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    Tribune

    La population du Kivu a été livrée et continue à être livrée à la violence des diverses milices, l’insécurité sur l’ensemble du territoire a considérablement augmenté, qu’il s’agisse des zones contrôlées par la rébellion ou territoire sous autorité gouvernementale. L’action de ces diverses milices et les représailles qu’elles provoquent sont d’autant plus meurtrières pour les populations civiles du Kivu. La population se retrouve prise dans le cercle infernal des actions de guérilla et des représailles, qui ont provoqué ou qui continuent de provoquer des milliers de mort et l’application d’une politique de la terre brulée comme les aînés l’ont toujours dit, située entre 1996 à nos jours. La justice de Dieu n’a plus de raison ? Les diplômes ne sont plus en fonction ? Les juges sont morts, les juges sont dans les bourdes !

    Le désir de libérer les voies d’accès à des gisements de matières premières considérés comme d’importance stratégique.

    Au Kivu, toutes les prédations sont possibles. L’approbation des Etats-Unis désireux d’occuper le sol et le sous-sol, misant sur les nouveaux leaders du Congo assuré que leurs intérêts économiques soient étendus à l’échelle planétaire et avaient décidé de ne plus laisser aux Français les marchés de l’Afrique francophone. Un tel projet se déroula avec l’approbation des nouveaux leaders Congolais révélés à la hauteur de leurs espérances avec l’appui de certains pays voisins du Zaïre.

    Cependant, avec le Kivu, les Américains ne veulent pas s’impliquer à visage découvert. Comme à l’époque de l’Afdl, ils opèrent par des intermédiaires d’acteurs locaux et par une force de réaction rapide africaine, composée de soldats fournis par une douzaine de pays choisis par Washington baptisée « African Crisis Response Force », entrait en concurrence avec le projet français « Recamp » : Renforcement des capacités africains de maintien de la paix ».

    Lire aussi : RDC: l’état de siège proclamé au Nord-Kivu et en Ituri, mais à quelle fin ? (Tribune)

    On ne peut s’empêcher de songer que les voies d’écoulement du pétrole de la mer Caspienne passent par les Balkans sur lesquels l’Otan veut s’assurer un contrôle durable, et que les ressources du Kivu sont l’objet de convoitises croisées, celles des pays africains, mais aussi de la première puissance mondiale qui n’a plus l’intention de respecter les chasses gardées européennes.

    Revolving fund 

    La formule du « Revolving fund » est bien connue sur les marchés des matières premières : Il s’agit d’une sorte d’avance initiale qui peut être remboursée en nature, chaque livraison donnant lieu à la libération des nouvelles tranches de capitaux. La région du Kivu, où les groupes armés ou les milices opèrent est riche en or, en minerais précieux et stratégique. Bien géré, ces ressources suffisent amplement à soutenir l’effort de guerre. D’où, la nécessité d’alimenter le revolving fund pour permettre les forces rebelles de mettre la main sur les richesses minières de l’Est du Congo et sur leurs moyens d’extraction. De cette vocation découle le projet de créer des zones franches au Rwanda et en Ouganda où aboutiront les matières premières du Kivu. Et le fait que le Congo ait été ainsi transformé en « Self-service » économique par tous les pays étrangers impliqués dans la guerre permet de comprendre pourquoi l’Est du pays continue à perdurer dans la souffrance aussi longtemps.

    Le goût du profit immédiat

    En réalité, tous les témoignages en provenance du Kivu font état de pillages systématiques menés par les groupes armés étrangers, qui renvoient en Ouganda ou au Rwanda tout ce dont ils peuvent s’emparer, à commencer par les véhicules privés. Le fait que deux des pays les plus pauvres d’Afrique aient pu ainsi soutenir durant des années des opérations militaires de grande envergure tient du miracle. Le soutien de rebelles à l’Est de la République démocratique du Congo par le Rwanda et l’Ouganda, permet à ces deux pays d’installer sur leurs territoires des comptoirs d’achat qui travaillent en régime de franchise et proposent de ce fait des prix allant jusqu’au double des tarifs pratiqués en RDC. Ces pays ont pour vocation économique de « Devenir une sorte d’entrepôt international, où arrivent des marchandises en provenance du Congo et d’où elles sont réexportées après avoir reçu une certaine valeur ajoutée ». De cette vocation découle le projet de créer des zones franches au Rwanda, où aboutiront les matières premières du Kivu. De même pour l’Ouganda, avec le pétrole du lac Albert, Museveni crée ou a créé sur son sol, « une station pétrolière de transit pour des sociétés pétrolières internationales engagés dans la recherche de nouveaux gisements de pétrole qui nécessitent de diversifier leur approvisionnement en pétrole ». De tels projets qui les maintiennent plus longtemps au pouvoir en complicité avec leurs parrains Occidentaux.

    La stratégie KARAKARA

    A l’heure actuelle, les richesses de l’Est du Congo Kinshasa présentent un intérêt stratégique pour l’industrie de pointe, autant la raison de garantir un accès privilégié à des ressources naturelles rapidement commercialisables d’importance stratégique, susceptibles d’être mises en exploitation, où à défaut gardées en réserve.

    Au lieu que les américains utilisent les pays voisins ou leurs alliés locaux (Ouganda et Rwanda) comme intermédiaires sur le plan militaire, en créant au Kivu un environnement d’insécurité totale permissif pour les divers trafics (le transit des minerais du Kivu), occasionnant des tueries et des massacres de la population ; le gouvernement Congolais devrait « User de la stratégie KARAKARA pour stabiliser l’Est du Congo et mettre fin aux groupes armés ». Avant de retirer quoi que ce soit …, il faut mettre quelque chose dedans. « C’est en donnant qu’on reçoit beaucoup ».

    C’est pourquoi aujourd’hui plus que jamais, pour concilier les intérêts, le gouvernement doit inventer plusieurs options aussi acceptables les unes que les autres, se mettre autour d’une table avec les occidentaux, la France, la Chine et la Russie pour trouver un compromis d’exploitation de matières premières sans passer par des intermédiaires. Il peut chercher les points qui procurent de grands bénéfices à l’un sans couter cher à l’autre, et vice versa. À qui profite les richesses minières du Congo ? A tout le monde, sauf bien sûr aux congolais. C’est avec sagesse et l’amitié qui me donnent la sorte de courage qu’il faut à un être très jeune et très faible pour s’accoutumer à l’idée qu’il vivra dans un monde peuplé d’animaux prédateurs. Le cas de la RDC : ravi, prise par la force, avec violence et avidité par des grandes puissances. Il faut mettre en place une stratégie industrielle du secteur minier. C’est-à-dire, faire l’intégration verticale du secteur minier en développant le tout venant de la mine au produit fini pour créer la richesse minérale au profit du peuple congolais.

    Lire aussi : RDC: l’arrêt des massacres de Beni passe par l’exploitation des nappes pétrolières (Tribune)

    Didier Amani SANGARA NTALE

    Analyste et chercheur indépendant

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    Un commentaire

    1. Élie mukanda on

      Ce pays a besoin non pas des personnes égoïstes et assoiffées du pouvoir sans savoir pourquoi il veulent ce pouvoir
      Notre pays la RDC a besoin des personnes comme vous : intelligente, Sage et instruite; pouvant permettre à notre pays de se relever

      Je ne suis pas derrière vous grand frère mais je suis avec vous dans cette lutte

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