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    L’état de siège a été proclamé par le Président de la République dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Dans cette tribune que vous propose Laprunellerdc.info, Didier Amani Sangara, parle de l’inquiétude, du doutes et de la confusion qu’a soulevé cette décision.

    RDC : Etat de siège proclamé au Nord-Kivu et en Ituri, mais à quelle fin ?

    En République démocratique du Congo, l’Etat de siège décrété par le président Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO dans les provinces du Nord-Kivu et d’Ituri selon l’ordonnance n° 21/015 du mai 2021 sème « inquiétude, doute et confusion dans une autre confusion préexistante pour une situation inacceptable de l’Est de la RDC ». L’Etat de siège signifie « une réplique ultime correspondant à l’état d’urgence ». Une procédure constitutionnelle à laquelle l’on recourt lorsque des circonstances graves menacent d’une manière immédiate l’indépendance ou l’intégrité nationale ou encore lorsqu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions ; c’est pourquoi alors, cela ne signifie pas « procéder par un transfert précipiter du pouvoir des autorités civiles aux autorités militaires ».

    Ce dispositif constitutionnel selon l’article 85 s’applique si la république est agressée. Peut-on savoir avec qui, la RDC est en guerre ? Que sont devenues les troupes étrangères présentes sur le territoire congolais que les Nations Unies ont déjà dénoncées ? Pourquoi maintenant, tous ces enjeux précipités sont-ils survenus après que le gouvernement Congolais ait signé le 21 avril 2021 plusieurs accords bilatéraux avec le Kenya ?

    Revenant sur l’accord dans les infrastructures, le président Félix Antoine TSHISEKEDI, cite la construction de la route du corridor Nord qui reliera l’Est et l’Ouest Africain.

    De même, le 16 février 2021, le Rwanda et la RDC ont décidé de renforcer leur coopération pour éradiquer l’insécurité (les milices terroristes armées dans la région). Et cette volonté a été exprimée au terme d’une réunion bilatérale de deux jours qui s’est ouverte à Kigali. La délégation du Rwanda est dirigée par le chef d’état-major de la défense, le général Jean Bosco KAZURA, tandis que la délégation congolaise est dirigée par François BEYA, Conseiller spécial du président Félix TSHILOMBO pour les affaires de sécurité.

    Soyez sérieux

    Comment peut-on expliquer qu’à un intervalle de deux mois seulement, le gouvernement Congolais signe des accords bilatéraux entre les pays régionaux et fini par ricochet, proclamé par après un état de siège comme si le pays est entré en guerre ?

    Le degré d’état de siège constitue un énorme enjeu pour les Etats régionaux. Ça explique l’objet d’un intérêt renouvelé de la part des compagnies pétrolières occidentales et françaises qui optent d’emprunter une autre voie d’approvisionnement en pétrole en vue de ne plus dépendre totalement des pays du golf. Ceci explique en grande partie la volonté des grandes puissances pétrolières d’avoir la main mise sur les ressources pétrolières autour du lac Albert et du pétrole du parc de Virunga. Ainsi, les sociétés pétrolières internationales majeures sont engagées dans la recherche de nouveaux gisements de pétrole. Voilà alors, une raison de plus de céder une partie de la RDC en guise de récompense pour les services rendus du Rwanda, Ouganda et Kenya pour jouer le rôle du nouveau gisement de pétrole de l’industrie pétrolière globale (enjeux globaux de l’énergie).

    Un paternalisme commercial au Kivu

    Ces deux provinces frappées par ce décret sont aussi des lieux stratégiques où s’ouvrent les grands corridors vers l’Afrique. C’est pour cela que les rouages s’entrecroisent, que les passions s’en dégagent de façon acharnées. Les deux provinces jouent le rôle d’intermédiaire dans cette dimension transfrontalière sur base des contrats d’exploitations pétrolières signées par le gouvernement Congolais entre 2002, 2005, 2007, 2008, 2010 et 2011. Et cette zone des tempêtes délibérément entretenue au cœur de la région des Grands-Lacs bénéficie curieusement les faveurs des grandes puissances sans compter par-dessus tous des gisements pétroliers, en plus, le Kivu en général qui est le coffre-fort des minerais à peine ouvert, et il n’est donc pas étonnant qu’il éveille tant des convoitises !

    Avec ce décret, le Nord-Kivu et l’Ituri risquent d’être une très belle prise de guerre pour les nouveaux alliés qui s’estiment en position de force dans la région des Grands-Lacs ; et la région frontalière avec leurs pays, invoquant des raisons sécuritaires. Ils réalisent directement leur positionnement stratégique au Congo, s’enfonçant à plus de 1000 km vers Congo Kinshasa.

    Les alliés qui se disent soutenir le gouvernement Congolais contre les ADF, risquent de s’installer dans les provinces en les transformant en champ de bataille, qui serait un déclenchement soudain des hostilités entre eux comme en juin 2000, où la ville de Kisangani a été un sujet d’occupation étrangère et où les combats entre les armées rwandaises et ougandaises ont ravagé la troisième ville du Congo causant la mort de 700 personnes parmi les civils ; et autant des blessés.

    Analyse de Didier Amani SANGARA

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