Le président Rwandais Paul Kagame
L’Union Africaine, après des assises tenues au sujet des élections en RDC, a appelé à la suspension des résultats du scrutin, tenu le 30 décembre dernier, et place le président rwandais en première ligne de la délégation qui sera déployée en RDC pour endiguer la « crise post-électorale ».
La RDC est, une fois de plus au centre des enjeux continentaux. Après la tenue d’un scrutin, n’ayant rien à envier aux deux qui lui ont précédés, le Congo vient de recevoir un précieux conseil de la part de ses pairs de l’Afrique.
Au terme d’une rencontre, spécial RDC, « Les chefs d’État et de gouvernement qui ont participé à la réunion ont conclu qu’il y avait de sérieux doutes sur la conformité des résultats provisoires proclamés par la Commission électorale nationale indépendante [Ceni] avec les suffrages exprimés », lit-on dans le communiqué ayant sanctionné la réunion.
Des sérieux doute, il y en a eu plus en 2011, quand le président Joseph Kabila était reconnu vainqueur alors que certains observateurs donnaient plutôt Tshisekedi Wa Mulumba gagnant, et à son temps, l’Union Africaine avait pris soin de fermer l’œil dessus.
Au vu de la situation actuelle en RDC, il sied de constater que, contrairement aux deux précédentes élections, les résultats du présent scrutin n’ont pas embrasé le pays. Bien au contraire, le peuple congolais, à certains endroits a fait preuve de satisfaction, compte tenu de sa soif pour l’alternance.
Quoi de plus normal que les parties prenantes au processus insatisfaites par les résultats aient choisi de saisir la justice ? C’est des bonnes guerres, et cela découle d’un exercice démocratique ordinaire. Par contre, la prise de position de l’Union Africaine semble imbiber d’huile, un tissu exposé au feu.
En cas de suspension des résultats, il est à craindre que la soif du peuple pour le changement d’ air ne se transforme en une vague de contestations, et le pire surgira. Au lieu de décrisper la crise post-électorale, l’Union Africaine aura concocté une crise plus amère que le Congo n’a jamais connue depuis l’avènement de la 3ème république.
Cette délégation, qui sera conduite par le président Paul Kagame, est perçue, à l’égard de l’Union Africaine comme salutaire pour le Congo, mais vu l’état de la démocratie au pays de Mille collines, le contraire sera plus réaliste. Le président rwandais, aux affaires depuis plus de deux décennies, ne saura la jamais assurer l’alternance à un peuple qui en a aspiration.
Rappelons que les contestations des candidats, par rapport aux résultats de la présidentielle congolaise sont en train d’être traitées par la cour constitutionnelle. L’arrêt de cette dernière est attendu incessamment.
John Achiza
