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    Le président de la République, Félix Tshisekedi, avait lancé lors de sa prise de fonction la gratuité de l’enseignement de base sur l’ensemble du pays. Une mesure phare qui  allait être le plus grand chantier de son quinquennat.

    Si la gratuité de l’enseignement de base a réjouit des familles de milliers de congolais pour lesquelles la scolarisation des enfants était devenu une source d’appauvrissement, elle a privé des millions de dollars aux institutions et personnalités qui s’étaient enrichies sur le dos des pauvres parents.

    Une lutte s’est alors ouverte entre des gestionnaires d’écoles et le gouvernement en place. Ce dernier s’étant imposé tout a semblé rentrer dans l’ordre et les élèves pouvaient alors étudier gratuitement pour le plaisir des parents.

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    La joie n’aura été que de courte durée. Une année plus tard, des failles commencent à se faire observer dans le système et comme des ballons d’essai, certains gestionnaires commencent clandestinement à faire payer les frais de scolarité.

    Le silence des autorités à tous les niveaux  encouragera alors les gestionnaires d’écoles de sortir de la perception clandestine vers une perception ouverte. Des parents désemparés vont dénoncer cette façon de faire et se heurteront sur le mur de silence des autorités de la place.

    Comme s’est étonné Modeste Mulemangabo qui ne comprend pas comment un « simple » Directeur d’école primaire peut violer une décision présidentielle au vu et au su de tout le monde. « Il faut y voir une complicité », dit-il.

    Des difficultés évoquées

    Déjà dans le premier trimestre de la mise en application de cette mesure de gratuité, des enseignants sont montés au créneau pour exiger la prise en charge des enseignants non payés et des nouvelles unités.

    Des solutions vite trouvées pour la première catégorie mais des promesses non tenues pour la seconde, comme le dénonce toujours le Syndicat des Enseignants Catholique du Sud-Kivu. Et des grèves seront annoncées dans toute la province.

    Le Coronavirus a également affecté le secteur de l’enseignement, ce qui servi d’alibi pour les dirigeants du pays pour expliquer certaines défaillances dans le secteur.

    Mais les syndicats dénoncent par contre la gestion dans ce secteur où un rapport de l’Inspection Générale des Finances avait dénoncé la présence de plusieurs milliers d’écoles fictives et qui servaient au détournement de l’argent public.

    Une situation qui a conduit le Banque Mondiale à geler le fond destiné au financement de la gratuité en RDC. Depuis, plus de mille écoles ont été fermées mais la situation ne cesse de se dégrader. L’Intersyndical des enseignants du Congo a d’ailleurs dénoncé le non-payement des frais de fonctionnement depuis quelques temps. Le gouvernement a décidé de payer ces frais après l’annonce de la grève par l’intersyndical.

    De l’impréparation au laisser-faire

    « Le président de la République nous a roulé dans la farine », crie une mère qui a vu ses enfants être renvoyés pour non payement des frais de scolarité. « Ça m’étonnerai que ça tienne », dit par contre son mari qui dit que c’était trop beau pour y croire.

    Certaines personnes interprètent le silence des autorités comme une preuve de complicité entre elles et les gestionnaires. « Ceci s’explique par le fait que l’annonce de la gratuité était une décision politique pour un chef de l’État qui devrait se faire accepter par la population après une élection contestée par le camp de Fayulu », pense savoir un habitant de Bukavu.

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    Ce qui dénote de l’impréparation dans la prise de décision avec des conséquences sur son exécution. En considérant l’interprétation des habitants de la ville qui pensent que le Président de la République qui ne sait pas répondre aux besoins des enseignants, préfère laisser faire par peur de voir les enseignants lui tendre la main.

    Ainsi la gratuite de l’enseignement tombe dans les multitudes des promesses faites par le Chef de l’État et qui ne sont jamais tenues. Une « grosse arnaque » pour toutes ces familles qui avaient cru au changement et à la parole du Président de la République?.

    Thomas Uzima

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