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    Le président Félix Tshisekedi a prononcé lundi son discours sur l’état de la nation alors que les kabilistes quittaient en masse le FCC pour se rallier à son « Union sacrée ».

    Après l’annonce par le président Tshisekedi, le 6 décembre, qu’il rompait sa coalition avec les kabilistes, quelques ralliements de ses alliés avaient été annoncés en faveur de son “Union sacrée” pour une nouvelle majorité, tshisekediste celle-ci. “Union sacrée”, un nom repris – certainement pas par hasard – à la grande époque des succès de son père Etienne Tshisekedi, alors très populaire, dans sa lutte contre Mobutu.

    Le 10 décembre, cependant, le camp tshisekediste a montré sa capacité à séduire des kabilistes, lorsque la présidente de l’Assemblée nationale, la kabiliste Jeanine Mabunda, a été destituée par un vote des députés, en compagnie de tout son bureau, alors que la coalition à laquelle elle appartient, le FCC (Front commun pour le Congo), pensait disposer de quelque 330 députés sur 500.

    Mme Mabunda a chargé samedi des avocats de déposer un recours devant le Conseil d’Etat contre son éviction. Tandis que lundi, un mouvement citoyen, Les Congolais Debout, a demandé une enquête sur les accusations d’achat de consciences répandues sur les réseaux sociaux.

    Hémorragie

    Depuis l’éviction de Mme Mabunda, cependant, les rats quittent le navire FCC  par partis entiers. Le 10 décembre, l’ADRP de François Rubota a ainsi amené ses 23 députés nationaux à l’Union sacrée, ainsi que son sénateur, ses deux ministres et ses 24 députés provinciaux.

    Le 12 décembre, c’était le tour du BUREC de Julien Paluku, chantre du kabilisme au Nord-Kivu, qui, le 5 septembre dernier, appelait encore les jeunes kabilstes à se mobiliser pour récupérer la Présidence en 2023; il amène à l’Union sacrée ses 10 députés nationaux, ses 18 députés provinciaux et son sénateur.

    Le 13 décembre, ce sont Les Républicains de Kengo wa Dondo, ex-président du Sénat, qui se sont transférés  dans le camp tshisekediste.

    Démission Mwilanya, Shadari ?

    Tirant la conséquence logique de cette Bérézina, le coordonnateur du FCC, Néhémie Mwilanya, a présenté sa démission à Joseph Kabila, qui l’a acceptée lundi. L’ancien Président a limogé au passage son ex-candidat malheureux à la Présidence en décembre 2018, Emmanuel Ramazani Shadary, visé par des sanctions européennes qui viennent d’être prolongées d’un an.

    C’est dans cette atmosphère de débandade dans le camp kabiliste que le chef de l’Etat a prononcé devant le parlement réuni en congrès, lundi, son deuxième discours sur l’état de la Nation.

    Il a justifié sa décision de mettre fin à sa coalition avec Joseph Kabila en assurant: “Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis, les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement” la coalition, ce qui a rendu “aléatoire la concrétisation du changement” qu’il veut amener. Il voit dans la destitution de Mme Mabunda “un indice sérieux de maturité politique” des députés.

    Un gouvernement “issu de la nouvelle coalition”

    Il a répété qu’un informateur sera nommé prochainement en vue d’un nouveau gouvernement “issu de la nouvelle coalition”, qui travaillera “pour le bien du peuple congolais”.

    Le gouvernement actuel n’est cependant pas encore tombé: le Premier ministre, Sylvestre Ilunga (FCC) n’a pas (encore?) démissionné et seul un vote parlementaire peut l’y contraindre.

    De son côté, la coalition d’opposition Lamuka – dont le candidat à la présidentielle de 2018, Martin Fayulu, était le présumé vrai vainqueur, privé de sa victoire par un accord secret Kabila-Tshisekedi – est partisane d’un “espace neutre, paritaire où nous décidons consensuellement en faveur de tout le peuple afin que les prochaines élections offrent des garanties de transparence et que la volonté du peuple soit respectée”, a indiqué lundi Adolphe Muzito.

    Avec Lalibre Afrique

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