Accès Humanitaire

    A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célébrée ce mardi 3 mai 2022, l’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée a dénoncé l’impunité qui continue de persister autour des cas de violation de la liberté de la presse, qui sont de plus en plus fréquents en RDC. Depuis le début de l’année, soit en seulement 4 mois, PPI dit avoir déjà enregistré 18 cas des violations à l’égard de la liberté de la presse, dont 99% demeurent jusqu’ici impunis.

    Communiqué

    Pendant que l’humanité célèbre la 29ème journée mondiale de la liberté de la presse, l’organisation de défense des droits humains, Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI), regrette de constater que la République Démocratique du Congo demeure l’un de très mauvais élèves au regard des graves violations envers la liberté de la presse qu’elle continue à enregistrer dans toutes les provinces du pays. 

    Pire encore, d’après le classement mondial de Reporter Sans Frontière, la RDC occupe présentement la 149ème position sur 180 pays au monde, considérés comme les plus dangereux et à haut risque pour les journalistes.

    Et au lieu d’améliorer la situation, l’on remarque que du 1er janvier au 02 mai 2022, PPI a déjà documenté « 18 cas des violations à l’égard de la liberté de la presse » sur toute l’étendue de la République, dont plus de 99% de ces cas demeurent dans l’impunité totale, autant que pour des milliers d’autres précédents.

    Succinctement, le tableau de monitoring de ces violations se présente de la manière suivante :

    1. Province du Sud-Kivu : 5 cas dont un meurtre :
      • Charline KITOKO de Vision Shala en territoire de Kamituga, tuée par son mari Destin MTU’UNGI le 05 janvier 2022 pour avoir pris part à la cérémonie d’échange des vœux organisée par sa radio le 03 janvier 2022 ;
      • Jafar BIENVENUE de la radio communautaire de Fizi, attaqué chez lui le 03 février 2022 dans le territoire de Fizi ;
      • Judith ASINA de la Radio Svein, mise en état d’arrestation par l’Agence Nationale de Renseignements (ANR/Sud-Kivu), de 13h à 17h30, le 17 mars 2022 ;
      • Innocent MUHALA de la radio Mutula de Luvungi vivant sous menaces des groupes armés et lui exigeant 200$ pour qu’il ne soit pas tué ;
      • Bany KAGUKU, correspondant de Radio Maendeleo dans la chefferie de Kaziba, arrêté par les FARDC le 10 avril 2022 et relâché le 11 avril 2022.
    2. Province du Nord-Kivu : 2 cas dont :
      • Samuel Sirasi de La Voix de l’Université Officielle de Semuliki de Beni en province du Nord-Kivu et correspondant de la Radio-Télévision Victoire Horizon (RTVH), il a été enlevé le mardi 04 janvier 2022, dans la ville de Goma, où il était pour petit séjour, et ramassé le 08 janvier 2022, dans un état de santé critique. Malheureusement, en date du 22 avril 2022, il a été retrouvé mort pendu sur un arbre dans un champ à Mabasimba, après quelques jours sans ses nouvelles ;
      • Julienne Muhima de la Radio de l’Université de Graben à Butembo, attaquée chez elle la nuit du 26 janvier 2022 par des hommes armés non autrement identifiés.
    3. Province du Maniema : 1 cas.
      • Il s’agit du journaliste d’investigation Daniel KAZUZA sous menace d’arrestation par le commissariat urbain de la police nationale congolaise à Kindu qui lui a décerné un mandat d’amener le 23 avril 2022.

    4. Province de l’Ituri : 2 cas dont :

      • Nickson Manzeleke de la Radio-Télévision Mont Bleu (RTMB) de Bunia, agressé par des militaires le 18 janvier 2022 ;
      • Sharif BITHUM de la Radio Canal Révélation de Bunia et correspondant de Tazama RDC agressé par les militaires et policiers le 16 avril 2022;
    1.  5. Province de la Tshopo : 1 cas.
    2. Il s’agit de Justine Lifimbo de la Radio Télé Bondeko d’Isangi (RTBI), arrêtée et tabassée par des éléments de la police nationale congolaise (PNC) dans la matinée de jeudi 20 janvier 2022.             
    1. Province de la Mongala : 4 cas dont :
      • Interruption de l’émissions « Question d’actualité » de la Radio Mwana Mboka, émettant depuis la ville de Lisala par le colonel Antoine Masirika, commissaire provincial intérimaire de la police nationale congolaise de Mongala, sur ordre verbal du gouverneur de province, Monsieur Serge Mungulu ;
      • Dieu AGBA, Patrick et Albert MOHILA, tous journalistes de la Radio Mwana Mboka, arrêtés depuis le 22 avril 2022 sur base d’un mandat d’amener leur décerné par le magistrat ATATU ATATO du parquet près le tribunal de paix de Bumba.
    2. Province de l’Equateur : 1 cas.

    Il s’agit de la fermeture prolongée de la radio-télé Sarah, émettant depuis la ville de Mbandaka. Fermée depuis le 15 novembre 2021 pour une durée de 60 jours, le Gouverneur Bobo Boloko de l’Equateur, a, en date du 14 janvier 2022, pris la décision de prolonger jusqu’à nouvel ordre la fermeture de la Radio-Télévision Sarah.

    8. Province de Lomami : 1 cas.

    Il s’agit de la coupure par les autorités provinciales en date du 03 février 2022 du signal de la Radio Tokomi wapi, émettant à partir de Kabinda.

    L’organisation Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) condamne avec la dernière énergie ces actes et demande aux autorités de se mettre devant leurs responsabilités, entendu que le « journalisme n’est pas un crime », pour que l’image du pays demeure ternie suite aux violations régulièrement enregistrées envers les médias et journalistes.

    Ainsi, Partenariat pour la Protection Intégrée (PPI) recommande pour la énième fois :

    • Au Président de la République de : Rendre professionnelles la police, l’armée et les l’ANR telles que promis lors de son investiture comme Président de la République le 24 janvier 2019, afin que cessent toutes les menaces, bavures et comportement mal saint de la plupart des éléments de ces services au nom de la promotion et de la jouissance des droits universellement garantis ;
    • Aux députés nationaux : de voter la loi sur la dépénalisation des délits de presse et la loi portant protection des DDH en République Démocratique du Congo afin que les journalistes et les DDH en général soient à l’abri des violations de leurs droits ;
    • Aux services de sécurité (justice, police, armée, ANR, etc.): de garantir la sécurité aux journalistes dans l’exercice de leur travail.
    • Au Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et de la Communication (CSAC) de se prononcer sur la fermeture de la Radio-Télé Sarah de Mbandaka en province de l’Equateur et aux instances judiciaires compétentes de lever, sans délai, la mesure de suspension politiquement motivée par le Gouverneur de Province.
    • Aux autorités provinciales du Sud-Kivu : de garantir se rappeler que cette province est la première en RDC, disposant d’un Edit portant protection des défenseurs des droits humains et des journalistes dans l’exercice de leur travail ;
    • Aux autorités provinciales de la Mongala : de libérer immédiatement et sans conditions les 3 journalistes de la radio Mwana Mboka qui continuent à croupir injustement en prison ;
    • Aux autorités politico-administratives et militaires du Nord-Kivu et de l’Ituru de : comprendre que l’état de siège n’est pas synonyme des violations de la liberté de la presse et s’impliquer activement pour leur sécurité en cette période exceptionnelle.

    Pour PPI
    Me Pascal Mupenda
    Directeur des Programmes – RDC

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