Accès Humanitaire

    Le Conseil de l’Union européenne a décidé ce jeudi 8 décembre 2022, d’ajouter huit personnes à la liste des personnes faisant l’objet de mesures restrictives, en raison de la situation sécuritaire en RDC. Les mesures restrictives existantes ont été prorogées pour une durée d’un an.

    Parmi les huit personnes inscrites sur la liste figurent cinq membres de différents groupes armés (M23, ADF, Codeco, FDLR et Maï-Maï Yakutumba), ainsi qu’un membre de l’armée congolaise, un homme politique congolais et un homme d’affaires belge.

    La plupart d’entre eux sont responsables, selon l’UE, de commettre de graves violations des droits de l’homme et atteintes à ces droits, ainsi que d’entretenir le conflit armé en RDC.

    D’autres personnes, à l’instar de l’homme politique Justin Bitakwira, ont été inscrites sur la liste pour des raisons d’incitation à la violence et d’instrumentalisation du conflit. Dans ses discours, il aurait notamment incité à la violence contre la communauté Banyamulenge.

    Au total, 17 personnes font désormais l’objet de mesures restrictives de l’UE, qui ont été prorogées jusqu’au 12 décembre 2023. Elles consistent en une interdiction de pénétrer sur le territoire de l’UE et un gel des avoirs. En outre, il est interdit aux citoyens et aux entreprises de l’UE de mettre des fonds à la disposition des personnes inscrites sur la liste.

    « La décision prise aujourd’hui s’inscrit dans le cadre d’une approche intégrée de l’UE visant à soutenir les efforts déployés par les autorités de la RDC pour instaurer une paix durable et stabiliser la partie est du pays. Elle témoigne du rôle actif que l’UE joue en faveur de la région des Grands Lacs, en vue de contribuer à lutter contre les causes profondes de l’insécurité et de les transformer en possibilités pour les pays de la région et leurs populations,» note l’UE, dans une note consultée par Laprunellerdc.info.

    Voici les 8 personnes sanctionnées par l’UE et les raisons

    1. Ruvugayimikore Protogène, chef des Forces démocratiques de libération du Rwanda — Forces combattantes Abacunguzi (FDLR-FOCA).

    Selon l’union européenne, les FDLR-FOCA contribuent au conflit armé, à l’instabilité et à l’insécurité en RDC, notamment par des violences et de graves atteintes aux droits de l’homme, dont des attaques contre des civils, des assassinats, des violences contre des enfants, des viols et d’autres actes de violence sexuelle.

    «En raison de ses fonctions dirigeantes au sein des FDLR-FOCA, Ruvugayimikore Protogène contribue donc, en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme ou de graves atteintes à ces droits en RDC. Il est également responsable. d’entretenir le conflit armé, l’instabilité et l’insécurité en RDC,» note la décision.

    1. Meddie Nkalubo, haut dirigeant des Forces démocratiques alliées (ADF).

    Selon l’union européenne, Meddie Nkalubo est un haut dirigeant des Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe armé non gouvernemental opérant en Ouganda et dans l’est de la RDC. Il a été identifié comme assumant diverses responsabilités au sein des ADF, dont la communication, la propagande, le recrutement, la fabrication d’armes et le rapprochement avec l’EIIL (Daech).

    «Les ADF contribuent au conflit armé, à l’instabilité et à l’insécurité en RDC (en particulier dans les provinces d’Ituri et du Nord-Kivu), notamment par des violences et de graves atteintes aux droits de l’homme, dont des attaques contre des civils, des assassinats et des enlèvements,» note la décision.

    1. Justin Bitakwira, homme politique, ancien ministre national et président de l’Alliance pour la République et la conscience nationale

    Selon l’Union européenne, dans ses discours publics, il a, de manière répétée, « incité à la violence et encouragé la discrimination et l’hostilité » à l’égard de la communauté Banyamulenge, ciblée et attaquée par des groupes armés.

    «Ces discours et déclarations incendiaires contribuent à alimenter le conflit et la violence en RDC, en particulier dans la région des Hauts-Plateaux, caractérisée par des conflits intercommunautaires. Justin Bitakwira est donc responsable d’entretenir le conflit armé, l’instabilité et l’insécurité en RDC en incitant à la violence,» note la décision.

    1. Joseph Nganzo Olikwa Tipi, Colonel au sein des FARDC, commandant adjoint de la 12e brigade de réaction rapide à Minembwe, ancien commandant du 312e bataillon de la 31e brigade de défense principale

    Joseph Nganzo Olikwa Tipi était commandant du 312e bataillon de la 31e brigade de défense principale des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) jusqu’en janvier 2022.

    Selon l’union européenne, les forces du 312e bataillon placées sous son commandement et sa responsabilité ont perpétré des attaques contre des civils et commis de graves violations des droits de l’homme, en particulier des viols de femmes entre juin et décembre 2021.

