L’ancien député national Jean-Louis Ernest Kyaviro est mort ce vendredi 18 janvier 2019, à Beni, après une courte période de maladie.
C’est un véritable coup de tonnerre qui vient de frapper la population congolaise, et bien plus particulièrement le territoire de Beni. Jean-Louis Ernest Kyaviro est une des figures qui sont sorties du lot pendant les deux précédents exercices parlementaires. Un acteur politique au sens de grandeur incommensurable.
S’il a toujours été reproché aux élus de couper le lien avec leur base, une fois investis, Kyaviro a toujours eu le cœur tourné vers son Beni natal. A l’assemblée nationale, Kyaviro s’est souvent illustré par des prises de position fermes quand des intérêts de ses électeurs étaient en jeu.
Le député Kyaviro se rendait fréquemment dans son bastion, à Beni, pour s’enquérir de la situation quotidienne de ses électeurs ; d’où une proximité continuelle avec les siens. Contrairement à ses collègues de l’hémicycle, Kyaviro, n’a jamais éprouvé de complexe en s’approchant de la classe sociale la plus négligée.
Opposant de carrière, Louis Ernest Kyaviro n’a jamais fait bon ménage avec le pouvoir de Kinshasa.
En vertu de son engagement aux côtés de ses compatriotes, le député Kyaviro a eu à déguster à la saveur amère des centres carcéraux de la RDC. En date du 22 janvier 2015, l’élu de Beni fut arrêté alors qu’il participait à une marche organisée par l’opposition pour faire barrage à une loi électorale qu’elle jugeait tendancieuse, et susceptible de retarder la tenue des élections.
« L’avocat du peuple », comme aimaient bien le nommer ses sympathisants, sera condamné pour incitation à la désobéissance civile et organisation d’une marche non-autorisée, en date 22 septembre 2015. Après un pénible séjour à la prison de Makala, Ernest Kyaviro sera libéré en Juin 2016, et rejoindra très vite la province du Nord-Kivu, et la ville de Goma où il fut accueilli en roi.
Après ce séjour tragique en prison, Kyaviro n’a pas laissé tomber son engagement pour le changement du système de gestion de la chose publique en RDC.
Toujours soucieux du bien-être de ses compatriotes, Kyaviro s’est rendu à Panzi [à Bukavu] en toute fin de l’année 2018 quand il apprenait que le Docteur Denis Mukwege venait de recevoir le Prix Nobel de la Paix. L’objectif de ce voyage était de discuter avec le Dr. Mukwege sur les mesures à mettre en place pour arrêter les massacres à Beni.
« Quand, j’ai appris que le Prix avait été décerné au Dr. Mukwege, j’ai glorifié le Seigneur parce que nous venions de recevoir un outil qui va nous permettre de hausser notre voix et dénoncer le calvaire que traverse la population de Beni», avait-il annoncé lors d’une assemblée des cadres de base du quartier Panzi, tenue à la Fondation Panzi, à laquelle il avait été convié.
Déjà dégoutté de la classe politique congolaise, qui visiblement privilégie ses propres intérêts à ceux du peuple, Kyaviro avait annoncé à ces assises qu’il n’envisageait plus poursuivre avec la politique alors que ses frères de Beni étaient vachement abattus.
Kyaviro était également engagé dans une campagne de conscientisation du peuple du Kivu à s’unir car estimant que le malheur que subissent les peuples de cette région minière n’est nullement fruit du hasard.
Parmi ses amis, on compte des jeunes, des vieux, et même des personnes désœuvrées. De par sa modestie, Kyaviro n’avait toujours pas de limite dans les audiences. Il recevait tout le monde, et s’entretenait avec tout le monde ; un parfait modèle d’homme d’Etat susceptible de servir de référence aux générations futures.
Jean-Louis Ernest Kyaviro fut élu député national pour le compte du RDC-KML, parti cher Mbusa Nyamwisi. Après une brillante carrière politique, l’ « avocat du peuple » a succombé à l’âge de 53 ans de suite d’une courte maladie.