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    Toujours pas de Gouvernement en RD Congo, après rupture en décembre 2020, de l’ancienne coalition FCC-CACH, autrefois au sommet de l’Etat. Malgré la nomination le 15 février dernier, de Jean-Michel Sama Lukonde au poste de Premier ministre, la fameuse « fumée blanche » tarde à échapper des cheminées de la Cité de l’Union africaine. Les divergences de plus en plus persistantes entre les sociétaires de la nouvelle majorité parlementaire, sur le partage de postes ministériels, seraient à la base de ces atermoiements, ô combien préjudiciables.

    La conséquence de ce désaccord entre la famille politique du Président Félix Tshisekedi et ses nombreux nouveaux alliés, est qu’on a perdu les trois premiers mois de l’année en cours. Un trimestre de perdu, sans Gouvernement ! Entretemps, le pays semble à l’arrêt. Il n’en serait donc pas autrement, quand on sait que le rôle de l’Exécutif national est de gérer le pays au quotidien. Ce qui n’est pas le cas en RD Congo depuis quelque six mois. Soit, un semestre.

    En réalité, c’est depuis le mois, d’octobre 2020 que le nec plus ultra de l’appareil d’Etat congolais a cessé de fonctionner normalement. Il faut rappeler que le Gouvernement, au sens plein du terme, avait cessé d’exister plus d’un mois plus tôt, avant le divorce FCC-CACH, officiellement annoncé par le Président Félix Tshisekedi en décembre dernier. Tout est parti du refus des parlementaires et ministres FCC, de participer à la cérémonie de prestation de serment de trois nouveaux juges de la Haute cour, présidée personnellement par le successeur de Joseph Kabila, le 21 octobre dans la salle des Congrès du Palais du peuple.

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    Considérant ce boycott de ses partenaires d’alors comme une humiliation, Félix Tshsiekedi, très en colère, avait décidé le même mercredi dans la soirée, via un communiqué de son cabinet, de la suspension jusqu’à nouvel ordre, de toutes les réunions du Conseil des ministres. Depuis, les membres du Gouvernement central ne se sont plus jamais réunis autour du Chef de l’Etat, très en froid avec son Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Le même climat de méfiance s’observe davantage encore à ce jour où un nouveau Chef du Gouvernement a été nommé depuis La seconde moitié du mois de février dernier.

    Fatshi bloqué ?

    Quand il dissout la coalition FCC-CACH, le mobile politique pour Félix Tshisekedi a été celui de rendre beaucoup plus fluide, la marche de l’appareil d’Etat. Car, selon lui, l famille politique de l’ancien président Joseph Kabila ne jouait pas franc jeu et lui mettait les bâtions dans les roues. D’où, la nécessité de faire basculer la majorité parlementaire, peu importe le prix à payer. L’objectif ultime pour le Chef de l’Etat étant d’avoir une majorité de recomposition qui lui fasse allégeance.

    Ainsi, depuis le mois de décembre dernier, Félix Tshisekedi a beau jeu. Premier acte : divorce d’avec le FCC. Acte 2 : déchéance, le jeudi 10 décembre, de tout le bureau de l’Assemblée nationale dirigé par le FCC Jeanine Mabunda. Le troisième acte du triomphe du Président Félix Tshisekedi est la chute, par motion de défiance, du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba, le 27 janvier dernier. La série s’est poursuivie avec le détrônement des six membres du bureau du Sénat, le 5 février de l’année en cours. Dans l’esprit de nouveaux alliés de Félix Tshisekedi, il était donc question de jeter le bébé avec l’eau du bain !

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    A la faveur de cette dynamique au Parlement, le Chef de l’Etat est resté le seul maître à bord. Dès lors, nombreux sont des Congolais qui avaient cru qu’après le déboulonnement du camp de Joseph Kabila, plus rien ne devrait empêcher le Président Félix Tshisekedi, de travailler normalement, dans la mesure où le « sorcier » FCC a été vaincu.

    Cependant, il se trouve à ce jour que les mêmes personnes qui avaient aidé le président Félix Tshisekedi à « démanteler » le régime de son prédécesseur, s’érigent à leur tour en facteur de blocage. Tous réclament des dividendes politiques au prorata de leur apport dans le « combat » contre le FCC. Au bas mot, chacun réclame un poste ministériel. Qui donc prendre ? Vu des analystes, le Chef de l’Etat se trouve dans une situation assez délicate et même embarrassante de gestion des ambitions de ses nouveaux partenaires. Sinon, on ne comprend pas que trois mois après, l’on soit incapable de doter le pays d’un nouvel Exécutif.

    A QUAND LE DEBUT DU TRAVAIL ANNONCE ?

    Dans son message annuel sur l’état de la nation, devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès en décembre dernier, le Président Félix Tshisekedi avait déclaré, dans toutes les quatre langues nationales, que le travail vient de commencer. Ce, après avoir annoncé le divorce, sans aucune possibilité de recours, d’avec le FCC.

    A ce jour, les Congolais sont en droit de faire le bilan de cette grande déclaration de leur Raïs. La question est donc celle de savoir si le travail annoncé a effectivement commencé. Trois mois après, qu’a-t-on fait de plus concret ? Exit tout fanatisme politique béat, il semble que le verre est encore vide. Pour ne pas dire que la moisson est bien maigre. Qu’est-ce qui bloque alors, quand on sait que le FCC accusé de blocage, n’est plus aux affaires ? Poser la question c’est à la fois y répondre, jugeait Albert Camus.

    Toujours est -il que le temps n’est pas le meilleur allié de l’actuel chef de l’Etat congolais, du moment que l’opinion nationale a entamé le compte à rebours pour l’horizon 2023. Peu importe la pertinence des prétextes ou des raisons avancées, rien ne saurait justifier le retard dans la formation du Gouvernement. Jusqu’où irait donc l’impasse ? Pendant combien de temps les Congolais devront-ils encore prendre leur mal en patience ?

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    Tout bien considéré, plus d’un observateur estiment que seul le Président Félix Tshisekedi détient la clef du déblocage. En d’autres termes, au cas où il se trouverait devant une situation difficile d’arbitrage, il lui appartient de trancher.

    Car, même si le Gouvernement Sama Lukonde sortait dans les tout prochains jours, il devrait se donner un temps pour prendre ses marques. Rien d’étonnant dans un pays où le principe sacro saint de continuité du pouvoir de l’Etat n’est pas dans l’ADN des acteurs politiques. Dans ces conditions, il ne serait pas surprenant de constater que l’on perde encore un ou deux mois, en plus du premier trimestre sacrifié sur l’autel de la boulimie du pouvoir des sociétaires de l’Union sacrée de la nation.

    Forum des As / via Mediacongo.net

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