    «Joseph Nganzo Olikwa Tipi reste un officier de haut rang au sein des FARDC, en tant que colonel et commandant adjoint de la 12e brigade de réaction rapide à Minembwe (Sud-Kivu). En raison de ses fonctions, il porte une responsabilité dans les récentes violations des droits de l’homme commises par les FARDC. Joseph Nganzo Olikwa Tipi contribue donc, en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme ou atteintes à ces droits en RDC,» indique la décision.

    1. Désiré Londroma Ndjukpa, chargé de défense du groupe CODECO-URDPC

    Désiré Londroma Ndjukpa est un dirigeant du groupe Coopérative pour le développement du Congo-Union des révolutionnaires pour la défense du peuple congolais (groupe CODECO-URDPC), identifié comme en étant le chargé de défense et coresponsable de la branche politique.

    «Le groupe Codeco-URDPC est un groupe armé non gouvernemental opérant dans l’est de la RDC et contribuant au conflit armé, à l’instabilité et à l’insécurité en RDC, notamment par des violences et de graves atteintes aux droits de l’homme, dont des assassinats, des violences sexuelles et des attaques contre des civils, telles que des attaques contre des camps de déplacés internes entre la mi-novembre 2021 et février 2022 ciblant en particulier la communauté Hema. En raison de ses fonctions dirigeantes au sein du groupe Codeco-URDPC, Londroma Ndjukpa contribue donc, en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme ou atteintes à ces droits en RDC,» note l’Union européenne.

    1. Willy Ngoma, Porte-parole du Mouvement du 23 mars/Armée révolutionnaire congolaise (M23/ARC)

    Willy Ngoma occupe une fonction dirigeante en tant que Porte-parole du Mouvement du 23 mars/Armée révolutionnaire congolaise (M23/ARC), un groupe armé non gouvernemental opérant dans l’est de la RDC.

    Selon l’Union européenne, le M23 contribue au conflit armé, à l’instabilité et à l’insécurité en RDC, notamment par des violences et de graves atteintes aux droits de l’homme, dont des assassinats, des attaques et des violences sexuelles contre des civils.

    «En raison de ses fonctions dirigeantes au sein du M23/ARC, Willy Ngoma contribue donc en les planifiant, dirigeant ou commettant, à des actes constituant de graves violations des droits de l’homme ou atteintes à ces droits en RDC. Il est également responsable d’entretenir le conflit armé, l’instabilité et l’insécurité en RDC,» note la décision.

    1. William Yakutumba, Chef de la Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC), fondateur et dirigeant de la milice Maï-Maï Yakatumba

    William Yakutumba est le Secrétaire général et le commandant de la Coalition nationale du peuple pour la souveraineté du Congo (CNPSC), une coalition de milices Maï-Maï dans la province du Sud-Kivu de la RDC. Il est le fondateur et le dirigeant d’une des plus grandes milices de cette coalition, les Maï-Maï Yakutumba.

    «Les Maï-Mai Yakutumba contribuent au conflit armé, à l’instabilité et à l’insécurité en RDC, notamment par des violences et de graves atteintes aux droits de l’homme, y compris des massacres de la population de villages, des attaques contre des civils, des viols et d’autres actes de violence sexuelle. Les Maï-Mai Yakutumba contrôlent également des mines d’or dans l’est de la RDC, de concert avec la CNSPC. Ils tirent profit de l’exploitation et du commerce illicites de l’or. Les Maï-Mai Yakutumba utilisent les bénéfices tirés de ce commerce pour financer leurs activités armées,» note l’Union européenne.

    1. Alain François, homme d’affaires belge, bénéficiaire effectif et ancien directeur de la société African Gold Refinery Ltd, enregistrée en Ouganda.

    Selon l’UE, depuis 2016, African Gold Refinery Ltd a reçu, acheté, raffiné et commercialisé de l’or illicite provenant de mines en RDC contrôlées par des groupes armés non gouvernementaux, dont les Maï-Maï Yakutumba et les Raïa Mutomboki, qui sont impliqués dans des activités de déstabilisation dans la province du Sud-Kivu.

    Alain Goetz est donc également sanctionné pour le fait qu’il tire donc profit du conflit armé, de l’instabilité ou de l’insécurité en RDC, selon l’Union européenne, en se livrant à l’exploitation et au commerce illicites de ressources naturelles.

    Le Conseil de l’Union européenne indique qu’il continuera de suivre de près la situation en RDC, et pourrait envisager d’autres mesures restrictives en fonction de l’évolution de la situation.

    Museza Cikuru

    Share.

    3 commentaires

    1. Pingback: Bitakwira réagit aux sanctions de l’UE: «Je n’ai jamais pris les armes, ni tué même un rat»

    2. Pingback: Uvira : Journée ville morte pour contester les sanctions l’UE contre Bitakwira et Yakutumba

    3. Pingback: RDC : les USA sanctionnent à leur tour Yakutumba, Makanika et Willy Ngoma - La Prunelle RDC

    Leave A Reply

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.