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    L’homme Jean-Marc Kabund est-il prêt à défier les pronostics, en briguant la Présidence de la République ? Tout est inédit certes, mais rien de surprenant.

    En brouille avec le parti présidentiel depuis quelques mois, Jean-Marc Kabund-a-Kabund ne cesse plus d’afficher son acharnement contre son ancienne famille politique. Contre toute attente, l’enfant terrible de Kolwezi se positionne en premiers rangs parmi les plus farouches opposants du régime de Félix Tshisekedi. Vu son courage légendaire, plus aucun doute ne plane sur la volonté de Kabund à affronter son ancien boss aux prochaines échéances électorales.

    Pour s’être embrouillé avec l’entourage direct du Président de la République, Kabund s’est retrouvé dans un état d’inconfort au sein de l’UDPS. En janvier 2022, il a été radié du parti présidentiel, perdant ainsi tous les privilèges dont il jouissait grâce à ce parti.

    Calme et discret depuis lors, l’ancien feu foudroyant du parti du Sphinx de Limete a finalement ravivé son effervescence. Et cette fois, c’est contre son ancienne maison, l’UDPS. Kabund, qui vient à peine de créer son parti politique, affiche en gras ses ambitions de participer aux prochaines élections présidentielles.

    Dans un entretien qu’il a accordé au média français RFI, ce vendredi 22 juillet 2022, l’ancien président ad intérim de l’UDPS a soutenu que son parti alignera un candidat aux présidentielles de 2023, sans clairement mentionner son propre nom.

    Auteur d’une carrière exceptionnelle, Jean-Marc Kabund s’est trouvé à une dimension où personne ne l’attendait. Prendra-t-il le risque de viser plus haut, si l’on tient compte de son séjour au sommet des institutions du pays ?

    Autrefois secrétaire fédéral de l’Union pour la démocratie et le progrès social, dans la province du Katanga, Kabund a connu une ascension spectaculaire jusqu’à se retrouver au cœur du cercle restreint de direction du pays. Profitant d’une vague de débauchages et d’exclusions au sein du parti cher à feu Etienne Tshisekedi, Jean-Marc Kabund paraissait plus fidèle et plus tenace pour défier la loi de la méritocratie.

    Si en moins d’un quinquennat, Kabund-a-Kabund a titillé le sommet de sa carrière politique, il aura marqué les esprits des congolais par une série de sorties anodines, dont certaines frôlaient un amateurisme atypique. Se trouvant très vite hors de sa position de gloire, l’ancien cadre de l’UDPS n’est-il pas en train de déguster les fruits de son immaturation ?

    Peu de congolais ont oublié son ultimatum aux proches de Joseph Kabila, pourtant partenaires de sa famille politique à l’époque, à qui il reprochait d’obstruer les actions du président Tshisekedi.

    « Il y a une bande d’aventuriers, qui estiment qu’ils peuvent commencer à jouer, avec des jeux de mots, disant qu’ils peuvent bloquer FATSHI, je ne veux pas que demain, des gens apprennent à nager dans le Fleuve Congo », prévenait Kabund en novembre 2019. Par ces mots, comme l’ont estimé plusieurs analystes, Jean-Marc Kabund déclarait la guerre contre le Front commun pour le Congo ; chose qui lui valut plus tard la perte de son poste de 1er vice-président de l’Assemblée Nationale.

    Il reprendra son poste d’assistant principal du speaker de la chambre basse du Parlement, avant de le reperdre, cette fois pour ne plus le reprendre.

    Après tous les essais, concluants ou non, qu’il a effectués, il n’est pas exclu que Jean-Marc Kabund-a-Kabund s’essaie à la présidence de la République aux prochaines échéances électorales. Son échec paraît certain, sans doute, mais l’homme aura à se servir de ce pari, pour corser son influence à l’échelle nationale, pourquoi pas piéger des nouvelles alliances.

    Au vu de son différend actuel avec l’UDPS-Tshisekedi, l’ambition de Kabund n’est pas à assimiler à une bouffée de fumée volatile.

    John Achiza

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