal sur ledit produit, la possibilité de reconditionnement des produits non conformes n’est pas jusque-là ou tout de suite envisageable. Face à la pénurie en produits pétroliers que traverse le Pays, et aux diverses attentes des consommateurs par rapport à l’arrivée de la cargaison en concerne, nous avons jugé utile, pour votre gouverne et par obligation d’anticipation, de tenir informer votre autorité, de la situation qui entoure le processus du déchargement du MOGAS à bord de M/T STI PONTIAC à la bouée 16 à Banana/Muanda,» a indiqué l’agence dans cette note adressée au Directeur général de l’OCC.

    Colère du Gouvernement, le produit sera « reconditionné »

    Ce rapport a suscité une vive polémique sur les réseaux sociaux. Beaucoup ont indexé le Gouvernement, qui promettait depuis une semaine l’arrivée de cette cargaison en vue de suppléer à la pénurie de carburants observée à Kinshasa.

    Dans un point de presse tenu mercredi à Kinshasa, le Ministre des Hydrocarbures, Didier Budimbu a indiqué que le produit qui fait polémique sur la conformité, ne pose pas un problème en soi, mais c’est une question des exigences internes de conformité des produits pétroliers. Il dénonce un acharnement contre sa personne.

    «Cessez de diaboliser le produit pétrolier, si c’est la tête de Budimbu que vous cherchez, pas mal mais ne sacrifiez pas le secteur pétrolier de notre pays Si le secteur des hydrocarbures s’effondre aujourd’hui, ça ne sera pas avantageux pour quelqu’un mais tous nous allons perdre. Sauvons ce secteur,» a-t-il indiqué.

    Lors de ce point de presse, le DG de l’OCC a également fustigé la publication de cette note pourtant « interne ».

    «L’OCC est tenu au principe de confidentialité, et ne peut pas divulguer les informations sur la nature des produits pétroliers aux réseaux sociaux comme ça était constaté. Le produit pétrolier considéré comme non conforme par les réseaux sociaux a été déchargé et consommé au Togo. Quand il y a un problème par rapport aux normes, les produits pétroliers sont retraités pour être consommés,» a-t-il déclaré.

    Celui-ci rassure qu’il y a plus de 15 paramètres qu’on analyse dans un produit pétrolier. Et pour le produit qui a fait polémique, il ne s’agit que d’un sous paramètre, qui dit-il, a posé problème. 

    De sa part, le Directeur général de la Société congolaise des industries de raffinage (SOCIR) a déclaré que sa société est prête à régénérer le produit de cette cargaison, conformément aux normes de l’OCC, afin de permettre au pays de sortir de la pénurie qui sévit actuellement.

    «La cargaison d’essence sera reconditionnée avant d’être distribuée,» a-t-il indiqué, ajoutant que cela fait « plus de 50 ans » depuis que la SOCIR procède à ce genre d’opération.

    Museza Cikuru

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